Queen of Versailles (The)

Queen of Versailles (The)
Titre original:Queen of Versailles (The)
Réalisateur:Lauren Greenfield
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:00 2012
Note:
David Siegel a fait fortune grâce à ses resorts Westgate, où des Américains aux revenues ordinaires pouvaient prétendre à la co-propriété d’appartements de vacances luxueux. Sa troisième femme Jackie est une ancienne Miss Floride, trente ans plus jeune que lui, qui lui a donné sept enfants. Le couple vivait dans le luxe et était sur le point de construire la plus grande maison des Etats-Unis, quand la crise financière l’a frappé de plein fouet. Depuis, cette famille riche doit sérieusement revoir son style de vie dépensier à la baisse, s’il ne veut pas se retrouver sans rien.

Critique de Tootpadu

Voler toujours plus haut et aller toujours plus loin, quitte à se brûler les ailes, telle a été l’essence du rêve américain depuis que cette nation d’immigrés et d’explorateurs a été fondée. L’illusion d’une consommation effrénée et de richesses illimitées se heurte cependant à la fragilité d’un système basé sur le faire-semblant, qui est descendu une nouvelle marche vers son déclin inéluctable lors de la crise économique d’il y a quatre ans. Quand les effets de cette dernière se font même sentir dans les couches sociales les plus aisées, l’édifice matérialiste ne mettra plus longtemps avant de s’écrouler. Le destin de la famille Siegel a donc une forte valeur symbolique dans le cadre d’une perte des acquis sociaux et des biens, qui entraînera des répercussions plus ou moins graves chez tous ceux qui suivent les mêmes chimères du bonheur à crédit.
La tragédie d’une famille ridicule comme l’a filmée Lauren Greenfield n’est pas pour autant dépourvue d’humour et de sagesse. Au début de son observation des frasques du clan richissime, la réalisatrice ne pouvait évidemment pas se douter à quel point la chute sera rude. Voir la « reine » fièrement montrer le chantier de la maison de ses rêves, en énumérant tous les gadgets qui y seront inclus, est alors le point culminant d’une démesure chronique, qui ne saura guère se contenter de peu par la suite. Tout va bien, tant que l’argent facile fait tourner à excès la machine du bling-bling, qui ne pense pas avoir à se soucier du lendemain. Seuls les laissés-pour-compte de cette hiérarchie, les nounous et autres gouvernantes, ont su garder un lien douloureux avec la vie réelle à ce moment-là.
Lorsque la bulle éclate, les difficultés d’adaptation fournissent les moments les plus hilarants de The Queen of Versailles. Que ce soit la naïveté des enfants gâtés qui laissent mourir les animaux exotiques par négligence ou celle de la mère qui est habituée d’être conduite par un chauffeur, même dans une voiture de location, voire les crottes de chien qui pullulent impunément dans la demeure, sans doute parce que le domestique qui était censé les enlever a dû être licencié, l’atterrissage à un niveau de vie toujours pas pitoyable ne se fait point en douceur. Le côté féerique du documentaire est néanmoins préservé jusqu’à un certain point, puisque nous ne voyons à aucun moment la vraie misère des sous-fifres de l’empire immobilier, touchés certainement plus durement par le chômage et la misère que leurs supérieurs. En tant que parabole mordante sur le décalage entre la sphère des riches et un quotidien ordinaire, ce documentaire vaut toutefois son pesant d’or !

Vu le 1er septembre 2012, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu: