Room 237

Room 237
Titre original:Room 237
Réalisateur:Rodney Ascher
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:19 juin 2013
Note:
Shining, le onzième film réalisé par Stanley Kubrick, sort en 1980. Cette adaptation du roman de Stephen King n’est pas un film d’horreur comme les autres. Il divise à la fois la critique et le public. Pourtant, c’est une œuvre qui se prête à de multiples pistes d’analyse, qui dépassent de loin la simple folie d’un père qui veut assassiner sa femme et son fils dans un hôtel coupé du monde pendant la saison d’hiver.

Critique de Tootpadu

Parmi les nombreuses façons qui existent pour parler de cinéma dans le cadre d’un documentaire, celle choisie par Room 237 représente au moins l’avantage de vouloir sortir des sentiers battus. Ceci n’est donc pas un banal making-of, et pas non plus un hommage au travail concret ou à l’univers de Stanley Kubrick. Il s’agit de la tentative inégale d’analyser un film précis de la filmographie du réalisateur selon les règles d’une recherche abstraite, nourrie soit par des universitaires, soit par des fans obsédés par les niveaux de lecture subliminale de Shining. Cet axe de réflexion pointu rend le documentaire de Rodney Ascher à la fois passionnant pour les amateurs inconditionnels du film, qui devraient d’ailleurs déjà être au courant de la plupart de ces théories farfelues, et curieux pour tous les autres. Puisque nous appartenons plutôt au deuxième groupe, les secrets que les différents participants pensent avoir découvert ont provoqué chez nous de l’incrédulité ou de l’admiration, face à une telle acribie.
Le problème principal avec une analyse de film faite sans un encadrement rigoureux, c’est qu’elle peut mener jusqu’aux conclusions les plus aberrantes. On peut facilement interpréter tout et son contraire en voyant une séquence en particulier. Pour aboutir à un raisonnement pertinent, il faudra cependant recourir aussi à une étude approfondie de ce qui l’entoure, à la fois dans la cohésion du récit et plus globalement dans l’œuvre du réalisateur. Et même en brassant large – mais pas non plus trop large, s’il vous plaît, pour ne pas tomber dans l’autre extrême, des généralités sans intérêt – il demeure toujours une part considérable de subjectivité dans ces travaux d’interprétation.
Il en va de même avec les propos découpés en neuf chapitres qui rythment ce film. Alors qu’un départ du genre de l’horreur peut paraître salutaire pour une réception moins sectaire et étroite d’esprit de Shining, les chemins empruntés par les experts ressemblent de plus en plus à de la masturbation intellectuelle. Du symbole du nazisme et de l’extermination des Indiens d’Amérique ou des juifs, jusqu’à un rapprochement d’éléments visuels qui se focalise trop sur de petits détails, tout y passe sans qu’une vision réellement constructive ne s’en dégage.
En plus, le choix d’exclure tous les intervenants de l’image et de ne pas permettre au spectateur de distinguer clairement qui s’exprime à quel moment, pousse ce documentaire vers un champ supplémentaire de l’abstraction et du délire de spécialiste, pas forcément compréhensible pour tout le monde. A travers l’inclusion d’extraits issus de sources très diverses, pas forcément en rapport avec Stanley Kubrick, la forme narrative du film s’embrouille davantage, au point de nous laisser une impression de bouillie désordonnée. Celle-ci tombe de surcroît trop souvent dans l’excès de la répétition ou de la trouvaille purement anecdotique.
Il n’est pas sûr que le réalisateur ait rendu service à l’appréciation de l’œuvre de son cinéaste de chevet avec un documentaire qui insiste de tous points de vue sur l’ingéniosité cérébrale et psychologique de la mise en scène de Kubrick, mais qui ne réussit point à nous la rendre plus attachante dans sa plus grande lacune : sa froideur émotionnelle.

Vu le 7 septembre 2012, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

En 1980, Stanley Kubrick signe la réalisation du film Shining, qui deviendra instantanément un monument du cinéma d'horreur. Le film est considéré  comme une oeuvre marquante du genre par certains critiques de cinéma. Certains pensent également que le film recèle plusieurs messages et images subliminales et tentent de démontrer leurs thèses images à l’appui.

ROOM 237 mêle donc les faits et la fiction à travers plusieurs interviews de fans et d’experts qui adhèrent à ce type de théories. Il propose sa relecture du film grâce à un montage constitué uniquement d’images du film et d’autres films d’horreur ou du réalisateur Stanley Kukick tel Eyes Wide Shut, Barry Lyndon.

ROOM 237 n’arrive cependant pas à nous captiver car ce documentaire ne semble être qu’un ajout d’une bande son sur des images du film voir de sources guère en rapport. Il aurait ainsi gagné en force en étant un vrai documentaire composé d’images d’interview récentes de spécialistes, de réalisateurs de films d’horreur et non d’illustres inconnus. Le fait de voir la même scène plus d’une dizaine de fois finit par lasser. Certes ce documentaire essaye d’apporter des propos sincères mais il échoue totalement dans sa forme ressemblant plus à un film de fin d’étude d’un étudiant féru de l’univers du maître es cinéma Stanley Kubrick.

Etant donné que mon auteur préféré est Stephen King, ce documentaire ira même jusqu’à m’irriter un tant soit peu car comment faire un tel sujet  sans recueillir l’opinion de l’écrivain qui a écrit ce best seller et qui a vu son œuvre être complètement défiguré et réapproprié par cet immense réalisateur. De la même manière comment traiter un tel sujet sans recueillir les propos de Jack Nicholson. Si le film est un tel classique de l’horreur cela est certes dû à son réalisateur mais également à ce brillant acteur qui s’est complètement impliquer de corps et d’esprit dans ce film.

Trente trois ans plus tard, Shining reste un monument du cinéma d‘horreur. Etudié en école de cinéma, ce film aurait mérité un documentaire parfaitement maîtrisé, filmé et portant à réflexion . Le résultat final déçoit considérablement car on sent que le budget n’était pas à la hauteur du projet et que le réalisateur de ce documentaire n’a pas l’expérience requise pour réussir complètement son œuvre. Essai intéressant certes mais qui manquant de prestance échoue lamentablement à nous captiver.

Vu le jeudi 06 juin 2013 au Club Lincoln, en VO

Note de Mulder: