Restless

Restless
Titre original:Restless
Réalisateur:Gus Van Sant
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:21 septembre 2011
Note:
Enoch aime bien s’incruster dans les enterrements de parfaits inconnus. Lors d’un de ces événements lugubres à l’honneur d’un petit garçon mort d’un cancer, il fait la connaissance de Annabel. Cette jeune fille au tempérament désinvolte se dit prête à l’accompagner désormais dans ses impostures funéraires. Mais Enoch, dont l’ami le plus proche était jusqu’à présent le fantôme d’un aviateur japonais, préfère plutôt renouer avec la vie en devenant le copain d’Annabel. Leur bonheur complice est pourtant de courte durée, puisque Annabel souffre d’un cancer du cerveau incurable.

Critique de Tootpadu

Gus Van Sant fait partie de ces réalisateurs qui sont toujours capables de nous prendre au dépourvu, même au bout d’une longue carrière riche en choix artistiques et commerciaux divers. Après sa deuxième consécration hollywoodienne, Van Sant retourne dans l’intimité en apparence douillette d’une histoire à l’eau de rose, comme on en a vu des centaines depuis Love story de Arthur Hiller. Les circonstances de la rencontre entre Enoch et Annabel sont certes un peu atypiques, mais le déroulement ultérieur de leur relation suit à peu de choses près le cheminement rebattu des drames romantiques. Puisque la conclusion est courue d’avance, il ne s’agit dès lors que d’y parvenir sans trop faire appel aux poncifs les plus larmoyants.
De toute façon, Gus Van Sant ne mange pas réellement de ce pain cinématographique là. Il s’applique davantage à rendre touchante cette romance décalée sans trop creuser dans ses implications psychologiques redondantes. Un moindre réalisateur aurait cherché à tout prix une explication rationnelle à l’ami imaginaire d’Enoch et exploré en long et en large l’abîme existentiel qui s’ouvre devant une adolescente qui sait qu’elle n’aura plus que quelques semaines à vivre. La narration de Restless ne se préoccupe guère de ces considérations bêtement explicatives, pour privilégier au contraire la dimension quasiment féerique de cette amitié en sursis.
Le ton du récit et de la photographie soyeuse de Harris Savides revêtent ainsi plus d’importance que la marche inéluctable vers une mort certaine. Grâce à eux, le film peut se permettre de flotter dans une sorte d’état de grâce, en suspension d’une réalité trop triste pour être affrontée directement. Ce détachement ne va pas jusqu’à une effusion de sentiments excessive, dont les jeunes amoureux se moquent justement lors de la séquence la plus ironique du film autour de la mise en scène de la disparition d’Annabel. Il prépare surtout le terrain à un regard sincère et dépourvu de jugements à l’égard de ces deux personnages, dont la marginalité sociale et émotionnelle est la marque de fabrique du cinéma doucement engagé de Gus Van Sant.

Vu le 10 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu: