
Titre original: | Echange standard |
Réalisateur: | David Dobkin |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 113 minutes |
Date: | 28 décembre 2011 |
Note: | |
Les deux amis Mitch et Dave ont fait des choix de vie diamétralement opposés depuis qu’ils se sont connus au lycée. Tandis que Dave est devenu un père de famille dévoué et un avocat brillant, Mitch peine à atteindre son objectif d’être un acteur sérieux et s’adonne à toutes sortes de plaisirs hédonistes en attendant. Le confort de l’un et la liberté de l’autre rendent les deux amis envieux des avantages dont ils sont respectivement privés. Après une soirée bien arrosée, ils pissent ensemble dans une fontaine, qui exauce miraculeusement leur vœu de changer de vie. Leur nouvelle identité ne satisfait pourtant ni Mitch, ni Dave. Tout retour en arrière est impossible, puisque la fontaine est partie en rénovation pour un durée indéterminée.
Critique de Tootpadu
Une comédie destinée à un public adulte ne doit pas obligatoirement être intelligente. La moindre des choses serait cependant qu’elle ne puise pas exclusivement son humour dans les mêmes blagues vulgaires et puériles qui pullulent dans les comédies pour adolescents. Ramener tout au sexe, aux gros seins des filles et aux malformations génitales des garçons, c’est évoluer au niveau d’un cerveau pubère, qui croit encore que la seule clef du bonheur est l’épanouissement sexuel. Echange standard fait certes semblant d’élargir ce point de vue simpliste vers une leçon existentielle sur la nécessité de se contenter de ce que l’on a. Mais ce message sagement conformiste s’apparente au mieux à une feuille de vigne opportuniste pour cacher maladroitement la propension à l’humour fécal, qui devient évidente dès que le personnage principal reçoit une charge de crotte enfantine en plein visage, lors de sa corvée matinale de changement des couches.
Le réalisateur David Dobkin ne cherche même pas à cacher la parenté entre son film et l’univers des frères Farrelly. Sauf que son statut de tâcheron guère inspiré le rend insensible à cette pincée de pertinence sociale, qui garantit le minimum syndical de consistance à des films comme Bon à tirer. Ici, le statu quo est évidemment préservé in extremis. Ce retour au bercail des vieilles certitudes ne sert par contre qu’à souligner la dépendance morale du cinéma hollywoodien envers un conformisme bourgeois, qui est encore suffisamment d’actualité pour pouvoir résister sans trop de difficultés à l’assaut bénin de quelques enfantillages de mauvais goût.
En somme, les rares implications philosophiques de cette comédie médiocre n’empêcheront pas la vie de continuer. Derrière ses faux airs subversifs, elle fait plutôt figure de confirmation ennuyeuse des standards hautement formatés du cinéma hollywoodien, auxquels s’accrochent sans trop de conviction et pour une poignée de dollars des acteurs aussi interchangeables – ça tombe bien ! – que Ryan Reynolds et Jason Bateman, des actrices au physique et au charme dignes d’une poupée gonflable comme Olivia Wilde et Leslie Mann, ainsi qu’un Alan Arkin arrivé au bout du cycle de sa carrière qui ne servait qu’à monnayer son Oscar tardif.
Vu le 4 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Les comédies américaines actuelles doivent leur renouveau à deux écoles : celle de Judd Apatow qui met plus l'accent comique sur les traits des personnages et leur déséquilibre avec le monde actuel (40 ans toujours puceau, Sans Sarah rien ne va) et celle grinçante post Very bad trip de Todd Phillips. Ce film s'impose comme une excellente surprise, comme une comédie sans aucune fausse note et dans laquelle chaque scène est d'une puissance comique indéniable.
L'association entre le réalisateur de Serial noceurs et producteur du très attendu Sexe entre amis et les deux scénaristes de Very bad trip (Jon Lucas et Scott Moore) font de ce film une succession de scènes désopilantes. Elle dresse surtout deux portraits de la crise de la quarantaine de deux meilleurs amis. L'un est un avocat important, marié et trois enfants, l'autre est un comédien geek dans l'âme et préférant profiter de la vie que de travailler. Le fait qu'ils échangent leur esprit de corps est source d'innombrables gags tous très réussis (mention spéciale au lorno et à la scène de la cuisine digne de Tex Avery). Le fait de retrouver deux comédiens doués, Jason Bateman et Ryan Reynolds, renforce l'impact de chaque scène et fait de ce film une comédie survitaminée.
Mais le film n'est pas qu'un véhicule au blindage parfait pour ses deux acteurs principaux, il permet aussi aux deux seconds rôles féminins Leslie Mann et Olivia Wilde de rivaliser par leur humour ravageur. Une mention spéciale est accordée pour la première pour la scène des toilettes et la seconde pour la scène du premier rendez-vous au restaurant.
Tout concorde donc pour faire de ce film la comédie américaine incontournable du mois d'octobre, certes une comédie plus ciblée adulte que pour un public familial.
Vu le 4 septembre 2011, au Casino, Deauville, en VO
Note de Mulder: