Titre original: | Blood island |
Réalisateur: | Jang Cheol-soo |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 115 minutes |
Date: | 03 mai 2011 |
Note: | |
Après un incident fâcheux au travail, l’employée de banque Hae-won est obligée de prendre des vacances. Nullement disposée à rester à Séoul, où la police aimerait qu’elle témoigne contre deux voyous qui ont assassiné une prostituée, Hae-won part sur l’île de son enfance. Elle espère y trouver du repos et du réconfort auprès de son amie de longue date Bok-nam. Mais celle-ci subit depuis des années les abus de la communauté insulaire. Alors que Hae-won tente de rester à l’écart des rapports malsains qui règnent sur l’île, Bok-nam voit en l’arrivée de son amie sa dernière chance de partir sur le contient avec sa fille.
Critique de Tootpadu
Ce film coréen, qui a fini par remporter le Grand prix du jury présidé par Dario Argento, met longtemps avant qu’il ne justifie sa sélection au festival du film fantastique de Gérardmer. L’atmosphère poisseuse qui y règne en abondance se nourrit principalement de la passivité de l’intruse, qui s’était justement rendue sur l’île pour fuir toute responsabilité. Avant que la folie meurtrière ne se déchaîne, Bedevilled fonctionne comme un drame finement ciselé, qui dresse un portrait guère flatteur des deux personnages principaux féminins.
L’une comme l’autre, elles ont cherché en vain un moyen pour s’accommoder des pressions que la gente masculine exerce sur elles avec plus ou moins de violence. Tandis que Hae-won se cache derrière ses faux airs d’une femme de la ville que tout indiffère, Bok-nam subit le mauvais traitement des autres habitants de l’île, dans l’espoir de pouvoir au moins préserver sa fille de ce cauchemar au quotidien. Ce sont la culpabilité et la résignation qui unissent ces deux femmes malmenées par la vie, plus que le souvenir d’une enfance commune, déjà entachée par des schémas de comportement qui vont se perpétuer à l’âge adulte.
Le premier film du réalisateur Jang Cheol-soo est tout à fait représentatif des films coréens qui nous parviennent depuis une dizaine d’années. La solidité à toute épreuve du scénario est parfaitement complémentée par une mise en scène élégante et sans fioritures. Cette dernière est aussi à l’aise quand il faut instaurer un ton malsain pendant la première partie du film, que lors de l’orchestration de l’explosion finale d’une violence sanguinaire, peut-être un peu trop exacerbée pour ne pas miner avec sa grandiloquence le sérieux très appréciable qui avait rendu ce film si fascinant au début.
Vu le 30 janvier 2011, à l’Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Il y a des films que nous ne voyons pas venir et qui sont à tel point attachants que nous avons du mal à abandonner les personnages principaux, que nous subissons en même temps qu'eux leurs préjudices physiques et moraux.
Ce film est donc la révélation la plus éclatante de ce festival. L'ayant découvert à la fin de celui-ci, nous pouvons donc dire sans hésiter qu'il s'agit du film incontournable du festival, avec J'ai rencontré le diable. Ces deux films reposent sur des personnages très bien campés, sur des atrocités perpétuées sur des personnes innocentes. Une nouvelle fois, les victimes vont s'affranchir du contrôle de leurs geôliers et déchaîner leur colère la plus dévastatrice.
Le fait de faire d'une femme harcelée, agressée sous toutes les formes possibles, l'un des personnages principaux renforce notre adhésion à ce « slasher » féroce et justifié. Dans cette péninsule de Moodoo, où des personnes vivent en isolement pratiquement total, la réelle justice semble ne plus avoir lieu. Bok-nam se rebellant contre son mari infidèle, les femmes de son village laissant toute l’autorité aux hommes est un juste revers des choses.
Le réalisateur s'appuie donc sur le jeu très convaincant des deux actrices principales et nous livre un grand film, dans la tradition de la grande époque de Wes Craven.
Ce film est à découvrir d'urgence !
Vu le 30 janvier 2011, à l’Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Mulder: