Deces - Chris Marker

Par Tootpadu, 30 juillet 2012

Le cinéaste français Chris Marker est décédé hier, le jour de son 91ème anniversaire, à Paris. Il était à la fois une des figures les plus discrètes et les plus fascinantes du cinéma français de la deuxième moitié du XXème siècle. A travers une œuvre foisonnante de documentaires, de courts-métrages, de textes et de photos, il a jeté un regard passionnant sur notre époque et plus globalement sur l’image et le rapport que nous entretenons avec elle.

En 1953, Chris Marker avait co-signé avec Alain Resnais le court-métrage Les Statues meurent aussi sur l’artifice du colonialisme en Afrique, suivi par des documentaires, en solo et soit courts ou soit plus longs, comme Dimanche à Pékin, Lettre de Sibérie, Description d’un combat et Cuba si. Dès la fin des années 1950, il s’était également essayé à la fiction à travers le court Les Astronautes, co-réalisé avec Walerian Borowczyk, auquel succédera peu de temps après son œuvre la plus connue du grand public, La Jetée, un moyen-métrage de science-fiction dont Terry Gilliam s’inspirera pour L’Armée des douze singes.

Avec son film suivant, Le Joli mai avec une narration de Yves Montand, Chris Marker revenait au documentaire, puisqu’il y interrogeait les Parisiens au moment de la guerre d’Algérie. L’engagement politique du réalisateur ne faiblissait guère par la suite, puisqu’il supervisait le documentaire collectif Loin du Vietnam à travers lequel Agnès Varda, Jean-Luc Godard, Joris Ivens, William Klein, Claude Lelouch et Alain Resnais s’interrogeaient cette fois-ci sur la guerre des Américains. Comme Godard, Marker s’impliquera temporairement dans un groupe d’artistes militants, Iskra, tout en en tirant le bilan lucide des espoirs déçus dans l’épique Le Fond de l’air est rouge en 1977.

Chris Marker signe son dernier film majeur avec Sans soleil en 1983, un voyage expérimental à travers les continents. Il dresse le portrait de son confrère Akira Kurosawa dans le documentaire A.K. deux ans plus tard et se tourne avec l’avènement des médias virtuels vers des formes d’expression filmique encore plus indépendantes des chaînes de production traditionnelles. Son dernier film distribué au cinéma était Level Five en 1997.

Chris Marker a été nommé deux fois aux Césars, dans la catégorie du Meilleur montage pour Le Fond de l’air est rouge et dans celle du Meilleur court-métrage documentaire pour Junkopia. Il avait remporté le César pour ce dernier. Il avait également été récompensé à deux reprises du prix Jean Vigo du Meilleur court-métrage, pour Les Statues meurent aussi et La Jetée.