Buried

Buried
Titre original:Buried
Réalisateur:Rodrigo Cortes
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:03 novembre 2010
Note:
Un homme se réveille ligoté et bâillonné dans une boîte. Après avoir réussi de se défaire de ses chaînes, il se rend compte qu’il est prisonnier dans un cercueil, enterré sous terre. La sonnerie d’un téléphone portable, placé à ses pieds par ses ravisseurs, lui donne l’espoir d’une issue à sa situation contraignante, voire dangereuse puisque l’air commence à se faire rare. Pendant une heure et demie, l’homme cherche à guider les secours jusqu’à lui, tout en essayant de rester en vie dans un espace exigu.

Critique de Tootpadu

Le deuxième film du réalisateur Rodrigo Cortes a tout d’un exercice de style brillant. Le défi de ne jamais sortir de l’espace restreint du cercueil et de conter le calvaire du seul personnage visible à l’écran quasiment en temps réel, ce jeune prodige, qui confirme par ailleurs la bonne santé du cinéma de genre espagnol, le remporte haut la main. De cette unité spatio-temporelle, encore accrue par la taille très réduite de la surface sur laquelle le protagoniste peut bouger, résulte une intensité narrative qui nous fait prendre part en direct à la course contre la montre pour sortir à temps de l’étau qui se resserre peu à peu. Par son dispositif qui s’attaque d’emblée à l’espace vital du personnage, et par répercussion ou identification directe au nôtre, Buried constitue un jeu astucieux du chat et de la souris, dont le dénouement reste incertain jusqu’au bout.
Filmer pendant plus d’une heure un homme dans une boîte, enfermé et coupé du monde extérieur, aurait sans doute représenté un projet cinématographique encore plus téméraire. L’existence du téléphone, avec lequel l’homme peut appeler à peu près tout le monde (ses ravisseurs, les autorités, ses proches), élargit considérablement l’horizon dramatique le long duquel l’intrigue peut évoluer. La situation de départ est toujours la même, mais au fil des appels, notre connaissance intime du personnage et notre espoir de le voir sortir in extremis de son terrier croissent simultanément. Ce n’est pas pour autant que le téléphone est un simple gadget ou une béquille sur laquelle la narration s’appuierait avec une facilité consternante, comme cela a pu être le cas avec le passage du serpent. Il s’intègre plutôt organiquement dans le récit haletant, tel une ligne de survie qui nous réserve son lot de désillusions et de moments incongrus.
Tandis que la malice avec laquelle Rodrigo Cortes termine son compte à rebours ne peut que remporter notre adhésion, le contexte irakien de l’enlèvement nous paraît déjà plus opportuniste. La construction du scénario en tire certes une légitimité relative, tout en jouant abondamment la carte de la banalité de cette situation pour tous ceux qui n’y sont pas directement confrontés, c’est-à-dire qui ne crèvent pas misérablement sous terre. Mais en même temps, le fait de savoir quelqu’un torturé de la sorte dans un environnement plus près de chez nous aurait peut-être encore accru le malaise que le film nous inspire magistralement.
Buried a donc du mal à dépasser le stade tout à fait respectable de l’exercice de style un brin opportuniste. La tension y est orchestrée d’une manière pointilleuse, mais l’impression d’étouffement est quelque peu relativisée par deux ou trois plans, qui sortent artificiellement des confins de la boîte pour montrer le personnage de loin dans tout son désespoir.

Vu le 11 septembre 2010, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le thriller en huis clos est une thématique récurrente au cinéma. Elle a souvent débouché sur des films d'horreur (Saw) et des thrillers réussis (Reservoir dogs, Piège de cristal, Phone booth) ou des ratages répétitifs (les autres épisodes de Saw et d'autres films d'horreur). Le film de Rodriguo Cortes s'impose comme une réussite majeure. Il concrétise surtout un pari impossible : maintenir l'attention du public en ne basant l'action du film que sur un cercueil en bois, enterré sous terre. Le seul personnage de ce film n'a en effet que 90 minutes et un portable à moitié chargé pour communiquer avec l'extérieur et trouver un échappatoire.

La grande force du cinéma espagnol est de ne pas chercher la fin heureuse à chaque fois. Dans la mouvance de REC, ce film s'impose comme une réussite tant sur la forme (décor glauque, aucun temps mort, relance constante de l'angoisse) que sur le fond (Ryan Reynolds s'impose par son jeu comme un acteur avec lequel il faudra compter).

De la même manière que Christian Bale a perdu une masse corporelle importante pour son rôle dans le film espagnol The Machinist de Brad Anderson, la transformation de Ryan Reynolds est profonde. Ce premier film aurait mérité le Grand prix du prochain festival de Gérardmer, tant il est bouleversant et viscéral. Il donnera au public une envie d'apprécier encore plus la vie.

Contrairement à la fin de REC, celle de ce film ne laisse guère d'ouverture à une suite et montre bien que le réalisateur maîtrise de bout en bout son premier film. La seule fausse note est la presence d'un serpent à un moment donné du film. Pur clin d'oeil à Indiana Jones ou effet de style guère réussi ? La question reste ouverte.

A voir impérativement dans la pénombre d'une salle de cinéma !

Vu le 11 septembre 2010, au Casino, Deauville, en VO

Note de Mulder: