Another happy day

Another happy day
Titre original:Another happy day
Réalisateur:Sam Levinson
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:01 février 2012
Note:
Dylan, le fils aîné de Lynn, va se marier. C’est l’occasion rêvée pour cette mère de renouer avec toute sa famille, y compris son premier mari Paul à qui elle n’a toujours pas pardonné leur mariage chaotique. Dans cet échec conjugal, elle voit la cause principale des problèmes psychologiques de ses autres enfants : son fils Elliot tente en vain de calmer ses crises d’angoisse avec des drogues plus ou moins dures et sa fille Alice s’est taillé les bras et les jambes avec une lame de rasoir. Les retrouvailles de tout ce beau monde pendant quelques jours, sur fond de malaises cardiaques du grand-père, vont raviver bon nombre de rancunes enfouies depuis longtemps.

Critique de Tootpadu

Inventer une famille qui nous incite en tant que spectateur à nous y intégrer le temps d’un film n’est pas une mince affaire. Pour chaque épopée familiale réussie, comme celles assez récentes d’Olivier Assayas (L’Heure d’été) ou de Christophe Honoré (Non ma fille tu n’iras pas danser), il existe un nombre élevé de ratages, dont le deuxième film de Jodie Foster, Week-end en famille, est l’exemple le plus durablement pénible. Malheureusement, le premier film de Sam Levinson ressemble beaucoup trop à ce festival indigeste de crises de nerfs répétitives pour nous faire apprécier à nouveau ce qui représente – pour le meilleur et pour le pire – cette forme forcée de vie en communauté qu’est le cercle familial.
La renommée de la distribution de Another happy day n’est plus à faire. Les vedettes de hier et d’aujourd’hui se bousculent en effet au sein d’une intrigue, qui aurait sans doute gagné à contenir moins de grandiloquence dramatique de la part de divas aussi complémentaires sur le papier qu’Ellen Barkin, Kate Bosworth, Demi Moore, et Ellen Burstyn. Or, chacun de ces rôles se résume à un stéréotype paresseusement esquissé, qui ne reste enfermé dans son hystérie personnelle que pour mieux souligner le message convenu du film, selon lequel les vieux schémas comportementaux sont faits pour durer. Vivre parmi les Hellman est effectivement un enfer, mais ce malaise provient largement du ton artificiel avec lequel la narration cherche désespérément à provoquer des étincelles d’humanité, dans un marasme de faux semblants.
La mise en scène ne fait rien pour arranger les choses. Au contraire, l’emploi du dispositif du film de famille moqueur, ainsi qu’un fil narratif laborieux risquent constamment d’accentuer encore les lacunes d’un récit caricatural, trop excessif pour susciter la moindre émotion authentique. Même la présence d’Ezra Miller, désormais abonné aux rôles d’adolescents rebelles qui se suivent et se ressemblent, n’aide pas à faire passer la pilule, et cela d’autant moins que le plan final de ce film bancal, avec son regard vaguement accusateur dans la caméra nous rappelle lourdement pourquoi il faut chercher la valeur de l’institution familiale dans la nuance du vécu, et non pas dans un amas de poncifs rébarbatifs.

Vu le 4 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le talent est héréditaire dans la famille Levinson. Sam Levinson semble bien destiné à suivre la grande carrière de son père. Son premier film est une pure réussite par le portrait dressé avec grand soin d'une famille aisée, mais aux fêlures nombreuses. Le casting reposant notamment sur Ellen Barkin, Demi Moore et Kate Bosworth permet au réalisateur de nous livrer une peinture de la classe aisée américaine à double tranchant. Reprenant la thématique du mariage du fils de l'héroïne principale, cette famille va s'affronter sur différents points (querelle avec l'ex-mari et l'héroïne, entre ce premier et ses deux enfants, représailles du grand-père en phase terminale).

Ce film est donc le premier film de la sélection officielle qui se révèle être une réussite aussi bien sur la forme (scenario, réalisation, casting) que sur le fond (thème du mariage, de l'après-11 septembre, des fêlures intérieures et physiques de cette galérie de personnages).

Sam Levinson s'impose dès son premier film comme un réalisateur á suivre de près. Le soin qu'il a apporté à la réalisation de ce film se ressent bien à l'écran, au plus grand plaisir des spectateurs. Par certains traits, ce film s'apparente à La Famille Jones, par son constat glacial d'une Amérique en deuil dont l'apparente bonne santé ne montre en rien les blessures profondes d'une société touchée par la perte de valeurs morales.

Vu le 4 septembre 2011, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: