Imperialists are still alive (The)

Imperialists are still alive (The)
Titre original:Imperialists are still alive (The)
Réalisateur:Zeina Durran
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:00 2010
Note:
A New York, l’artiste conceptuelle Asya apprend que son premier amour, le Libanais Faisal qui était censé épouser le mannequin Tatiana, a mystérieusement disparu à l’aéroport. Alors que Karim, le frère de Faisal, pense qu’il a été enlevé par les services secrets américains, Asya fait la connaissance de l’étudiant mexicain Javier, avec lequel elle commence une affaire. Convaincue qu’elle est à son tour surveillée par la CIA à cause de quelques photos provocantes avec des armes en plastique qu’elle a prises dans son studio, Asya va jusqu’à soupçonner Javier qu’il l’espionne. En même temps, son frère attend à Beyrouth son évacuation d’urgence à cause des bombardements israéliens.

Critique de Tootpadu

Il est quelque peu dommage que des films de la trempe de The Imperialists are still alive sont le plus souvent condamnés à tourner en boucle sur le circuit des festivals, faute d’un public potentiel assez important pour inciter les distributeurs les plus courageux à risquer une sortie en salles. Cela fait effectivement longtemps que nous n’avons plus vu de film sur le microcosme du milieu artistique de New York dans nos cinémas parisiens préférés. Même si l’on peut considérer que tout a déjà été dit sur cet univers en vase clos, écartelé entre des ambitions artistiques d’une prétention rarement égalée et l’appât du gain à cause de mécènes dépensiers, il doit bien encore rester, par-ci ou par-là, des histoires qui valent la peine d’être racontées. Difficile à dire cependant si celle d’Asya et de sa bande de copains sous l’emprise de la paranoïa en fait forcément partie …
Le ton incertain du premier film de la réalisatrice Zeina Durra nous laisse constamment dans le doute quant à ses intentions véritables. S’agit-il d’une satire sur l’intelligentsia de la côte est américaine, trop retranchée dans son quotidien de soirées mondaines pour garder la tête froide face à l’emballement anti-terroriste sur le territoire national et le chaos guerrier à l’étranger ? Ou bien au contraire d’une plongée innocente dans un milieu idéaliste qui tombe malgré lui victime de l’engrenage de la violence ? A moins que la mise en scène prenne au sérieux les inquiétudes et la révolte sourde du personnage principal, ce qui serait quand même étonnant, vu le début du film où Aysa procède soigneusement à la mise en place d’un auto-portait sur lequel elle pose nue, vêtue uniquement d’un foulard et d’une cigarette.
Le mystère participe donc au charme de ce film à l’esprit indépendant, qui permet surtout de susciter l’atmosphère d’une vie citadine, dont la précarité ne provient pas d’une pénurie de moyens financiers, mais de la peur que la nouvelle donne sécuritaire depuis le 11 septembre 2001 est censée nous inspirer. Fait avec trois bouts de ficelle, mais hélas sans des repères assez corrosifs pour produire autre chose que de la gentillesse à peine subversive, The Imperialists are still alive est un hommage sympathique, mais par définition guère innovant, à ce sous-genre de la production de New York, qui avait tendance à penser que le « Big Apple » équivalait au nombril du monde.

Vu le 10 septembre 2010, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu: