All she can

All she can
Titre original:All she can
Réalisateur:Amy Wendel
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:00 2011
Note:
Avec son frère aîné J.M., qui fait son service militaire en Afghanistan, la jeune Luz Garcia s’est jurée de tout faire pour partir de la petite bourgade au sud du Texas où elle a grandi. Puisque sa mère refuse de se porter garante pour un prêt étudiant, Luz mise son avenir sur les qualifications au championnat de haltérophilie. Or, seule la meilleure athlète de tout l’état du Texas peut prétendre à une bourse pour aller à l’université. Quand la probabilité d’une victoire diminue, Luz fait appel à des moyens illégaux pour réussir.

Critique de Tootpadu

Le rêve américain peut se décliner de multiples façons. Alors que l’ambition de réussir est le point commun de cette idéologie optimiste sur laquelle le modèle économique des Etats-Unis s’est au moins partiellement construit, cette course au bonheur se solde le plus souvent par un éveil révélateur des mensonges de ce cauchemar existentiel. Pour chaque conte inspirant dans la tradition de Rocky, on trouve dans la vraie vie des milliers d’individus déchus qui multiplient les petits boulots misérables pour arrondir leurs fins de mois. Le premier film de la réalisatrice Amy Wendel paraît s’engager d’abord sur la voie de ces hymnes simplistes à la gloire d’une volonté de fer, pour se raviser juste à temps et dresser au contraire un état des lieux très touchant, mais jamais larmoyant, sur les options très limitées qui s’offrent à une jeunesse américaine issue d’un milieu défavorisé.
L’éthique de travail reste à peu près intacte tout au long de All she can. Mais la protagoniste, aussi déterminée qu’irascible, devra se confronter à quelques défis adroitement amenés avant de pouvoir reprendre une route vers l’épanouissement personnel, plus longue et sans doute plus épineuse que son plan initial de se qualifier pour la cour des grands grâce à sa seule force physique, obtenue par le biais d’un entraînement draconien. Le parcours en dents de scie de Luz n’a sur le papier rien d’exceptionnel. La narration sait cependant l’investir d’une sincérité et d’une humanité nullement étrangères à l’impact émotionnel du film. La leçon principale de ce récit d’une force édifiante crédible – de ne jamais perdre de vue l’objectif peu importe les retournements de fortune et les impasses au début si séduisantes – y est administrée sans faux semblant, ni posture hypocrite par rapport au comportement rarement très sage des personnages.
Dépourvu de raccourcis faciles pour célébrer le courage du personnage principal et tout à fait conscient du dilemme fatal auquel la jeunesse américaine est actuellement confrontée par le biais du choix cornélien entre la peste et le choléra, l’engagement militaire et l’endettement permanent, ce film compte indéniablement parmi les bonnes surprises de ce festival de Deauville !

Vu le 8 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Rares sont les premiers films qui non seulement s'imposent comme une véritable réussite, mais imposent un nouveau talent. Encore plus rares sont les films dont les comédiens non professionnels réussissent à donner une telle profondeur à leurs personnages.

Amy Wendel est clairement une grande réalisatrice et l'une des principales découvertes de la sélection officielle 2011. Son film est une histoire universelle et traite de l'accès à la culture (universitaire) pour les zones les plus démunies des Etats-Unis, tout en dressant un portrait plutôt noir de l'armée américaine qui profite du malheur des plus pauvres pour en faire des soldats américains prêt à mourir pour leur pays. La réalisatrice profite également de ce film pour nous montrer les problèmes rencontrés par l'état du Texas, soit les contrôles journaliers anti-drogues des étudiants et ceux de l'immigration clandestine.

Partant d'un postulat de film sportif, elle en dynamite le genre et livre le beau portrait d’une femme rebelle, prête à tout pour aller étudier en université. Contrairement au personnage de Rocky Balboa, Luz franchit le cadre légal, mais se repent au dernier moment. Faute de réussir une carrière d'haltérophile, elle passera par une période de rébellion, mais finira par se reprendre et continuer son cycle universitaire.

Ce qui frappe dans ce film, c’est la peinture très réaliste et anti-hollywoodienne de cette Amérique profonde, où les individus sont pratiquement obligés de recourir à des méthodes en dehors du cadre légal pour survivre. Nous sommes donc très loin des stéréotypes dont nous abreuve le cinéma hollywoodien.

Un film à découvrir d'urgence en salle.

Vu le 8 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: