Deces - Charlton Heston

Par Tootpadu, 06 avril 2008

La série noire des vedettes mortes en 2008 ne s'arrête toujours pas, puisque c'est une autre figure légendaire du cinéma hollywoodien du dernier demi-siècle qui nous quitte en la personne de Charlton Heston. L'acteur américain est décédé hier à l'âge de 84 ans, des suites de la maladie d'Alzheimer. Il s'était retiré de la vie publique en août 2002, en annonçant sa maladie. Heston souffrait également d'un cancer du pancréas.

Comme toute star de premier ordre qui se respecte, Charlton Heston faisait parler de lui autant à travers ses films, dont de nombreuses oeuvres marquantes du cinéma populaire américain, que par le biais de ses activités privées. Marié avec la même femme pendant soixante-quatre ans, Heston était plus controversé dans le domaine politique. Il y a accompli une transition à peu près aussi contrastée que celle de son ami Ronald Reagan : alors que l'acteur était une des figures emblématiques à Hollywood de la lutte pour l'égalité raciale dans les années 1960, allant jusqu'à manifester aux côtés de Martin Luther King Jr., il était connu surtout vers la fin de sa vie pour sa position intransigeante en faveur du port d'armes. Une de ses dernières apparitions, involontaire, sur grand écran était ainsi l'entretien avec Michael Moore dans Bowling for Columbine, où le réalisateur cherchait en vain à tirer une réaction du président vieillissant de l'Association Nationale des Armes à feu. Charlton Heston avait occupé ce poste de 1997 à 2003, en prenant parfois des positions proches des idées de l'extrême droite.

Sa personnalité fictive était infiniment moins méprisable, puisque Charlton Heston a incarné de nombreux héros légendaires du Septième Art. Sa carrière avait commencé réellement avec Sous le plus grand chapiteau du monde en 1952, ce grand spectacle boursouflé de Cecil B. DeMille, qui avait reçu l'Oscar du Meilleur film. Au cours des années 1950, Heston s'est distingué comme champion du box-office, dans Les Dix commandements de DeMille encore, où il tenait le rôle de Moïse, et Ben-Hur de William Wyler, l'épopée aux 11 Oscars, dont celui du Meilleur acteur pour Heston. Il était également à l'affiche de La Furie du désir de King Vidor, avec Jennifer Jones, Les Grandes espaces de William Wyler, avec Gregory Peck, et surtout l'excellent La Soif du mal, pour lequel Heston avait insisté d'avoir Orson Welles comme réalisateur.

Les années 1960 confortaient le rôle de Charlton Heston à Hollywood. Il continuait à tourner des films épiques et luxueux, comme Le Cid d'Anthony Mann, avec Sophia Loren, Les Cinquante-cinq jours de Pékin de Nicholas Ray, avec Ava Gardner, et L'Extase et l'agonie de Carol Reed, dans le rôle de Michelange. Mais vers la fin de la décennie, il s'intéressait davantage aux anti-westerns dans l'air du temps, comme Major Dundee de Sam Peckinpah et Will Penny, le solitaire de Tom Gries. Il était également à l'affiche de films aussi anti-conformistes que Le Seigneur de la guerre et le classique de la science-fiction La Planète des singes, tous les deux de Franklin J. Schaffner.

Enfin, dans les années 1970, désormais affublé d'un hideux toupet, Charlton Heston a subi le sort de la plupart de ses contemporains, en jouant, à l'exception de deux films de science-fiction mémorables (Le Survivant de Boris Sagal et Soleil vert de Richard Fleischer), dans des films catastrophes à la chaîne (747 en péril et Tremblement de terre), des films de guerre (La Bataille de Midway) ou des westerns sans ambition. A cette époque, Heston campait un improbable Cardinal Richelieu dans Les Trois mousquetaires et sa suite de Richard Lester.

Largement au chômage pendant les années 1980, à quelques séries de télé comme "Les Colby" près, Charlton Heston a fait un petit retour pas sans mérité à partir des années 1990, où il tenait des seconds rôles dans des films comme Tombstone de George Pan Cosmatos, True Lies de James Cameron, L'Antre de la folie de John Carpenter, Hamlet de Kenneth Branagh, L'Enfer du dimanche de Oliver Stone et le remake de son classique La Planète des singes par Tim Burton. Il a prêté également sa voix grave au dessin animé Hercules et à la narration de Armageddon de Michael Bay.