Titre original: | Lily |
Réalisateur: | Matt Creed |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 85 minutes |
Date: | 00 2013 |
Note: |
Lily voit enfin le bout du tunnel de son traitement contre un cancer du sein. Dans peu de temps, elle pourra reprendre une vie normale, auprès de son compagnon plus âgé Aaron, de ses deux beaux-fils, et de sa mère, soulagée que sa fille ait également vaincu la maladie. Seul son père, qu’elle ne fréquente plus depuis des années est ignorant de sa situation. Pendant qu’elle cherche un travail dans le monde concurrentiel des galeries d’art de New York, Lily se demande si elle devrait renouer le contact avec lui.
Parmi les différents stades de la maladie, celui de la rémission est probablement le moins exploité au cinéma. Quel intérêt dramatique en effet à montrer que tout va pour le mieux et que la victoire sur l’état de faiblesse et le retour de la santé ne sont plus qu’une question de temps ? Le premier film du réalisateur Matt Creed contourne astucieusement ce dilemme en s’adonnant au portrait intimiste d’une femme qui doit réapprendre à vivre normalement. L’histoire de Lily est celle de son actrice principale Amy Grantham, une survivante du cancer qui apparaissait toute pimpante sur la scène du C.I.D. pour présenter le film, mais qui montre avec une grande pudeur à l’écran les séquelles sérieuses que le traitement agressif lui a laissées.
Or, le mode opératoire de ce film subtilement touchant n’est pas de montrer crûment, et encore moins de choquer ou de susciter des émotions faciles, mais de faire ressentir à quel point il est difficile de refermer la parenthèse de la maladie. Lily ne se trouve pas à proprement parler dans la misère au terme de ses séances de radiothérapie : son compagnon aux traits paternels continue de l’aimer, sa mère avec son caractère très froid sait ce qu’elle a enduré parce qu’elle avait souffert de la même maladie que sa fille, et même les doutes sur une progéniture potentielle ont été écartés par une procédure médicale préventive. La deuxième chance d’une vie nouvelle doit cependant se reconstruire à partir des vestiges de la vie ancienne : des amis que le personnage principal n’a pas vu depuis des lustres, des contacts professionnels au lourd bagage des échecs artistiques passés, et surtout un lien extrêmement ténu avec son père fort distant.
Lily devra effectivement s’accrocher pour reprendre pied dans une vie active, qui ne sera désormais plus rythmée par ses visites à l’hôpital. L’intensité de son acharnement guerrier contre la maladie peine par contre à trouver un équivalent dans la vie « civile », toujours aussi énigmatique aux yeux de cette rêveuse en sursis. Heureusement, la narration n’épouse que sporadiquement le tempérament détaché de Lily, pour mieux tenir compte, sans fanfare mais avec un aplomb presque aéré, du sort édifiant de ces survivants d’une saloperie de maladie, contre laquelle la science médicale est à peu de choses près impuissante.
Vu le 4 septembre 2013, au C.I.D., Deauville, en VO
Note de Tootpadu:
Un festival de cinéma est avant tout un tremplin pour certains jeunes réalisateurs et scénaristes. Certes, les premiers films sont pour la plupart pas exempt de défauts et très rares sont les films pouvant concurrencer les productions traditionnelles issues des grands studios. Le premier film de Matt Creed dont il est aussi le coscénariste et l’un des producteurs nous présente une femme Lily (Amy Grantham coscénariste dont le scénario est en partie autobiographique) dont le traitement de son cancer arrive à terme.
Le principal souci de ce premier film est que malgré l’interprétation brillante de Amy Grantham, le film s’étire au maximum et n’arrive pas réellement à nous captiver. Le scénario aurait été mieux exploité sous la forme d’un court métrage car son absence de scènes fortes et sa volonté de coller trop à la réalité en fait finalement une œuvre banale. Certes le cancer est une maladie grave mais ne peut pas servir d’unique prétexte pour bâtir les fondations solides d’un film. De la même manière, un film se doit d’avoir sa propre réalité et ne pas être une simple redite de faits relatés.
Malgré ses imperfections et son manque de rythme évident, le film se regarde surtout grâce à son interprète principale dont le film s’inspire. Revivre une seconde fois sa maladie n’a pas dû être facile pour son interprète mais c’ est surtout un moyen de l’exorciser définitivement. Ce film ne capte donc que la dernière phase du traitement du cancer et ainsi évite les moments forts qui auraient pu donner à ce film toute sa force. Le personnage de Lily ayant réussi à vaincre sa maladie se verra par la même revoir sa raison d’être et devra ainsi faire table rase du passé pour se reconstruire physiquement et psychologiquement.
Ce film n’a pas été parmi nos préférés de la compétition officielle de ce festival du cinéma américain à Deauville.
Vu le 4 septembre 2013, au C.I.D., Deauville, en VO
Note de Mulder: