
Titre original: | Mirages |
Réalisateur: | Talal Selhami |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 107 minutes |
Date: | 00 2011 |
Note: | |
Alors que sa femme va accoucher dans moins d'un mois, Saïd en a marre de vivre dans le quartier modeste de son enfance et de gagner une misère comme téléconseiller. Il participe par conséquent avec une certaine appréhension à l'entretien d'embauche pour un poste de cadre auprès de la multinationale Matsuika. Les méthodes de sélection de ses patrons potentiels s'avèrent toutefois peu orthodoxes, puisque Saïd et ses quatre concurrents doivent participer à une épreuve de vingt-quatre heures, qui commencent par un trajet dans un minibus dépourvu de vitres.
Entretien avec le réalisateur Talal Selhami
Critique de Tootpadu
La prémisse du premier film du jeune réalisateur franco-marocain Talal Selhami est des plus ingénieuses. Alors que les processus de sélection morbide ont la côte dans le cinéma d'horreur au plus tard depuis les phénomènes de Cube et surtout de Saw, les enjeux pour atteindre le but convoité par tous revêtent ici une connotation sociale clairement affichée. La leçon de survie par laquelle Saïd et ses compagnons de galère passent, ressemblent certes à l'odyssée de chaque personne échouée en plein désert. Mais leurs motivations pour participer à ce périple - dont nous ne savons d'ailleurs jamais tout à fait s'il est orchestré discrètement par l'entreprise pour tester l'esprit d'équipe et les capacités de meneur d'hommes de ses futurs employés - prennent leur origine dans une situation de départ précaire d'un point de vue économique et social.
Dommage alors que le scénario quitte progressivement cette mise en abîme d'un monde du travail de plus en plus cynique, pour accentuer les éléments fantastiques de l'intrigue. Tandis que les différents points de chute du parcours peuvent raisonnablement avoir été établis de la sorte par l'organisateur de l'épreuve, les hallucinations dont chacun des cinq personnages tombe tour à tour victime, relèvent d'un ordre mental plus fantaisiste. Elles auraient pu transporter Mirages vers un terrain narratif encore plus délirant, au lieu de précipiter simplement l'épreuve de sélection anodine dans le précipice de la folie meurtrière.
Quelques longueurs, un épilogue plutôt superflu ou pour le moins déroutant, et une mise en scène qui ne fait pas assez confiance à la force indéniable de l'idée de départ pour limiter les effets de style à un strict minimum, rendent notre impression générale de ce premier film plus mitigée qu'elle n'aurait dû l'être avec une telle prémisse en or.
Vu le 27 janvier 2011, à l'Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Le premier film d'un jeune réalisateur est toujours intéressant à découvrir, surtout s’il a été fait avec un budget très étroit. Cette pénurie des moyens a nécessité l’adaptation du scénario, en fonction des lieux de tournage, du casting et du nombre limité de jours disponibles.
Mirages repose donc sur cinq individus – quatre hommes et une femme – qui, suite à une expérience afin d'obtenir un poste, se retrouvent abandonnés en plein désert marocain, en proie à des visions et à des esprits diaboliques. Le désert, tel l'hôtel dans Shining semble être hanté et pousser inexorablement les personnages vers la folie, voire leur mort. Le jeune réalisateur Talal Selhami signe donc ici un premier film à la croisée de la série « Lost » et des films d'horreur mettant en scène des individus dans un lieu malsain.
Ce film se veut aussi une représentation du monde du travail marocain, vu à travers le regard du monde européen. Ce n’est pas un hasard que le personnage principal travaille dans un centre d'appel tel que ceux utilisés par les fournisseurs Internet actuels. Les salariés honnêtes semblent donc être exploités et doivent vivre dans des quartiers difficiles.
Après avoir présenté les personnages principaux, le film sombre tel un ouvrage de Stephen King peu à peu dans le fantastique pur et réussit à retenir l'attention du public, malgré un scénario qui aurait gagné à être plus élaboré. On sent bien que le réalisateur essaye de se dépatouiller de ce script limité, en y ajoutant ses propres idées (les visions).
Mirages est ainsi un premier film certes pas exempt de défauts, mais qui se laisse regarder avec attention. Il permettra surtout de découvrir que le cinéma fantastique ne connaît pas de frontières.
Vu le 27 janvier 2011, à l’Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Mulder: