Before and after

Before and after
Titre original:Before and after
Réalisateur:Barbet Schroeder
Sortie:Cinéma
Durée:108 minutes
Date:12 juin 1996
Note:
Quand la pédiatre Carolyn Ryan voit une jeune femme au visage tuméfié, qui succombe finalement à ses blessures, admise dans son hôpital, elle ne se doute pas encore que ce meurtre bouleversera profondément sa vie privée. Une fois rentrée à la maison, elle doit y faire face à la police locale, qui soupçonne fortement son fils adolescent Jacob d’être impliqué dans cet acte odieux. Tandis que son mari Ben fait tout son possible, afin de dissimuler les preuves qui pourraient incriminer leur fils, qui reste introuvable, Carolyn s’obstine à s’inquiéter pour son aîné et à douter de sa culpabilité.

Critique de Tootpadu

Présenté en ouverture du 23ème Festival « Théâtres au cinéma » à Bobigny, ce film américain de Barbet Schroeder est symptomatique de la démarche fascinante d’un réalisateur, guère visionnaire dans la forme, mais attaché intimement à une ambiguïté morale, que l’on ne trouve que très rarement dans les productions hollywoodiennes. Contrairement au schéma manichéen qui conduit invariablement vers une conclusion rassurante, lors de laquelle les méchants sont punis et le statu quo de la bienséance sociale est à peu près rétabli, l’intrigue de Before and after ne dispense aucune réponse toute faite, susceptible de nous permettre de prendre corps et âme parti pour le choix moral d’un des personnages. Le dilemme qui se présente aux parents d’un fils supposé criminel est encore accru par la nature elle aussi peu distincte du méfait. S’agit-il d’un meurtre, d’un homicide involontaire ou bien d’un accident ? La mise en scène délicate ne s’aventure vers aucune prise de position clairement tranchée.
Dans ce refus de juger quique ce soit réside la noblesse d’un film, qui s’écarte à peine, formellement parlant, du canon narratif du genre des drames judiciaires très en vogue au début des années 1990. Le véritable degré de culpabilité de Jacob est ainsi secondaire, puisque son écart de conduite sert avant tout à interroger la solidité de l’édifice familial, qui est censé le protéger contre un appareil légal dont le fonctionnement imperturbable passe également à l’arrière-plan. Le doute qui mine subtilement le récit n’est donc pas celui de savoir si ce fils de bonne famille a osé commettre l’impensable ou pas, mais l’incertitude sur la réaction de ses parents, qui sont tiraillés tout au long de l’histoire entre leurs instincts protecteurs et un bien plus abstrait : la quête d’une vérité impartiale. Comme le réalisateur l’a laissé sous-entendre lors de sa présentation du film, il n’existe ni une bonne, ni une mauvaise réponse à cette interrogation. Et le comportement viscéral du père, et la démarche idéaliste de la mère peuvent trouver une justification morale. L’ironie suprême d’une intrigue qui affectionne les tons en demi-teinte, c’est que ni l’un, ni l’autre n’apportera une issue convenable pour cette famille marquée à jamais par cette tare indélébile.
La mise en scène solide de Barbet Schroeder ne se montre pas tout à fait à la hauteur de la complexité morale de son récit. A moins que ce soit justement cette mise en retrait à travers le point de vue de la sœur cadette, qui constitue un commentaire désabusé sur l’amalgame inextricable entre le bien et le mal que l’on doit subir malgré soi, dès que l’on ne peut plus se permettre le luxe de convictions gentiment exemplaires en théorie.

Vu le 7 mars 2012, au Magic Cinéma, Salle 1, Bobigny, en VO

Note de Tootpadu: