
Titre original: | Ethel |
Réalisateur: | Rory Kennedy |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 93 minutes |
Date: | 00 2012 |
Note: | |
Ethel Kennedy a été l’épouse de Robert F. Kennedy, frère du président et garde des sceaux américain, lui-même assassiné en 1968. Mère de onze enfants, dont la réalisatrice Rory Kennedy qui n’a jamais connu son père, Ethel a été un soutien infaillible pour ce dernier. En dépit de ses divergences politiques initiales, le couple Kennedy a en effet traversé le milieu du siècle dernier avec une foi inébranlable en la bonté de l’homme et son devoir de s’engager pour son pays. Des valeurs que la veuve a tenté de transmettre à ses nombreux enfants par la suite.
Critique de Tootpadu
Le clan des Kennedy est ce qui ressemble le plus à de la royauté dans le système politique américain. Tous les membres de cette famille hantée par un mauvais sort font régulièrement l’objet de documentaires ou d’ouvrages biographiques, au point que même les zones d’ombres les plus suspectes ont déjà été balisées par d’innombrables fantaisies de complot. Il faudra désormais faire appel aux personnes qui évoluent à la périphérie de cet empire politique d’une autre époque pour dénicher encore quoique ce soit de nouveau. C’est ce que la réalisatrice Rory Kennedy entreprend avec son documentaire, destiné à la télévision américaine payante. Que l’impact de l’hommage à sa propre mère soit aussi peu durable est à la fois la faute d’une facture très conventionnelle et d’un point de départ trop consensuel.
Le problème principal avec Ethel est que son sujet – une femme a priori exemplaire dans ses actes et ses paroles – n’aime visiblement pas se dévoiler, ni se livrer à la caméra. Bien consciente de cet obstacle, la réalisatrice essaye de le contourner tant que possible en mettant ses frères et sœurs à contribution. Les interventions tout au long du documentaire sont donc exclusivement celles de la fratrie immédiate des Kennedy, sans le moindre élargissement de champ vers, par exemple, les contemporains ou les amis de cette femme remarquable. Pire encore, pendant très longtemps, la narration se concentre sur le parcours de Robert F. Kennedy, confortant ainsi l’idée réactionnaire que le seul point d’intérêt d’une épouse est la carrière de son mari. Tout ce que Ethel Kennedy a pu accomplir pendant les plus de quarante ans depuis la disparition brutale de son mari est ainsi condensé dans les dix dernières minutes du film, alors que le mythe du petit frère de John F. Kennedy est amplement colporté auparavant.
Même s’il est passablement informatif et même de temps en temps touchant, ce portrait intime manque du recul nécessaire pour mettre en perspective la vie d’une femme aux portes du pouvoir. En tant qu’album de famille abondamment illustré, il ravira donc les adhérents fanatiques à la légende des Kennedy, mais il ne fournit aucune piste de réflexion digne de ce nom, qui ouvrirait la voie à une perception plus nuancée de ce pilier de la vie publique américaine des années 1960.
Vu le 4 septembre 2012, au Casino, Deauville, en VO
Note de Tootpadu: