Abel

Abel
Titre original:Abel
Réalisateur:Diego Luna
Sortie:Cinéma
Durée:83 minutes
Date:12 janvier 2011
Note:
Hospitalisé depuis deux ans pour des problèmes psychologiques, le jeune Abel, neuf ans, rentre enfin à la maison. Sa mère Cecilia préfère le garder près d’elle, plutôt que de l’envoyer à la capitale, où il pourrait être soigné dans une unité spécialisée. Abel persévère d’abord dans son mutisme et son comportement autodestructeur. Mais un beau jour, il n’arrête plus de parler, comme s’il était le chef de famille, qui doit veiller sur son épouse Cecilia, sa fille aînée Selena, et son fils cadet Paul. Toute la famille accepte de jouer le jeu, ne serait-ce que pour ne pas contrarier Abel.

Critique de Tootpadu

Les larmes et le rire existent conjointement dans le premier film de l’acteur mexicain Diego Luna. Le destin d’un petit garçon qui se prend pour son propre père est en effet si joyeusement outrancier, qu’on en oublierait presque son fond sensiblement plus sérieux. Trouver le ton juste pour raconter cette histoire, sans tomber dans la farce ni la tragédie larmoyante, était primordial pour faire adhérer le public au quotidien agité de cette famille, en sursis depuis le départ soudain du père. Le pari est réussi, puisque la narration se garde bien de nous dévoiler d’emblée toutes les informations. Nous entrons ainsi dans cette maison inachevée, où les robinets fuient vigoureusement à la moindre mauvaise manipulation, avec un esprit ouvert, et même novice, quant aux raisons qui ont poussé Abel à se retrancher dans son for intérieur.
Les prouesses de la narration délicate ne s’arrêtent cependant pas là, car Diego Luna ne perd jamais de vue le cœur d’enfant de son protagoniste. L’adoption du rôle du père absent paraît comme la seule issue à l’âme tourmentée du garçon, avec tout ce que cela implique de situations incongrues et improbables. Celles-ci nous renvoient néanmoins à une conception touchante de l’innocence enfantine, qui croit encore qu’il suffit d’un baiser pour convoquer la cigogne. Les rapports jamais aisés entre ce monde imaginaire et une réalité impitoyable font indéniablement la force d’Abel.
Un homme charmant, un acteur au parcours en dents de scie, et maintenant un jeune réalisateur prometteur : Diego Luna a décidément toutes les cartes en main pour réussir. Grâce à l’interprétation très convaincante de ses jeunes comédiens – Christopher Ruiz-Esparza dans le rôle-titre en tête –, son premier film est la manifestation séduisante d’une sensibilité, qui tient plus au naturel de ses personnages dépassés par la situation, qu’au respect d’une logique dramatique, qui voudrait que tout soit bien qui finit bien.

Vu le 6 septembre 2010, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Diego Luna était connu jusqu'à maintenant en tant qu'acteur (Le Terminal, Open range). Avec Abel, il signe son premier film avec talent.

Abel est un enfant particulier qui, après avoir été interné dans un hôpital psychiatrique, réintègre sa famille monoparentale (absence du père) avec son petit frère et sa grande sœur. Ses troubles psychologiques vont faire qu'il va prendre le comportement de son père d'où des moments surréalistes et très conviviaux.

En dépit de ses personnages très attachants, ce premier film, produit notamment par deux autres comédiens, John Malkovich et Gael Garcia Bernal, manque par moments de rythme. Grâce à son interprète principal, Christopher Ruiz-Esperanza, il mérite d'être découvert. Nous sentons bien que Diego Luna y a place toute sa sensibilité de jeune père et d'acteur. Loin des sirènes hollywoodiennes, il a pu réaliser son premier petit film librement.

Un film et un jeune réalisateur à découvrir.

Vu le 6 septembre 2010, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: