Titre original: | World War Z |
Réalisateur: | Marc Forster |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 116 minutes |
Date: | 03 juillet 2013 |
Note: |
Depuis quelques jours, une épidémie étrange, qui s’apparente à la rage, se répand d’une façon inquiétante à travers la planète. Certains pays ont fermé leurs frontières, afin d’endiguer la pandémie. Alors que Gerry Lane, ancien enquêteur auprès des Nations Unies, conduit sa famille en voiture à Philadelphie, le centre-ville bascule soudainement dans le chaos le plus total. Lane et les siens s’en sortent de justesse. Ils sont rapatriés sur un porte-avion en plein océan atlantique, d’où l’état-major américain cherche fiévreusement à monter une riposte contre l’épidémie qui affecte presque le continent tout entier. Lane s’y voit obligé d’accepter une mission périlleuse, s’il ne veut pas que sa femme et ses enfants soient évacués du bateau.
En digne successeur du producteur Irwin Allen, le roi des films catastrophe des années 1970, le réalisateur Roland Emmerich cherche avec chaque nouveau film à mettre l’humanité toute entière face à des obstacles insurmontables. Que ce soit l’invasion d’extra-terrestres, le changement climatique ou l’avènement de la prophétie apocalyptique, caduque depuis l’année dernière, Emmerich ne lésine pas sur les moyens pour nous inspirer une panique viscérale. Dommage alors que ses talents cinématographiques valent à peine mieux que ceux de son confrère Michael Bay et qu’on reste donc toujours un peu sur notre faim, après avoir subi ses spectacles tonitruants de destruction massive. Rassurez-vous, nous ne nous sommes point trompés de film, puisque nous sommes tout à fait conscients que World War Z n’a rien à voir avec Roland Emmerich, si ce n’est que Marc Forster et lui sont tous les deux originaires du sud de l’Allemagne. Cette préambule se justifie toutefois, parce que ce film-ci est en quelque sorte l’aboutissement de la démarche de Emmerich, c’est-à-dire un film qui sait provoquer chez nous un sentiment d’urgence intense, à partir d’une situation qui conduira le monde tel que nous le connaissons à sa perte.
Les dispositifs employés pendant la première partie du film ont beau être classiques, comme la montée de l’inquiétude dans la voiture coincée dans les bouchons, alors que les infos passées pendant le générique laissent déjà craindre le pire, ils ne sont pas moins efficaces pour nous tenir en haleine. La déroute de la société, qui se manifeste par une alternance déstabilisante entre la barbarie et la solidarité, y est décrite d’une façon poignante. Les derniers rescapés de l’humanité ont dû se réfugier sur une flottille misérable au large des côtes, depuis laquelle ils cherchent désespérément à trouver une réponse rassurante à ce dérèglement majeur. L’impuissance de l’individu, une fois que les repères d’une routine de vie sont abolis, deviendrait presque déprimante dans le contexte d’une désintégration sociale si complète.
Heureusement, le vieil héroïsme à l’américaine prend les choses en main pendant la deuxième moitié du film. Mais là encore, la narration se permet quelques entourloupes au règlement, des clins d’œil ironiques qui finiront par avoir raison de la réticence du personnage principal de reprendre du service. Aux louanges sans retenue des valeurs familiales, la motivation principale du héros pour faire un tour du monde chahuté en temps de crise, répond ainsi une carte géopolitique des idéologies assez curieuse. Comment faut-il comprendre en effet, dans notre époque du glissement imperceptible de la menace qui, après le manichéisme confortable de la Guerre froide, cherche l’ennemi dans la nébuleuse terroriste, qu’une bombe atomique explose par accident aux alentours de l’Iran et que le havre de paix provisoire soit un état d’Israël armé jusqu’aux dents et sectaire ? Contrairement à la philosophie la plus tendancieuse du cinéma hollywoodien, les propos de ce film-ci sont régulièrement contrebalancés par une mise en abîme de ces certitudes de manipulation, ouvrant la voie à un métissage des influences et des races qui pourrait, à lui seul, venir à bout de la menace.
En somme, ceci est le genre de divertissement faussement alarmant, mais diablement efficace, que Roland Emmerich rêve de réaliser depuis près de vingt ans. Qu’un réalisateur dépourvu de style personnel comme Marc Forster lui ait volé la vedette n’est que justice dans l’univers des superproductions américaines qui se suivent et se ressemblent, sans atteindre un niveau plus sophistiqué que celui du reflet de la peur collective de l’anéantissement de l’humanité par un fléau aussi aberrant que les zombies.
Vu le 3 juin 2013, à l’UGC Normandie, Salle 1, en VO
Note de Tootpadu:
Marc Forster après avoir réalisé d’excellents films intimistes (A l’ombre de la haine, Neverland, Stay, les Cerfs volants de Kaboul) s’oriente dorénavant vers un cinéma plus commercial mais malheureusement très décevant (Quantum of Solace, l’inédit en salle Machine gun). World War Z est pourtant avant tout un excellent livre de Max Brooks composé de plusieurs témoignages de personnes infectées. La forme de ce livre ne pouvait pas convenir à une adaptation cinématographique. De ce fait, l'équipe du film a choisi de prendre uniquement en compte le point de vue de Gerry Lane, ancien employé des Nations Unies. La bande annonce annonçait un grand film d’horreur à échelle mondiale. Les dix minutes que nous avons découverts le 23 avril étaient excellentes et il nous tardait de découvrir ce film d’horreur.
Le scénario est d’une grande efficacité sur le papier. En effet, un jour comme les autres, Gerry Lane (Brad Pitt) et sa famille se retrouvent coincés dans un embouteillage monstre sur leur trajet quotidien. Ancien enquêteur des Nations Unies, Lane comprend immédiatement que la situation est inhabituelle. Tandis que les hélicoptères de la police sillonnent le ciel et que les motards quadrillent les rues, la ville bascule dans le chaos. Les gens s’en prennent violemment les uns aux autres et un virus mortel semble se propager. Les êtres les plus pacifiques deviennent de redoutables ennemis. Or, les origines du fléau demeurent inconnues et le nombre de personnes infectées s’accroît tous les jours de manière exponentielle : on parle désormais de pandémie. Lorsque des hordes d’humains contaminés écrasent les armées de la planète et renversent les gouvernements les uns après les autres, Lane n’a d’autre choix que de reprendre du service pour protéger sa famille : il s’engage alors dans une quête effrénée à travers le monde pour identifier l’origine de cette menace et trouver un moyen d’enrayer sa propagation.
Brad Pitt vs des Zombies, Paramount Pictures aurait pu tenir là leur blockbuster de l’année mais après l’avoir découvert et malgré quelques scènes très efficaces, le film n’arrive pas à nous convaincre. Malgré un excellent démarrage, la fin du film est un peu bâclée. On sent bien que le tournage a été des plus compliqués : tension, changement de scénaristes, ajouts de nouvelles scènes, effets spéciaux ratés. Cela a provoqué un retard de sortie important. En effet, le film devait sortir en décembre 2012 et finalement sortira le 3 juillet 2013 en France et est sorti le 21 juin aux Etats-Unis. Le film aurait gagné à être plus court car autant certaines séquences sont excellentes autant entre celles-ci, le peu d’action voire d’évolution nuit au climax du film. Nous sentons bien que les producteurs dont Brad Pitt ont voulu gommer toutes scènes trop violentes pour en faire un film tout public et cela nuit grandement . En effet, un film de zombies sur la contagion se doit d’avoir des scènes violentes exprimant le danger. Certaines scènes du film d’invasion sont en effet assez oppressantes (comme celles de l’avion, de la rue, de l’aéroport) mais ils leur manquent la violence contenue dans le film de Zack Snyder L’armée de morts.
Vu le 15 juin 2013 au Gaumont Champs Elysées Marignan, Salle 01, en VO
Note de Mulder: