Deces - Elizabeth Taylor

Par Tootpadu, 23 mars 2011

De son vivant, elle était déjà une icône à la fois du cinéma, grâce à un quart de siècle comme une des actrices les plus belles et les plus recherchées de Hollywood, et de la culture populaire, en tant que vedette dont la vie privée, rythmée par ses nombreux mariages et problèmes de santé, était inlassablement tirée en public. Désormais, l’actrice anglo-américaine Elizabeth Taylor a rejoint le panthéon des légendes du grand écran, puisqu’elle est décédée ce jour des suites d’une insuffisance cardiaque à l’hôpital Cedars-Sinai de Los Angeles, où elle avait été admise il y a six semaines. Elle était âgée de 79 ans.

Née à Londres de parents américains, Elizabeth Taylor avait commencé sa carrière au cinéma dès le milieu des années 1940, dans des films familiaux comme La Fidèle Lassie et Le Courage de Lassie de Fred Wilcox, et le très populaire Grand national de Clarence Brown. A la même époque, elle jouait également, entre autres, dans Jane Eyre de Robert Stevenson, Les Blanches falaises de Douvres de Clarence Brown, Mon père et nous de Michael Curtiz, Les Quatre filles du docteur March de Mervyn Le Roy, ainsi que Le Père de la mariée de Vincente Minnelli et sa suite Allons donc papa.

L’actrice avait interprété son premier rôle principal adulte en 1951 dans Une place au soleil de George Stevens, qui lui avait permis de décrocher pendant les cinq années suivantes d’autres rôles principaux dans des productions MGM sans trop d’ambitions artistiques, tels que Ivanhoé de Richard Thorpe, La Piste des éléphants de William Dieterle, Rhapsodie de Charles Vidor, Le Beau Brummel de Curtis Bernhardt, et La Dernière fois que j’ai vu Paris de Richard Brooks. C’est sa deuxième collaboration avec George Stevens, dans Géant, qui allait démarrer la période la plus somptueuse de la carrière d’Elizabeth Taylor.

Du milieu des années 1950 jusqu’à celui de la décennie suivante, l’actrice allait en effet enchaîner une série quasiment sans faute de classiques du cinéma, accompagnée d’un gain considérable en notoriété internationale, en argent, et en maris, sans oublier ses quatre nominations successives aux Oscars et ses deux récompenses suprêmes. Le premier film, encore modeste, de cet âge d’or d’Elizabeth Taylor était L’Arbre de vie de Edward Dmytryk, suivi de près par La Chatte sur un toit brûlant de Richard Brooks, Soudain l’été dernier de Joseph L. Mankiewicz, La Vénus au vison de Daniel Mann, Hôtel International de Anthony Asquith, le mastodonte Cléopâtre de Mankiewicz pour lequel elle avait reçu le salaire inouï à l’époque d’un million de dollars, Le Chevalier des sables de Vincente Minnelli, et pour finir son interprétation magistrale dans Qui a peur de Virginia Woolf ? de Mike Nichols.

Après ce tour de force mythique, la carrière d’Elizabeth Taylor ralentissait progressivement. Alors que le restant des années 1960 était encore clément avec l’actrice vieillissante, puisqu’elle était à l’affiche de films comme La Mégère apprivoisée de Franco Zeffirelli, Les Comédiens de Peter Glenville, Reflets dans un œil d’or de John Huston, Boom ! et Cérémonie secrète de Joseph Losey, la suite de son parcours cinématographique était plutôt pauvre en films marquants, comme L’Oiseau bleu de George Cukor, Hammersmith is out de Peter Ustinov, et Le Miroir se brisa de Guy Hamilton, avant qu’il ne se termine définitivement avec La Famille Pierrafeu de Brian Levant en 1994.

Elizabeth Taylor avait été nommée cinq fois à l’Oscar de la Meilleure actrice et l’avait remporté à deux reprises, pour La Vénus au vison et Qui a peur de Virginia Woolf ?. Elle avait reçu l’Oscar honorifique Jean Hersholt en 1993 pour son travail humanitaire, ainsi que la même année, le prix de l’American Film Institute pour l’ensemble de son œuvre, en 1985, le Cecil B. DeMille Award de la presse étrangère à Hollywood, et en 1998, le prix du syndicat des acteurs. Elizabeth Taylor était devenue Dame Elizabeth en 1999.

Une amie fidèle de Montgomery Clift, Rock Hudson, et Michael Jackson, Elizabeth Taylor s’était mariée huit fois. Son deuxième mari était l’acteur anglais Michael Wilding, son troisième le producteur américain Michael Todd, qui était mort dans un accident d’avion en 1958, son quatrième le chanteur Eddie Fisher, qu’elle avait piqué à Debbie Reynolds, et son cinquième et sixième, puisqu’ils s’étaient remariés après le premier divorce, l’acteur gallois Richard Burton, avec lequel elle formait un des couples les plus emblématiques du XXème siècle.

Depuis des années une activiste humanitaire engagée en faveur de la recherche contre le sida, Elizabeth Taylor avait connu un lot considérable de problèmes de santé, qui avaient failli l’achever plus d’une fois. Souffrant de douleurs chroniques au dos suite à divers accidents, l’actrice avait été gravement malade d’une pneumonie en 1960, à laquelle elle n’avait survécu que grâce à une trachéotomie. Elle avait été opérée d’une tumeur bénigne au cerveau en 1997. Et elle avait enchaîné les visites à l’hôpital ces dernières années, notamment en raison de l’insuffisance cardiaque diagnostiquée en 2004, qui lui a finalement été fatale.