Wrong

Wrong
Titre original:Wrong
Réalisateur:Quentin Dupieux
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:05 septembre 2012
Note:
A son réveil, Dolph Springer ne retrouve plus son chien Paul. Il le cherche partout, sans succès. Cette disparition l’inquiète au plus haut point, alors que des choses étranges se passent dans son entourage. Le mystérieux Maître Chang est le seul à pouvoir le renseigner sur le sort de son compagnon canin adoré.

Critique de Tootpadu

Une camionnette est en feu au bord d’une voie rapide. Les pompiers sont déjà sur place, mais au lieu d’intervenir sur l’incendie, ils sont mollement adossés contre leur véhicule. L’un d’entre eux se met à l’écart pour déféquer … en plein milieu de la route. Quelque chose cloche visiblement au tout début du troisième film de Quentin Dupieux. Sur ce décalage avec la réalité et le bon sens repose – pour le meilleur et pour le pire – la raison d’être de ce film au titre révélateur. L’absurdité y est élevée au premier rang des priorités scénaristiques, au sein d’un univers dont la tonalité étrange n’est pas sans point commun avec ces bizarreries cinématographiques que l’on devait dans le passé à Charlie Kaufman, Richard Kelly et, dans une moindre mesure, Hal Hartley.
Il ne faut en effet pas grand-chose pour détraquer à la fois la routine quotidienne du personnage principal et notre perception de cette vie plutôt monotone, qui répond à des règles elles aussi discutables. Le réveil qui ne passe pas à l’heure pile, mais qui continue de compter les minutes au-delà de 59, le bureau avec un fort problème d’humidité, les conversations qui tournent autour du pot tout en accentuant la position d’infériorité de Dolph : les exemples ne manquent pas pour prouver que le scénariste, cadreur, monteur, et accessoirement réalisateur de Wrong, bref, que Quentin Dupieux s’est bien creusé les méninges avant de coucher cette histoire abracadabrante sur papier.
Le souci, c’est que tous ces écarts de la convention logique deviennent progressivement le seul point d’intérêt d’un film sans autre attrait particulier. Au lieu de profiter pleinement de l’affranchissement des impératifs d’une narration sensée, le récit se complaît dans des anomalies gentillettes, comme les voitures qui changent de couleur ou le rêve prémonitoire sur les retrouvailles qui deviendra réalité. Faire autrement devient ainsi le mot d’ordre avant même que cette intrigue vaguement policière ait choisi un nouveau cap vers lequel se diriger, peu importe qu’il s’agisse du délire entièrement assumé, de la persiflage un peu bête ou juste de petits grains de sable qui enrayeraient périodiquement le mécanisme amplement affiné de la recherche d’un être cher disparu.

Vu le 19 juin 2012, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: