Traque (La)

Traque (La)
Titre original:Traque (La)
Réalisateur:Antoine Blossier
Sortie:Cinéma
Durée:80 minutes
Date:13 juillet 2011
Note:
Le médecin Nathan aurait tant aimé arracher sa fiancée Claire, qui attend un enfant, de l’emprise de sa famille, le clan des Lemans auquel appartient la plus importante usine d’engrais de la région. Mais au lieu de partir avec lui à la ville, elle décide de rester six mois de plus pour arranger un mystérieux problème dans l’entreprise familiale. Désarçonné, Nathan se joint à une partie de chasse avec le père, l’oncle et le grand-père de Claire, afin de régler une fois pour toutes cette situation frustrante. Mais la battue au sanglier énorme qui affole le gibier tourne au drame, quand les chasseurs découvrent l’origine de cette bête enragée.

Critique de Mulder

Les thrillers mettant en scène l'affrontement entre un prédateur naturel et les hommes sont plétore. A ne citer que quelques classiques américains, on retiendra Les Dents de la mer de Steven Spielberg, Piranhas 3D de Alexandre Aja, voire l'australien Razorback de Russell Mulcahy. C'est à ce dernier exemple que Proie - à ne pas confondre avec La Proie de Eric Valette - semble rendre hommage.

La partie de chasse d'un clan fortuné en plein forêt se transformera au fur et à mesure en un réglement de compte entre un père, ses deux enfants et le compagnon de la fille de celui-ci. Les chasseurs vont se retrouver confrontés á une espèce mutante de sangliers. Cette mutation découle une nouvelle fois d'un engrais toxique et néfaste pour la nature. Cette dernière se venge violemment des actions néfastes, engendrées par la vanité de laboratoires sans âme.

Certes, ce film manque d'un budget plus conséquent et le réalisateur s'appuie par conséquent plus sur des éléments suggérés, que montrés réellement. Le fait que l'action du film se passe en une nuit permet de limiter les effets inutiles. Le réalisateur s'appuie par contre sur le jeu très convaincant de Grégoire Colin et de François Levental.

Dans un second rôle fėminin, on notera la présence de la trop rare Bérénice Béjo. Une nouvelle fois, elle éclaire ce film par son jeu cristalin. On aurait ainsi préféré la voir plus longtemps à l'écran. Reste que ce plaisir de retrouver une des plus talentueuses actrices françaises ne se rate plus.

Ce film de genre montre que le cinéma français ne se limite plus qu'à la quintessence de genre sommaire. Le rèalisateur Antoine Blossier, qui signe ici son premier film, a retenu toute mon attention.

Vu le 29 janvier 2011, à l'Espace Lac, Gérardmer

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Si nous avions découvert ce film comme prévu lors de sa présentation au dernier festival de Gérardmer, quand il s’appelait encore Proie, sa très grande fidélité aux films de genre l’aurait probablement fait disparaître dans notre souvenir global d’une manifestation vouée à toutes les frayeurs imaginables sur un écran de cinéma. Pris séparément, dans le cadre d’un emploi du temps parisien guère allégé mais certainement plus diversifié, il s’impose comme l’exemple très satisfaisant d’un savoir-faire à la française, qui privilégie l’efficacité au détriment d’un développement plus approfondi des personnages. Le premier film d’Antoine Blossier a en effet presque les traits d’un moyen-métrage coûteux, dont l’intrigue ténue ne prend pas le temps de laisser agir les germes de la terreur qu’elle nous implante subtilement.
Le rythme de la narration de cette partie de chasse qui tourne au cauchemar fait ainsi preuve d’une telle vigueur, qu’elle en oublierait presque qu’il ne suffit pas de susciter une peur diffuse par le biais d’une menace inconnue, mais qu’il faut aussi jouer sur les hauts et les bas de tension pour tenir en haleine le spectateur. L’instinct de survie du carré de personnages principaux accapare ainsi l’attention, jusqu’à rendre l’exposition et les tensions au sein du groupe futiles. Au plus tard dès la tombée de la nuit, tout ce qui compte c’est de s’en sortir face à un adversaire imprévisible, peu importe les motivations douteuses qui ont conduit Nathan et sa belle-famille dans cette situation compromettante.
La distribution très solide de La Traque, avec notamment le retour de Grégoire Colin aux premiers rôles, est par conséquent quelque peu sacrifiée sur l’autel d’un carnage de toute beauté, dont personne ne sort indemne. La vitesse à laquelle les sangliers sanguinaires se débarrassent de ces intrus dans un habitat naturel en pleine déroute ne laisse guère le temps de souffler et encore moins de s’attacher à ces proies humaines faciles. La mise en scène lorgne vers la série des Jurassic Park et leur scénario invariable sur la revanche féroce de la nature, déglinguée par une influence intéressée des hommes. Aussi solide et fascinant ce film soit-il, il ne réussit pourtant pas à reproduire la sensation sublimement contradictoire d’émerveillement et d’horreur profonde dans laquelle excellait l’original de Steven Spielberg. Il s’apparente davantage à ses suites : des resucées émincées qui ont su garder les outils formels pour divertir convenablement, tout en faisant l’impasse sur des ambitions filmiques plus poussées.

Vu le 24 mai 2011, au Club de l'Etoile

Note de Tootpadu: