Trust

Trust
Titre original:Trust
Réalisateur:David Schwimmer
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:18 janvier 2012
Note:
A bientôt quatorze ans, Annie Cameron aimerait tant que les filles de son lycée l’apprécient pour ce qu’elle est et non pas pour son frère aîné, qui ne va pas tarder à quitter la maison familiale près de Chicago afin de commencer ses études. Seul Charlie la comprend réellement, un garçon de seize ans qu’elle a rencontré en ligne, mais qu’elle n’a jamais rencontré puisqu’il habite à l’autre bout des Etats-Unis. Au fur et à mesure que leurs conversations virtuelles deviennent plus intimes, Charlie lui avoue qu’il a en effet quatre, voire neuf ans de plus que son âge initialement indiqué. Annie maintient néanmoins le contact et accepte même de le rencontrer. Mais Charlie est encore sensiblement plus vieux et ses intentions ne sont pas aussi innocentes que ses réponses si encourageantes et amicales le laissaient supposer.

Critique de Tootpadu

La mission en terrain miné que l’acteur David Schwimmer a entreprise avec son deuxième film en tant que réalisateur s’avère étonnamment efficace, au vu du sujet qu’elle traite sans trop de concessions. Le viol au cinéma, cela rime hélas trop souvent avec des thrillers de vengeance tendancieux. A l’image de A vif de Neil Jordan, ils s’intéressent plus au supplice qu’il faudra infliger au pervers à l’origine de cet acte horrible qu’aux séquelles psychologiques de la victime et de son entourage. Même si le coupable est arrêté, cela ne signifie pas pour autant que la personne violée arrivera à reconstruire sa vie après un tel traumatisme corporel et spirituel. Les conséquences à long terme du viol ne paraissent pourtant pas préoccuper spécialement la mise en scène, qui se penche davantage sur l’urgence de l’enquête immédiatement après les faits et l’écorchure à vif qui fait souffrir atrocement une famille auparavant insouciante.
Trust ne cherche pratiquement jamais à enjoliver les étapes successives d’une intrigue, qui mettra certainement les spectateurs mal à l’aise. Ce n’est pas un film qui se fourvoie précipitamment dans les jugements superficiels et les antagonismes manichéens. Il prend au contraire son temps, c’est-à-dire une demi-heure, avant de rentrer dans le vif du sujet et pratiquement le double pour permettre à chaque membre de la famille, ainsi qu’accessoirement aux spectateurs, de comprendre la véritable ampleur de cet événement néfaste. La franchise du ton est, dans ce contexte nullement complaisant, le garant d’une narration appliquée, qui évite heureusement d’insister outre mesure sur le volet psychologique de cette affaire harassante.
Les interprétations se montrent à la hauteur de cette histoire lugubre. Surtout Clive Owen dans le rôle du père, aveuglé et profondément humilié par son impuissance, ainsi que la jeune Liana Liberato dans celui encore plus complexe de la fille manipulée et sexuellement agressée, qui ne veut pas admettre à quel point elle s’est trompée, confèrent une intensité remarquable à ce drame poignant.

Vu le 8 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu: