Titre original: | Moon |
Réalisateur: | Duncan Jones |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 93 minutes |
Date: | 16 juin 2010 |
Note: | |
La lune a été redécouverte comme source insoupçonnée d'énergie, grâce à laquelle les trois quarts des besoins de l'humanité peuvent être satisfaits. Sur la station d'extraction du précieux gaz Hélium3, le technicien Sam Bell est en poste depuis bientôt trois ans, avec l'ordinateur de bord Gerty comme seule compagnie pour surveiller les trois pelleteuses automatiques. Il se languit de retourner dans deux semaines sur Terre, pour y retrouver sa femme Tess et sa fille Eve. Mais lorsqu'il se réveille après un accident d'exploitation, Sam apprend qu'il n'est pas aussi seul sur la station Sarang qu'il ne le pensait.
Critique de Tootpadu
La thématique de ce film anglais partage quelques points avec Cargo, l'autre film de science-fiction sélectionné cette année au Festival du Film fantastique de Gérardmer. Dans les deux films, il est question de tromperie au profit du maintien précaire de la civilisation humaine, qui est dévoilée dans les deux cas par un héros solitaire, qui devra payer cher sa révolte contre un système parfaitement calibré de l'exploitation plus ou moins directe de l'homme. En cela, le cinéma européen tient compte de nos préoccupations contemporaines, depuis des années sous le signe de la paranoïa, de l'appréhension de la manipulation, et de la panique de voir notre habitat naturel se décomposer devant nos yeux. Les deux films commencent même d'une façon identique : avec un message publicitaire qui loue le progrès atteint grâce à l'invention de nouvelles technologies ou de nouveaux havres de paix, qui restaurent l'état paradisiaque d'avant le fourvoiement environnemental de l'âge industriel.
Contrairement à la production suisse, le premier film de Duncan Jones ne relâche jamais la tension et sait mener solidement jusqu'au bout son récit sur l'abus d'un homme au profit de la société. L'absence d'un ennemi visible et par conséquent attaquable de front permet en plus à l'intrigue de ne jamais dégénérer en un spectacle vide de sens. L'origine du danger à l'intérieur même du protagoniste, et plus largement sa corruption viscérale contre sa volonté, ajoutent encore à l'épaisseur du récit. La nature énigmatique du scénario ne se réduit pas à quelques révélations fracassantes. Au contraire, la douce détermination de Sam Bell, plus dubitatif que blasé, exerce une influence apaisante sur cette course contre la montre vaguement pressante.
Ainsi, Moon est un film de science-fiction atypique, qui ne révolutionne pas le genre, mais qui sait y apporter une petite touche personnelle fascinante, à défaut d'être passionnante. L'aspect le plus révélateur de l'état d'esprit du film est sans doute l'ordinateur à la voix indéfinissable de Kevin Spacey. On ne sait jamais trop s'il va aider Sam dans sa quête, ou s'il va se tourner contre lui, à l'image de HAL dans 2001 L'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Cette ambiguité, mi-rassurante, mi-inquiétante, est ce qui rend la vision de Moon aussi gratifiante.
Vu le 29 janvier 2010, à l'Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
A ce jour, Moon est de loin le film le plus abouti de la sélection officielle de ce Festival du film fantastique de Gérardmer, par l'assemblage de différents éléments.
L'histoire est assez simpliste en soi. Elle narre la prise de conscience du clone d'un astronaute sur la lune. La vie d'un tel clone ne peut pas dépasser trois années d'existence. Celui-ci est ainsi voué à une mort certaine. Ce film narre donc avec virtuosité ce qu'est exactement un être humain. Un tel être ne peut exister qu' en contact avec d'autres humains. Le fait que le personnage principal, interprété par l'excellent comédien Sam Rockwell, se retrouve être le seul humain pendant pratiquement tout le film renforce cette idée d'appartenance.
Moon repose aussi sur des effets spéciaux élaborés, mettant en avant la station spatiale où se situe l'action. A cela rajouter que la voix du robot Gerty est celle de Kevin Spacey. Ce film témoigne une fois de plus que pour réussir un film de science-fiction, il faut respecter quelques règles, soit des effets spéciaux convaincants, une interprétation solide et un scénario convenable.
Je ne saurai donc trop vous conseiller ce film.
Vu le 29 janvier 2010, à l'Espace Lac, Gérardmer, en VO
Note de Mulder: