
Titre original: | Dark skies |
Réalisateur: | Scott Stewart |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 97 minutes |
Date: | 26 juin 2013 |
Note: | |
En dépit de quelques difficultés financières, la famille Barrett mène une vie paisible dans son quartier résidentiel. Pendant que le père Daniel est à la recherche d’un nouvel emploi comme architecte, sa femme Lacy assure le style de vie confortable des siens grâce à son travail d’agent immobilier. Leurs deux fils, Jesse, en pleine crise d’adolescence, et Sam, vivent tant bien que mal cette période un peu tendue. Jusqu’au jour où d’étranges événements dans la maison mettent la tranquillité familiale sens dessus dessous. Chaque nuit, une force mystérieuse fait irruption dans le foyer des Barrett. Elle y cause des perturbations plus ou moins graves, qui ne peuvent pas être expliquées d’une façon rassurante.
Critique de Tootpadu
Quelque chose ne tourne pas rond dans le paradis préservé de la banlieue américaine. Tout y est propre et bien entretenu, les enfants s’y épanouissent librement, et les personnes âgées regardent la télé d’un air satisfait, comme si elles ne pouvaient plus aspirer à une forme de divertissement plus sophistiquée dans un cadre si joliment aseptisé. Or, c’est une maladie sociale bien plus pernicieuse que des pratiques sexuelles déviantes ou des envies meurtrières qui s’y est immiscée : le chômage et la perte de domicile qu’il peut entraîner à moyen terme. Les façades des belles baraques, qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, arborent ainsi, par ci et par là, donc pas encore de façon systématique mais assez pour rompre le charme innocent de l’ensemble, ces vilaines pancartes de saisie ou de vente forcée. La crise économique, que l’idéalisme du rêve américain subit de plein fouet dans la vraie vie depuis cinq ans, est enfin arrivée jusque dans la fiction. Elle n’y occupe guère une place prépondérante. Mais elle fait désormais partie des préoccupations familiales au même titre que le besoin inhérent au modèle de préserver sa cohésion ou la lutte acharnée pour la survie qui passe par l’affrontement d’une menace entièrement étrangère.
Bien que les apparences soient contre lui, le troisième film du réalisateur Scott Stewart n’est pas tout à fait un film d’horreur comme les autres. Il suit certes la formule de l’épouvante, qui s’articulait autrefois à travers des bruits curieux et des mouvements effrayants la nuit, les signes d’une force de suggestion que nous avons perdu au plus tard depuis le phénomène Paranormal Activity et sa manie d’enregistrer même les apparitions les plus hallucinantes et inexplicables. Mais en même temps, Dark skies se permet bon nombre de digressions, qui enrichissent le récit au lieu de l’écarteler. En dehors du volet social, qui nous est toujours aussi cher, le scénario procède à un affinement des personnages, qui conduit curieusement à leur banalisation. C’est toutefois d’une plus grande facilité d’accès au sort de cette famille très ordinaire qu’il est question ici, et non pas de leur manque d’intérêt pour les suivre dans leur périple contre des visiteurs maléfiques. Quant à ces derniers, la mise en scène laisse assez longtemps planer le doute sur leurs véritables intentions, en guise d’hommage à Steven Spielberg et son regard nullement manichéen sur ces créatures venues d’un autre monde.
Un mélange plutôt adroit entre des moments de frayeur classiques et une approche presque réaliste du bonheur en banlieue qui s’effrite, ce film ne révolutionne pas le genre de l’horreur. Il sait cependant brouiller suffisamment les pistes pour ne pas apparaître comme une copie paresseuse de ces contes du mal qui déjoue tous les moyens de surveillance censés nous donner l’illusion de la sécurité, qui pullulent sur nos écrans en ce moment.
Vu le 29 mai 2013, à la Salle Pathé Lincoln, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Le réalisateur Scott Charles Stewart a commencé sa carrière cinématographique en qualité de spécialiste des effets visuels. Il a ainsi participé à de nombreux blockbusters tel que Sin city, Iron man, Superman Returns. Fort de cette expérience acquise en travaillant sur de grosses productions il s’est laissé tenté par la réalisation et après les films Légion, l’armée des anges et Priest, il repasse derrière la caméra une troisième fois pour nous proposer à ce jour son film le plus réussi.
Sur un sujet déjà traité un nombre incalculable de fois aussi bien au cinéma (Rencontre du troisième type pour citer l’un des plus illustres) qu’ à la télévision dans des séries américaines (X Files, Taken…), Dark Skie réussit à renouveler le genre par son approche intimiste et ancrée dans le réel. En qualité de scénariste, producteur délégué, réalisateur Scott Charles Stewart maîtrise totalement la conception et l’élaboration de son film.
Le postulat de départ rappelle en quelque sorte le film de Tobe Hooper Poltergeist (1982). En effet, le décor est une banlieue américaine tranquille dans laquelle une famille (Les Barrett) va devoir se confronter à des évènements étranges qui chaque nuit viennent troubler leur tranquillité. Cette famille composée d’un couple (Lacey (Keri Russell) et Daniel (Josh Hamilton)) et deux enfants (Jesse et Sam) va être confrontée à des extraterrestres malfaisants qui visent à les manipuler et à enlever l’un d’entre eux. Ils vont ainsi être victimes d’une force maléfique contre laquelle ils ne pourront pas lutter.
Cet excellent film permet ainsi le mélange du film d’horreur se déroulant dans un cadre limité (le plus souvent une maison) et un film de science-fiction. L’histoire se déroule ainsi pratiquement uniquement dans cette maison au départ accueillante mais se transformant peu à peu en une cage de cobayes pour des extraterrestres hostiles et étudiant la race humaine. Force est de constater que le résultat est une pure réussite car les personnages principaux sont très détaillés et le réalisateur/scénariste ne recourt à aucun effet de style inutile. Le climat de plus en plus opprimant et angoissant est palpable à l’écran et comme ce couple les spectateurs se retrouvent pris au piège d’un film des plus réussis qu’on est pu voir depuis longtemps sur cette thématique.
Certes, le réalisateur a dû construire son film en tenant compte d’un budget étriqué mais cela lui a permis ainsi de minimiser l’utilisation à des effets spéciaux pour se concentrer sur l’étude de cette famille confrontée à une force dépassant notre imagination. Le film rappelle ainsi les meilleurs épisodes de la série culte X-Files et surtout nous amène à nous interroger sur la fameuse question qui est de savoir si nous sommes seuls ou non dans l’univers.
Le film s’impose donc comme une réussite majeure du genre et mérite d’être découvert en salle malgré le fait que sa sortie tardive risque de le mettre en porte à faux par rapport à sa sortie vidéo américaine (le film est en effet disponible à la vente notamment sur Amazon depuis le 28 mai 2013).
Vu le 14 juin 2013 au Publicis Cinéma, Salle 01, en VO
Note de Mulder: