
Titre original: | Survival of the dead |
Réalisateur: | George A. Romero |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 90 minutes |
Date: | 19 octobre 2010 |
Note: | |
L'invasion des zombies est devenue un fléau généralisé, que les rares survivants humains doivent gérer au jour le jour. Tandis que Sarge et trois de ses camarades ont déserté et sillonnent désormais le pays comme mercenaires, sur l'île idyllique de Plum au large du Delaware, les deux clans principaux s'opposent violemment sur la marche à suivre dans la gestion du problème sanitaire dû aux zombies. Le vieux O'Flynn insiste pour tuer d'une balle dans la tête tout mort-vivant probable, alors que Muldoon opte pour la captivité des zombies, dans l'espoir de les rééduquer un jour. O'Flynn est chassé de l'île et fait dès lors de la pub sur internet, afin d'attirer toutes sortes d'étrangers sur Plum et de saper ainsi l'autorité de son rival de toujours. Sarge et ses hommes répondent à son appel.
Critique de Mulder
George A. Romero est l'exemple parfait du réalisateur se contentant de vivre sur un mythe urbain qu'il a remis à jour dans les années 1980. Après avoir mis en scène La Nuit des morts vivants (1968) et Zombies (1978), son chef d' œuvre, il se parfait actuellement à nous livrer des films guère aboutis. De Land of the dead et Diary of the dead, je ne garderai aucun souvenir impérissable. Ces films sont juste des films d''exploitation, uniquement présents pour garantir à leur réalisateur un fond de retraite paisible.
Les deux premiers Morts vivants livraient aux spectateurs une critique appronfondie de notre société. Racisme, clivage social, société de consommation, média corrompu : la première trilogie devint culte par le fait de faire d'un film d'horreur un film à message.
Survival of the dead ne déroge pas à la règle des deux derniers films. Le manque de rythme évident, ainsi que le manque de scènes susceptibles de devenir cultes, font que ce film ne restera pas comme un film indispensable. Je lui préfère de loin le diptyque 28 jours plus tard et 28 semaines plus tard et L'Armée des morts.
Certes, on sent que le réalisateur a voulu transformer son film de morts vivants en un western apocalyptique. Mais on est loin ici d'un classique instantané comme Le Livre d'Eli. Aucun personnage principal fort ne retient mon attention. On somnole donc pendant ces longues 90 minutes et comme dans la dernière scène de Fight club, on assiste à le destruction d'un mythe, celui de George A. Romero. Le temps de la retraite a sonné pour lui et il devrait laisser la place à la relève.
Quand on voit son jouissif Nid de guêpes, un film de zombies par Florent Emilio Siri serait une idée parfaite pour remettre à jour la thématique des morts vivants. De même, une adaptation des Marvel Zombies serait un excellent concept.
Reste que Survival of the dead mériterait une sortie DVD directe et non une sortie en salles.
Vu le 30 janvier 2010, à l'Espace Lac, en VO
Note de Mulder:
Critique de Tootpadu
George A. Romero peut légitimement être considéré comme le réalisateur d'un seul genre, voire d'un seul sujet. A de très rares exceptions près, tous ses films tournent autour d'une invasion néfaste de zombies, à laquelle l'humanité se voit obligé de répondre de façons diverses. Une telle monotonie dans le choix scénaristique réduit forcément la marge de manoeuvre artistique et esthétique. Parallèlement, elle fournit l'occasion rare et précieuse d'étudier le style du réalisateur à travers une longue série de variations et de thèmes récurrents, qui peut en dire plus long sur les véritables qualités de George A. Romero, que la filmographie d'un cinéaste qui alterne les genres sans signature reconnaissable.
Ainsi, son nouveau film qui, vous l'aurez deviné, parle forcément de zombies, est une comédie macabre hautement inégale, dont les quelques défauts sont au moins aussi intéressants que ses éléments jubilatoires. Pendant longtemps, Survival of the dead est le film mis en scène avec le plus d'expertise et d'assurance, parmi la sélection du festival de Gérardmer vue jusqu'à présent. Tout le bagage cinématographique de George A. Romero transpire à travers l'introduction plutôt adroite, qui nous prépare presque trop bien à une énième guerre sanglante et jouissive contre les zombies. L'association entre le commando de mercenaires et la brigade de citoyens respectables - le tout sur fond d'une île typique de la Nouvelle-Angleterre mais peut-être un peu trop proprette pour les délires auxquels on s'attend de la part d'un Romero - aurait dû réinventer juste assez la recette éprouvée pour nous fournir un spectacle divertissant, avec quelques mises en garde sociales en prime.
Hélas, l'objectif initial de créer un film de zombies à l'humour narquois se perd quelque peu en route. Les baisses de ton et les séquences bancales, voire bêtes, interrompent suffisamment le flux narratif pour calmer notre enthousiasme du début. Il manque clairement quelques touches de finition, avant que l'on puisse considérer ce film comme une réussite indéniable. Les observations acerbes et à peine larvées sur la politique américaine y sont, tout comme un respect profond du genre et de ses codes. Mais l'agencement de ses pièces disparates ne se déroule pas avec une aisance et une élégance, qui seraient à même de nous faire oublier le parcours en dents de scie d'un récit désagréablement inégal.
Vu le 30 janvier 2010, à l'Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Tootpadu: