Runaways (Les)

Runaways (Les)
Titre original:Runaways (Les)
Réalisateur:Floria Sigismondi
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:15 septembre 2010
Note:
En 1975, Joan Jett et Cherie Curry ne peuvent que rêver de la révolution musicale – celle de David Bowie et Suzi Quatro – qui a lieu loin du milieu modeste dans lequel elles grandissent près de Los Angeles. Grâce à la persévérance de Joan, le producteur indépendant Kim Fowley accepte de leur donner une chance en tant que premier groupe de rock entièrement féminin. Après des débuts difficiles, le chant lascif de Cherie et les accords sauvages que Joan arrache à sa basse galvanisent la foule, surtout au Japon où les filles partent pour leur première tournée internationale.

Critique de Tootpadu

S’il n’y avait que l’une ou l’autre des jeunes vedettes à l’image proprette en quête d’un cachet sérieux à l’affiche de cette évocation de l’histoire trouble du groupe mythique The Runaways, on pourrait accorder le bénéfice du doute au premier film de la réalisatrice Floria Sigismondi, quant à ses motivations artistiques. Le fait de voir et Kristen Stewart, et Dakota Fanning tenter une volte-face assez osée, par rapport au registre très limité dans lequel elles évoluaient jusqu’à présent, nous rend toutefois ce film suspect. S’agit-il ici de plus qu’un prétexte pour mettre en valeur le talent dramatique insoupçonné des deux comédiennes d’une façon tellement opportuniste, que les autres qualités éventuelles du film passent obligatoirement à la trappe ? Ou bien le vol d’Icare du premier groupe glam rock féminin n’est-il autre chose qu’une énième histoire conventionnelle sur l’univers d’abord séduisant et puis néfaste du sexe, de la drogue, et du rock’n’roll ?
La mise en scène joliment stylisée cherche au moins temporairement à dissiper nos craintes et à nous plonger dans une époque où tout paraissait possible. Les méthodes du producteur illuminé, interprété sans la moindre retenue par Michael Shannon, pour mener ses filles vers le devant de la scène musicale sont ainsi suffisamment peu orthodoxes pour garantir un certain divertissement. Rapidement la courbe prévisible de la progression dramatique se profile pourtant, sans que la narration n’ajoute des éléments novateurs pour épicer tant soit peu ses ingrédients éprouvés. La seule constante dans le périple des Runaways paraît ainsi être l’impression que ces filles n’étaient jamais assez lucides pour prendre leur destin entre leurs mains. En tant que jouets condescendants d’une exploitation préméditée ou de circonstance, elles n’occupent à aucun moment une place suffisamment importante pour imposer leur loi ou leurs idées. En somme, la narration ne réduit pas assez la distance entre les spectateurs et les personnages pour faire passer le film du stade d’une observation détachée à celui, nettement plus engageant, d’un drame personnel à une forte valeur humaine.
Du coup, nous sommes presque soulagés d’avoir au moins les interprétations remarquables de Kristen Stewart et de Dakota Fanning pour y accrocher toute notre attention. Elles n’opèrent certes pas de miracle. Mais elles savent poser les fondements d’une transition réussie de leur réputation actuelle, respectivement celle d’une actrice exclusivement reconnue pour un univers à succès ou de la gamine gentillette, vers une carrière filmique plus diversifiée. Rares sont ceux qui sont arrivés à perpétuer leur célébrité de l’adolescence, voire de l’enfance, jusqu’à une filmographie respectable qui comprend toute une vie. Les Macauly Culkin, Shirley Temple, et Tatum O’Neal – qui fait d’ailleurs une brève apparition ici – sont légions, tandis que les carrières de longue haleine de la trempe d’une Elizabeth Taylor ou d’un Roddy McDowall se comptent sur les doigts d’une main. Bien entendu, il est trop tôt pour juger Stewart et Fanning à long terme. Aussi opportuniste et peu exceptionnel leur film commun soit-il, il nous permet néanmoins d’entr’apercevoir deux talents prometteurs, qui ont plus à offrir que l’étiquette de la fadeur insipide qu’on leur collait trop facilement jusqu’à présent.

Vu le 4 septembre 2010, au Casino, Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Certains musiciens et interprétés du monde musical transcendent leur époque et révolutionnent leur monde. Les Rolling Stones, les Beatles, AC/DC et U2 ont transcendé leur époque en y insufflant un nouveau son. A moindre niveau, Joan Jetts et les Runaways ont eu à leur début un certain succès et – aux dires de ce film – peuvent apparaître comme l'un des premiers girls band. Après les biographies filmiques réussies The Doors et Ray, la réalisatrice Floria Sigismondi nous livre un film simple et percutant. De la formation de ce groupe à leur séparation, rien ne nous est épargné. Tous les éléments sont réunis pour satisfaire l'attente des fans de ce groupe, y compris la présence en coulisses de Joan Jett. L'interprétation n'est pas en reste, avec un jeu inspiré de Dakota Fanning et surtout de Kristen Stewart, loin de son rôle de Stella dans Twilight.

Certes, les numéros musicaux sont filmés sans grande originalité et à différents moments, l'histoire contée manque de rythme et n'arrive pas à retenir toute mon attention. Le film marque cependant des points par son authenticité et le fait de nous faire découvrir un groupe américain qui n'a pas réussi à subsister, comme tous les Boys et Girls bands depuis.

Le festival de Deauville, loin de présenter des blockbusters américains qui firent sa réputation internationale, est actuellement le défenseur du cinéma indépendant. Ce film, présenté dans le cadre des films en avant-première nous conquiert pas totalement, malgré des efforts salutaires et le travail que l'on sent très documenté de la réalisatrice.

Vu le 4 septembre 2010, au Casino, Deauville, en VO

Note de Mulder: