
Titre original: | Metropia |
Réalisateur: | Tarik Saleh |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 85 minutes |
Date: | 00 2010 |
Note: | |
L'Europe de l'année 2024 est sillonnée par un immense réseau de métros, qui relie toutes les grandes villes du continent, en cette période de pénurie de pétrole. L'industrie des transports est dirigée par la multi-nationale Trexx, qui vend également le shampoing miracle Dangst. Dans la banlieue de Stockholm, Roger, un homme ordinaire qui préfère rouler en vélo au lieu de prendre le métro, s'inquiète pour son couple. Un matin, il commence à entendre une voix dans sa tête. Lorsqu'il croise dans la rue une belle femme blonde, qui ressemble à celle de la publicité pour Dangst, la voix lui dit de la suivre.
Critique de Tootpadu
Largué à la toute fin du festival de Gérardmer et montré hâtivement un quart d'heure avant l'horaire indiqué, ce film d'animation suédois aurait mérité une présentation sensiblement plus valorisante. Son évocation d'un futur morne et désespérant figure en effet parmi les très bonnes surprises de la sélection officielle. L'univers que le réalisateur Tarik Saleh y crée à travers ses choix plastiques portés sur la grisaille, n'est pas si loin des inquiétudes de notre monde contemporain. L'utopie d'une Europe unifiée, qui était jadis à l'origine de la communauté économique et politique, s'est traduit par un fâcheux effacement des particularités nationales, à quelques vestiges linguistiques près, et par la promotion frénétique d'une mobilité, qui transporte plus les corps flasques des habitants anonymes que les idées des visionnaires.
Il ne fait effectivement pas bon vivre dans cette société sans le moindre rayon de soleil. La morosité y est omniprésente et les personnages sont au mieux les pantins d'intérêts commerciaux, qui dépassent de loin une volonté individuelle quelconque. Le libre arbitre et la quête idéaliste de la liberté se sont figés en des clichés d'une activité besogneuse, comme le montrent les manifestants toujours aussi impuissants contre une mondialisation libérale et la médiocrité des citoyens qui végètent sans la moindre ambition dans un quotidien précaire et sans éclat. Le monde de Metropia est glauque et inhospitalier, avec la question mélancolique qui lui pèse sur la conscience pour savoir quel besoin d'un confort trompeur et nombriliste a bien pu pousser l'humanité vers une léthargie aussi pitoyable.
La gravité de la névrose existentielle et les préoccupations bénignes du quotidien ne laissent guère le temps au protagoniste apathique de jouer au héros. Roger est un personnage principal hautement improbable, qui se défend même de jouer un rôle actif dans le complot qui s'agence autour de lui. Son flegme ne le prédispose nullement à se révolter contre sa condition avilissante. Ce manque de verve et de qualités exemplaires le garde par conséquent à l'écart de la réussite et de la satisfaction personnelle, dans le cadre d'un monde qui appartient à ceux qui maîtrisent sans scrupules les stratagèmes des prédateurs ambitieux.
En dépit de la résignation de son propos, cette épopée de science-fiction réussit à nous passionner par son ton envoûtant. Son récit, aussi étrange et énigmatique que les films de Mamoru Oshii ou Renaissance de Christian Volckman, nous laisse constamment dans le doute et dans l'expectative d'un nouveau coup bas pour le pauvre héros malgré lui, à la fois attachant et méprisable. Le but du film n'est point de nous expliquer son esquisse probable d'un futur proche jusqu'au moindre détail, mais de nous embarquer dans un voyage onirique et sournoisement cauchemardesque, à partir d'une animation à la beauté tordue.
Pour réellement apprécier notre coup de coeur personnel du festival, il faut se laisser porter par son récit atypique, ainsi que par son animation magistrale, dont la virtuosité réside à la fois dans sa retenue et dans ses choix minimalistes pour imaginer un prolongement inquiétant de notre civilisation actuelle.
Vu le 31 janvier 2010, à l'Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Le dernier film que nous avons pu voir lors du festival de Gérardmer est un film d'animation suédois de science-fiction. Ce film part du principe que dans le futur, tous les réseaux du métro de tous les pays seront reliés et que la liberté individuelle ne sera plus une donnée ethnique. Le héros de ce film se verra même interdit de faire du vélo, car cette pratique est jugée illégale. De même, pour contrôler les citoyens de grands patrons seront prêts à tout pour accroître leur autorité. Le film met en évidence un shampoing futuriste, dont les citoyens sont mordus pour exercer ce contrôle.
Ce film est à mi-chemin entre un univers kafkaïen et un univers propre à Running man (le jeu télévisé ayant pour finalité de savoir quel étranger pourra rester en Europe). Les différentes thématiques abordées dans ce film lui permettent de retenir toute mon attention, malgré une animation follachonne. Nous sommes en effet loin de la pureté des films de Disney et de ceux de Dreamworks.
Ce film mérite d'être découvert, car il montre que la Suède n'est pas que représenté par la culture Ikea. Certains jeunes réalisateur pétrissent leur film avec de faibles moyens et un talent évident, qui force le respect.
Ainsi finit par ce film notre participation au festival de Gérardmer, édition 2010. Vivement l'année prochaine, en espérant que je pourrai m'y rendre de nouveau !
Vu le 31 janvier 2010, à l'Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Mulder: