Waking Sleeping Beauty

Waking Sleeping Beauty
Titre original:Waking Sleeping Beauty
Réalisateur:Don Hahn
Sortie:Cinéma
Durée:86 minutes
Date:06 octobre 2010
Note:
Alors que la production catastrophique de Taram et le chaudron magique en 1984 confirme le mauvais état de l’animation chez Disney, le studio est sur le point de se séparer du département qui avait jadis fait toute sa fierté. L’indignation publique de Roy E. Disney ouvre cependant la voie à une refonte complète de l’entreprise phare du monde du spectacle. Sous la direction de Michael Eisner et de Frank Wells, qui confient la rénovation de l’animation à Jeffrey Katzenberg et Peter Schneider, le studio créé par Walt Disney vit une renaissance fulminante, qui culmine dix ans plus tard avec la sortie du Roi Lion.

Critique de Tootpadu

Notre statut d’employé chez Disney depuis de longues années et le sentiment de reconnaissance que nous éprouvons malgré tout à son égard, pour nous avoir permis d’un point de vue matériel et administratif de nous installer à Paris, devraient nous rendre partiaux envers ce documentaire, qui célèbre l’avant-dernière grande époque de la maison de Mickey. Nous avons en effet vu suffisamment de reportages promotionnels dans le cadre de notre travail, pour savoir à quoi nous attendre quand Disney vante en grande pompe le royaume magique. En dépit de son aspect de délit d’initiés, qui ne fait appel qu’aux participants directs de l’aventure, aujourd’hui décédés (Roy E. Disney) ou démis de leurs fonctions (Michael Eisner et Jeffrey Katzenberg), et qui est produit et distribué par la maison mère en personne, Waking Sleeping Beauty séduit par son côté plutôt factuel.
Le parti pris du réalisateur Don Hahn consiste à ne montrer que des documents d’archives, reléguant par conséquent les interventions du présent à une voix off, qui n’indique les différents interlocuteurs que par le biais de bulles, comme on en trouve dans les bandes dessinées. Cette démarche permet à la fois de nous présenter une foule de documents assez personnels et confidentiels, qui nous autorisent à jeter, jusqu’à un certain point, un coup d’œil derrière les coulisses de la magie Disney, et d’éviter le dispositif ennuyeux – omniprésent dans la plupart des documentaires américains – des commentaires rétrospectifs, empreints d’une sagesse analytique qui atténue l’immersion dans une époque ancienne. Les souvenirs de l’époque faste de Disney dans les années 1980 et ’90 ont beau véhiculer une certaine mélancolie de la part des hommes d’affaires qui n’ont pas accédé à pareille gloire depuis, ils se démarquent également par la candeur avec laquelle Michael Eisner et compagnie reconnaissent les failles de cette usine à succès.
Tant mieux d’ailleurs, puisque le propos du documentaire aurait sinon tendance à dévier vers une hagiographie narcissique, telle une auto-félicitation pour avoir si durement et si bien travaillé à l’ascension de Disney au rang d’une multinationale dynamique et attentive aux innovations du marché. Aussi informatif soit-il, Waking Sleeping Beauty n’arrive hélas pas à une explication plus percutante pour l’éclatement de l’unité Eisner/Katzenberg que de le mettre sur le dos de leurs égos démesurés et de la disparition tragique de l’intermédiaire diplomate Frank Wells. Très bien documenté depuis l’intérieur de la fabrique des rêves, il lui manque par contre une ouverture d’esprit, capable de mettre le parcours impressionnant qu’il retrace dans un contexte économique et artistique plus large que la simple tradition Disney, perpétuée, voire pérennisé, sans aucun doute grâce à l’ingéniosité des ces quatre ou cinq hommes, sans lesquels rien de tout ce que nous connaissons de nos jours (Pixar, « High School Musical », les parcs Disney à travers le monde, …) n’aurait probablement existé.

Vu le 11 septembre 2010, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu: