Take this waltz

Take this waltz
Titre original:Take this waltz
Réalisateur:Sarah Polley
Sortie:Cinéma
Durée:116 minutes
Date:15 mai 2013
Note:
Pendant sa visite de la forteresse de Louisbourg, Margot rencontre brièvement Daniel. Elle le recroise dans l’avion qui la ramène chez elle. Puisque le courant passe, ils partagent un taxi pour rejoindre la ville. C’est alors que Margot, mariée depuis près de cinq ans avec Lou, apprend que cet homme qu’elle trouverait presque irrésistible habite juste en face de chez elle.

Critique de Tootpadu

Il est excessivement rare de trouver au cinéma un mode d’emploi crédible de l’adultère. Comme il est plus facile d’exacerber les sentiments que de trouver le ton juste, à la hauteur de cet événement majeur d’une vie de couple, la plupart des films qui en traitent se fourvoient dans des crises de nerfs hystériques. Les doigts d’une main nous suffiraient pour énumérer les chefs-d’œuvres qui réussissent à traduire en des termes cinématographiques saisissants le dilemme moral et sentimental, qui accompagne chaque rupture sérieuse. A commencer par Brève rencontre de David Lean, dont le mélange sophistiqué entre la tentation et le remords s’approche le plus de l’ambiguïté des pulsions dans le deuxième film de la réalisatrice Sarah Polley.
Les deux hommes entre lesquels Margot ne saura pas se décider forment dans Take this waltz les deux extrêmes de la conception de l’amour. Du côté de son mari, la routine des taquineries et la complicité tacite qui s’installe forcément au bout de quelques années de vie commune font plutôt pencher cette relation vers une prolongation vaguement adulte de l’enfance. Si le personnage principal hésite tant avant d’envisager de quitter son mari, c’est à cause du caractère de gamin de ce dernier et du manque de maturité dans leurs échanges, aussi enjoués soit-ils. Du côté de son amant, cette femme qui ne veut pas s’avouer ses propres frustrations trouverait en revanche des rapports sexuels torrides et le genre d’échange profond qu’elle n’arrive plus à arracher à son bon bougre de mari.
La transition de l’un vers l’autre se fait évidemment dans le doute et la douleur. Grâce à la mise en scène – d’une douceur qui n’ignore jamais les implications néfastes du jeu du chat et de la souris auquel se prêtent les deux amants –, à un choix musical exquis, et surtout à l’interprétation sublime de Michelle Williams, que nous voyons pour la première fois déployer tout l’éventail d’un jeu incroyablement nuancé, cette romance déchirante préserve une pureté exempte de la moindre tache d’eau de rose. Elle dégage au contraire une mélancolie un peu âpre qui nous fait souffrir en silence auprès des personnages au moins aussi criants d’humanité que ceux, plus âgés certes, du premier coup de maître de Sarah Polley.

Vu le 6 septembre 2012, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Après Loin d’elle (2006), Sarah Polley signe son second film et nous ne pouvons que l’encourager à reprendre sa carrière d’actrice, tant son film est guère palpitant et est le parfait remède pour les insomniaques cherchant une œuvre leur facilitant le sommeil. Ce film divise donc notre rédaction, tant notre vision du film diffère.

Malgré la présence de Michelle Williams et de Seth Rogen, ce film n’arrive pas à retenir notre attention et semble s’étirer au possible. Manquant de rythme, cette histoire d’adultère commençant pour agréablement semble livrer les acteurs à eux-mêmes et l’absence de constructions scénaristiques rappelle un électrocardiogramme plat d’une femme blessée et meurtrie comme le personnage de Margot. Il ne suffit pas de filmer des acteurs réputés pour en faire un film digne d’intérêt. Il faut savoir lui insuffler un minimum de vie et d’inventivité. Hormis la scène de l’appartement qui défile vers la fin à toute vitesse, ce film semble être un film de fin d’études d’une étudiante en cinéma.

En général, les acteurs qui passent derrière la caméra peuvent donner naissance à de vrais grands films, comme ceux de Clint Eastwood, mais cela reste en général rare, car l’approche n’est pas la même. La base de travail reste pourtant la même, un scénario, mais le travail diffère dans la conception. Ce qui fait défaut à ce film est un scénario sans originalité et servant de prétexte à faire une étude de comportement d’un jeune couple américain. Aucune originalité ne vient renforcer notre perception de ce film, qui aussitôt vu est oublié.

Nous sommes donc loin des Noces rebelles de Sam Mendes qui portait également sur la rupture d’un couple, mais dont le film était porté par de très grands comédiens (Kate Winslet et Leonardo DiCaprio). Autant Seth Rogan, sous la direction de Judd Apatow ou de Michel Gondry, avait réussi à nous enthousiasmer, autant ici il semble complètement effacé et pire faire acte de présence sans aucune conviction.

Ce film, projeté en avant-première lors du festival de Deauville, ne restera pas pour moi comme l’un des temps forts de ce festival et sa sortie tardive en 2013 passera inaperçue à coup sûr.

Vu le 6 septembre 2012, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: