Without

Without
Titre original:Without
Réalisateur:Mark Jackson
Sortie:Cinéma
Durée:87 minutes
Date:14 novembre 2012
Note:
Joslyn se rend sur une île au large de la côte pacifique, afin d’y prendre soin d’un vieillard pendant que sa famille part en vacances. Ce dépaysement est censé lui permettre de prendre du recul par rapport à sa copine, dont la mère habite également sur l’île. A cause des avances insistantes du charpentier Darren, de l’impassibilité déroutante de son patient, et du règlement rigide de la maison qu’elle doit garder simultanément, Joslyn ne trouve pas la tranquillité espérée.

Critique de Tootpadu

Le premier film de Mark Jackson suit tellement de pistes disparates, qu’il finit par s’éparpiller irrémédiablement. Bien qu’il s’agisse en apparence d’une histoire de sevrage et de soustraction – de la copine, du continent, du lien suprême de notre époque qu’est le web –, Without accumule un nombre trop élevé de fils narratifs pour convaincre dans son ensemble. Le point de départ est en effet plutôt intriguant avec cette jeune femme, qui s’obstine à cacher ses véritables intentions. Cette réticence à trop dévoiler de son intimité relève encore de la cachotterie anecdotique, tant qu’il s’agit de dissuader un prétendant collant. Elle s’apparente par contre à un instinct de survie plus utile pour résister aux directives à forte tendance maniaque de la part des propriétaires de la maison.
Le problème majeur du film est cependant que ce petit air de mystère se dissipe au fur et à mesure que Joslyn prend ses aises dans la résidence de vacances. Il y a certes quelques révélations tardives qui sont censées mettre en perspective la finalité du récit. Sauf qu’à force de jouer avec nos attentes par l’intermédiaire de découvertes inquiétantes, qui ne témoignent en fin de compte que de l’état psychologique préoccupant du personnage principal, la narration exacerbe la vacuité de l’intrigue. Joslyn pleure la disparition de sa copine, soit, mais en quoi ce nouvel échec d’une relation lesbienne, après celui traité plus sobrement dans En secret de Maryam Keshavarz, concerne-t-il le vagabondage supposé de Frank à travers la maison ou bien la plaie plus proche des infections typiques des films fantastiques sur le dos de cette femme, qui tient sinon à son bien-être physique ?
Aucune réponse digne d’intérêt ne nous est proposée en guise de piste de réflexion ou d’interprétation pour ce film, qui se termine comme il avait commencé. L’isolement de Joslyn est ainsi rythmé tour à tour par les corvées pour nettoyer le vieil homme, la chanson récurrente du réveil qui insiste sur la nature imperturbable des choses, et des échappées pour prendre le thé au drive-in auprès d’une serveuse à la gentillesse douteuse. Son désarroi suscite quelques figures de style filmiques pas complètement inutiles, qui approfondissent notamment le mouvement cyclique d’un quotidien monotone. Mais c’est trop peu pour combler la pauvreté assez décevante du fond.

Vu le 7 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Certains premiers films indépendants s'apparentent à de simples essais non fructueux : mise en scène guère originale, manque de budget donc casting ultra réduit, et scénario tenant sur une page. Le fait de pimenter certaines scènes de grossièretés ou de scènes nues peut apparaître comme une bonne idée (voir Black swan), mais dans le cas présent cela n'aide guère les spectateurs gênés devant cette production limitée. Ce n'est donc pas en exhibant sa moitié que le réalisateur convaincra le public du bien fondé de son film.

Un premier film, certes, mais qui devrait rester confidentiel au vu des expressions du public, lors de la projection dans le cadre de la sélection officielle du festival du cinéma américain de Deauville.

Vu le 7 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: