Every day

Every day
Titre original:Every day
Réalisateur:Richard Levine
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:00 2010
Note:
Rien ne va plus dans la famille de Jeannie, lorsque son père, un vieux cynique qu’elle n’a jamais su supporter, s’installe chez elle. Alors que son mari Ned est de plus en plus absent, à cause de la pression grandissante au travail, Jeannie craque rapidement sous l’emploi du temps chargé que les soins de son père lui imposent. Il manque alors aux parents le temps de s’occuper de leurs propres enfants, dont Jonah qui vient de leur annoncer qu’il était homosexuel.

Critique de Tootpadu

Les sélections au festival du cinéma américain de Deauville se suivent et se ressemblent. Dans la catégorie des comédies familiales douces-amères, représentée l’année passée par City Island de Raymond De Felitta, nous avons cette fois-ci droit au premier film en tant que réalisateur du scénariste de séries Richard Levine. Au-delà de la participation d’Ezra Miller, ici dans le rôle du fils de famille en quête de son identité de jeune gay qui s’assume, les points communs entre ces deux films sont trop nombreux pour être passés sous silence. L’arrivée d’un intrus dans le cercle familial, auparavant d’une banalité sympathique, perturbe ainsi dans l’un comme dans l’autre l’équilibre. Elle permet surtout aux différents membres de la famille de faire le point, après avoir été absorbés auparavant dans la routine d’une vie quotidienne sans joie. Dans les deux films, l’élan libérateur s’opère avec un naturel désarmant, sans jamais trahir le cadre préservé d’une famille modèle, forcément imparfaite.
Le déraillement exempt de conséquences graves du train-train quotidien de cette famille type donne lieu à quelques séquences savoureuses. Richard Levine a visiblement mis à contribution son expérience en tant que scénariste et producteur de séries comme « Nip/Tuck » pour dresser un portrait outrancier des réunions de travail. Pendant ces dernières, le patron pousse son équipe de scribes à concocter des intrigues toujours plus choquantes. De même, le grand-père ingrat, campé sans prétention par un Brian Dennehy absent de nos écrans de cinéma depuis trop longtemps, souffre de suffisamment de maux réel ou imaginaires pour être plus que le vieillard de service, inclus pour attendrir le public. Enfin, le traitement de l’homosexualité adolescente est animé par un esprit progressiste, qui est hélas encore plus l’exception que la règle. Quelle bénédiction ce serait pour d’innombrables jeunes gays et lesbiennes mal dans leur peau, voire suicidaires, d’avoir des parents aussi compréhensifs que Ned et Jeannie.
Le cœur de Every day se trouve donc sans le moindre doute à la bonne place. Cette histoire d’une famille comme les autres n’accomplit certes rien d’extraordinaire. Mais sa démarche – loin de tout préjugé et d’une vulgarité facile à convoquer pour parler d’un jeune pédé, d’un mari adultère, ou d’un vieux aux fonctions corporelles défaillantes – porte en elle une telle humanité et une telle sympathie pour ses personnages, aussi fautifs soient-ils, qu’il nous paraît difficile d’y résister.

Vu le 6 septembre 2010, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu: