Titre original: | Ne nous jugez pas |
Réalisateur: | Jorge Michel Grau |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 89 minutes |
Date: | 03 septembre 2014 |
Note: | |
Le père d’une famille de cannibales meurt dans un centre commercial. Alors que la police s’intéresse sans trop de conviction à ce cadavre retrouvé avec un doigt dans le ventre, la mère soupçonne les prostituées que son mari allait voir régulièrement. Le fils aîné Alberto, introverti et peu sûr de lui, prend la succession de son père. Il sera désormais responsable de ramener des hommes ou des femmes à la maison, qui trouveront l’approbation de sa mère en vue d’être démembrés selon le rite ancestral de la famille.
Critique de Tootpadu
Les premières minutes de ce film mexicain intriguent fortement par leur capacité à susciter simultanément chez le spectateur une posture expectative, faute de disposer pour le moment des éléments nécessaires à la compréhension de l’intrigue, et une fascination qui résulte de la forme très posée avec laquelle le réalisateur Jorge Michel Grau commence à cerner ses personnages. Il existe certes déjà une petite touche macabre, à travers ces agents de nettoyage qui enlèvent le cadavre du père comme s’il s’agissait d’un détritus ordinaire, mais le regard finement élaboré de la mise en scène place initialement ce premier film dans le champ cinématographique des productions latino-américaines récentes, dont le ton flegmatique nous prépare curieusement aux revirements dramatiques, voire tragiques, qui mettront en perspective toute cette banalité ambiante.
Or, le basculement que nous infligera en fin de compte Ne nous jugez pas relève un peu trop du grotesque pour être assimilé organiquement à l’expression plus sophistiquée du malaise existentiel qui hante les personnages cannibales. La frustration sexuelle sert de base aux pièges tendus à la chair fraîche, à dévorer férocement. De l’aversion de la part de la mère contre les putes, tout comme des pulsions homosexuelles d’Alberto ne résulte cependant aucune surenchère viscérale, susceptible de rendre le récit plus palpitant. Séduire des partenaires sexuels et les éviscérer selon un rite jamais clairement expliqué, cela paraît relever pour les personnages de la même besogne fastidieuse, nécessaire pour préserver un style de vie plus contraignant qu’autre chose.
Les quelques éléments esthétiques et narratifs avec lesquels le film a su nous séduire au début, s’éclipsent progressivement au profit d’un récit plus décousu et au ton incertain. La référence au taco et à la sauce – lourdement reprise vers la fin – n’est alors que le point culminant d’une série d’écarts parfois involontairement comiques, qui minent irrémédiablement le sérieux plutôt appréciable avec lequel ce film très inégal avait su se démarquer au début.
Vu le 28 janvier 2011, à l’Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
S’il y a un film cette année dans la sélection officielle qui m'a déçu – comme ce fut le cas l'année dernière de Amer, par ailleurs un bon choix de titre vu le résultat final – c’est bien celui-ci !
Le postulat de départ certes intéressant – suite au décès du patriarche, une famille de cannibales modernes doit s'organiser pour ramener de quoi se nourrir (enfants, prostituées) – n'arrive malheureusement pas à retenir mon attention. On s'ennuie ferme face à ce film, qui n'ose pas se démarquer des autres films similaires. Au contraire, le réalisateur semble ne pas avoir de véritable contrôle par rapport à son film, sa direction d'acteurs laissant à désirer. Rien dans ce film n'arrive a transcender le genre auquel il se réfère.
Ce film, qui sortira directement en vidéo, risque de passer inaperçu, bien qu’il ait obtenu un prix à Gérardmer.
Vu le 28 janvier 2011, à l’Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Mulder: