Ultimate game

Ultimate game
Titre original:Ultimate game
Réalisateur:Mark Neveldine, Brian Taylor
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:09 septembre 2009
Note:
Dans un futur proche, le nouveau jeu interactif "Tueurs" rencontre un immense succès à travers la planète. Conçu par l'informaticien milliardaire Ken Castle, déjà à l'origine de "Société" où les joueurs pouvaient s'adonner à toutes sortes de fantasmes par acteurs interposés, le nouveau divertissement consiste en des combats sanglants entre des prisonniers condamnés à mort. Alors que la plupart des participants se font massacrer au bout d'une poignée de duels, le gladiateur des temps modernes Kable n'est plus qu'à trois victoires du chiffre fatidique des trente jeux remportés, qui correspondra à sa libération. Guidé par Simon, un adolescent surdoué, Kable espère y parvenir, afin de retrouver sa femme et sa fille. Mais les opérations de sabotage du groupuscule résistant Humanz et les intérêts commerciaux de Castle rendent sa survie peu probable.

Critique de Tootpadu

Chaque époque a les films qu'elle mérite. Tandis que la progression de l'esthétique du clip et de la télé-réalité s'était reflétée au cinéma dès les années 1990, avec des films aussi emblématiques et potentiellement mal vieillissant que Roméo et Juliette de Baz Luhrmann et Tueurs nés de Oliver Stone, notre décennie tient davantage compte des réalités virtuelles, explorées jadis timidement par exemple dans Strange days de Kathryn Bigelow. De même, les jeux à échelle humaine peuvent se prévaloir d'une tradition cinématographique assez longue, depuis Le Prix du danger de Yves Boisset et son remake américain officieux Running Man de Paul Michael Glaser dans les années 1980, ou bien Rollerball de Norman Jewison et son remake raté par John McTiernan.
Hélas, la troisième réalisation du tandem Neveldine/Taylor s'apparente surtout à Rollerball version 2002, avec tout ce que cela implique en termes de lacunes nauséabondes dans pratiquement tous les domaines. A commencer par l'aspect visuel, qui traduit la prémisse du jeu virtuel par une esthétique du clip permanent, mille fois plus déroutante, laide et impossible à suivre que tout ce que Michael Bay a déjà pu commettre comme atrocité filmique ! Bien sûr, l'explosion accablante des tics formels a pour seule finalité d'épater les spectateurs les moins exigeants du point de vue de la consistance esthétique et de la logique scénaristique d'un film. Car toute cette agitation survoltée et péniblement creuse ne se met nullement au service de l'avancement de l'intrigue. Même les écarts tellement aberrants qu'ils deviennent presque intéressants, tel la séquence verte dans Rollerball de John McTiernan, se font excessivement rares. Seulment quand le méchant Castle se met tout d'un coup à chanter et danser sur du Sammy Davis Jr., le crétinisme formel du film trouve un équivalent fugace d'imprévisibilité scénaristique pas entièrement déplaisante.
Pour le reste, la distribution très éclectique est gâchée sans état d'âme dans un festin de nihilisme répugnant. Si au moins l'action évoluait autour d'un semblant de cohérence scénaristique, c'est-à-dire le déroulement à peu près logique et organique d'une histoire pas entièrement dépourvue d'enjeux, nous aurions peut-être pu trouver un intérêt quelconque à Ultimate game. Mais dans l'état, cette bouse filmique, d'une violence physique gratuite au moins aussi néfaste que son pendant esthétique, ne nous inspire que du dégoût !

Vu le 21 juillet 2009, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le fait de retrouver Gerard Butler dans un film d'action après l'avoir découvert dans l'adaption d'un comics culte (300) peut se révéler être un plaisir coupable. Comme l'est le fait de pouvoir écouter l'excellente reprise de Marylin Manson ("Sweet dreams (are made of..)") dont le film utilise à plusieurs reprises toute la force. A vrai dire, Mark Neveldine et Brian Taylor avaient déjà retenu toute mon attention avec leur précédent film Hypertension. Ces deux compères semblent s'imposer de film en film comme des réalisateurs prêts à tout pour retenir l'attention des spectateurs. Leur mise en scène très dynamique et très musclée nous le montre clairement.

Leur second film est donc un concentré de films d'action comme nous pouvions en voir souvent à la fin des années 1980 et nous rappelle fortement Le Prix du danger (film français avec Gérard Lanvin) et Running man avec Arnold Schwarzenegger. Ce film peut aussi être vu comme la vraie adaptation du jeu vidéo "Doom" (le film s'inspirant de ce jeu n'en reprenait pas le concept dans sa façon de montrer les scènes de combat). Certes, beaucoup de critiques, comme Tootpadu, risquent de ne pas apprécier ce film d'action à sa juste valeur. Mais on doit bien reconnaître le jeu très inspiré de Michael C. Hall ("Dexter"), Zoe Bell et Alison Lohman, que j'avais adoré dans Jusqu'en enfer. On retiendra ainsi deux moments très forts dans ce film : la scène où Kable arrive à se sauver hors des scènes de combats et celle où Michael C. Hall reprend d'une façon très inspirée la chanson "I've got you under my skin".

La grande force de ce film, c'est qu'il est un pur moment d'adrénaline, où les scènes de tuerie sont montrées sans aucune censure et nous rappellent par moments la scène du débarquement en Normandie du film de Steven Spielbeg, Il faut sauver le soldat Ryan. Ainsi, si vous recherchez un film d'action réussi, qui nous montre en même temps une vision très négative de notre futur, tellement réaliste au vu de la dérive de programmes de télé-réalité de certaines chaînes, ce film s'impose comme un des films à découvrir d'urgence. Voilà du cinéma sans concession, qui tache réellement et qui nous montre qu'il y a encore des réalisateurs américains assez dingues pour nous livrer des films d'action puissants, exaltants et jouissifs. J'attends avec une réelle impatience Crank 2, qui s'annonce encore plus dépravé que le premier opus.

Vu le 21 juillet 2009, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder: