John dies at the end

John dies at the end
Titre original:John dies at the end
Réalisateur:Don Coscarelli
Sortie:Cinéma
Durée:99 minutes
Date:23 juillet 2014
Note:

Dave a rendez-vous avec Arnie, un journaliste qui souhaite écrire un livre sur les aventures insensées de ce jeune homme, qui combat depuis un certain temps avec son ami John des créatures étranges, venues d’un univers parallèle. Tout avait commencé quand John avait testé la mystérieuse sauce au soja de Robert Marley, un magicien jamaïcain, grâce à laquelle il avait acquis des pouvoirs surnaturels. Pour venir en aide à son ami, en proie à des hallucinations et accusé par la police d’avoir participé au meurtre des autres jeunes qui avaient goûté à la sauce, Dave en prend lui-même. Il découvre alors une réalité parallèle dans laquelle il aura un rôle important à jouer, afin de sauver l’humanité.

Critique de Tootpadu

Démarrage réussi pour le 2ème Paris International Fantastic Film Festival, dans le cadre duquel nous avons pu découvrir cette comédie désopilante, dont la liberté de ton n’oublie pas les références incontournables du cinéma de genre. Dix ans après son film précédent, qui ne nous avait pas subjugué au même point que celui-ci, le réalisateur Don Coscarelli revient avec un délire fantastique dont la qualité et l’inventivité ne sont hélas pas représentatives de la production actuelle. Il s’y préoccupe à peine de la progression logique du fil narratif, pour mieux laisser libre cours aux effets délirants et aux revirements hallucinants qui nous font tant aimer – par intermittence – le cinéma de série B, voire Z.
Situé quelque part sur le terrain filmique encore mal défriché entre la comédie de potes, les aventures aux bêtes effrayantes, et les délires qui profitent du moindre prétexte pour partir joyeusement en vrille sous forme de trips aux accents nostalgiques difficiles à ignorer, John dies at the end appartient à ce groupuscule de films hautement jouissifs, dont les moyens limités sont amplement compensés par une originalité et une irrévérence sans bornes. Au plus tard quand la poignée de la porte de sortie de la cave, où les deux protagonistes sont pris au piège au début du film, se transforme comme par miracle en sexe masculin, notre adhésion à cette comédie sans fausse pudeur est entièrement acquise. Et la suite n’est nullement moins extravagante, mais toujours avec un goût affirmé pour la surenchère comique et faussement pathétique, qui comblent parfaitement nos besoins de divertissement un peu décalé.
Par son caractère difficile à classer, ce film jubilatoire ne réinvente pas un genre en particulier. Il réussit cependant à tenir compte avec panache de la bonne santé d’une production américaine indépendante, qui joue joyeusement avec les conventions du cinéma officiel pour mieux les détourner vers quelque chose de plus librement subversif, quoique pas assez agressif pour devenir réellement iconoclaste.

Vu le 16 novembre 2012, au Paramount Opéra, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Don Coscarelli est un de ces réalisateurs rares, souvent rejetés par les grands studios, mais qui ont réussi à s’imposer comme des figures incontournables du cinéma fantastique actuel. Touche à tout de génie, il se fait connaître et reconnaître par un public certes réduit mais de vrais passionnés par la saga culte de Phantasm (quatre films à ce jour, en 1979, '88, '94, et '98) et par un film d’héroic fantasy dont je suis fan depuis sa première vision Dar l’invincible. Son dernier film datait de 2002, Bubba Ho-tep, si on fait abstraction des deux épisodes de la série "Masters of horror" datant de 2005. Son dernier opus John dies at the end montre à quel point ce réalisateur inventif est un pur génie et qu'avec des moyens restreints mais des idées démentes, on peut faire de bons films, voire de purs chefs-d’œuvre.

Osons reconnaître que ce film est à ce jour l’un des plus réussis et dépasse notre attente au vu du résultat final. Autant son précédent film paraissait lent comme ces personnages âgés des maisons de retraite, autant celui-ci semble calqué comme un Tex Avery sous acide avec une idée par image. Non seulement, il signe, réalise mais également produit son huitième film, mais surtout il en fait une ode complète aux films qui ont marqué nos mémoires. Loin de simplement reprendre certains visuels ou identités propres à certains réalisateurs, il signe ici une œuvre ouverte sur un monde fantastique. En voyant un tel résultat, il est impossible de ne pas penser à l’œuvre visionnaire d’un David Cronenberg (Existenz, Videodrome), voire à cette comédie fantastique qu’est Bill and Ted’s excellent adventure. Ce film est en effet un patchwork très réussi de films d’horreur, fantastique, comédie de campus. Le film pourrait laisser penser qu’il se dirige dans une multitude de directions, mais cela serait ignorer la raison première de ce film soit divertir et choquer son public en même temps. Tel un panier surprise dans lequel on ne saurait à l’avance sur quel aliment on va tomber, ce film suit les aventures de John et Dave, deux jeunes losers qui suite à la prise d’une drogue extraterrestre, la sauce au soja, vont découvrir une réalité alternative peuplée de démons de formes diverses.

Ce film est l’exemple parfait des comédies fantastiques qui ont marqué nos mémoires dans les années 1980, tel Gremlins, les Goonies et Vampire vous avez dit vampire, voire Jeux d’enfants. Des films qui osaient à l’époque sortir de leur carcan et imposer une nouvelle image de la comédie fantastique familiale. Telle cette poignée de porte très surprenante ou ce monstre alimentaire dans ce film, tous les petits détails font que Don Coscarelli rend non seulement une copie exemplaire mais qui mérite aussitôt une seconde vision. Le film n’est pas encore distribué en France, mais on espère qu’il le saura, ou qu'il sortira au moins en vidéo le cas échéant. Certes le public visé est assez réduit et pourrait correspondre à celui qui fréquente les festivals de cinéma fantastique (PIFFF, L'étrange festival de Strasbourg, Gérardmer), c'est-à-dire un public à l’esprit ouvert, capable d’apprécier un film d’auteur et un film fantastique la même journée. Ce film est le parfait défouloir après une dure journée de travail au bureau à faire les mêmes tâches presque mécaniquement (ce qui n’a pas été mon cas jusqu’à maintenant, chance à moi).

Ce film qui scelle des retrouvailles entre un public allié à sa cause et un réalisateur sans concession est un plaisir de cinéma qu’il faut apprécier à sa juste valeur et nous ne pouvons qu’encourager un tel cinéma décomplexé. Nous attendons donc avec une très grande impatience son prochain film, qui ne sera pas Bubba Nosferatu, car annulé faute de financement.

Vu le 16 novembre 2012, au Paramount Opéra, Salle 1, en VO

Note de Mulder: