Deces - Buttons, Oury, Warden & Mako

Par Tootpadu, 24 juillet 2006

Dire que la canicule ne convient pas aux personnes âgées serait sans doute tirer des conclusions trop rapides et surtout trop macabres. Mais toujours est-il qu'au cours des dix jours passés, trois hommes de cinéma, tous octogénaires avancés, nous ont quittés.


Le groupe des vétérans américains des seconds rôles a été le plus durement touché. A commencer par Red Buttons, disparu le 13 juillet à l'âge de 87 ans. Après des débuts à la télévision, Buttons avait son premier rôle marquant dans le drame de guerre Sayonara de Joshua Logan, pour lequel il avait obtenu l'Oscar du meilleur second rôle masculin en 1958. Par la suite, il partageait son temps entre la télévison et le cinéma, où l'on pouvait le voir au fil des ans dans des films comme Hatari ! de Howard Hawks, l'épopée du débarquement en Normandie Le Jour le plus long, On achève bien les chevaux de Sydney Pollack, et L'Aventure du Poseidon de Ronald Neame. Il apparaissait pour la dernière fois sur les écrans français dans l'ennuyeux Une vie à deux de Rob Reiner en 1999. Sur le petit écran, son dernier personnage était celui de Ruby Rubadoux dans "Urgences" pour lequel il avait été nommé aux Emmys l'année passée.


Six jours plus tard, c'est l'acteur Jack Warden qui nous a quittés à l'âge de 85 ans. Même si le déroulement de sa carrière s'apparente à celui de Buttons, Warden avait su s'imposer dans davantage de seconds rôles mémorables. Dès le célèbre Tant qu'il y aura des hommes de Fred Zinnemann en 1953, le visage sympathique de Jack Warden avait retenu l'attention du public, avant de connaître un premier rôle en or sous les traits du juré n°7 dans le magnifique Douze hommes en colère de Sidney Lumet en 1957. Tout en travaillant abondamment pour la télévision, notamment dans la série "Harry Fox, le vieux renard" au milieu des années 1980, Jack Warden enchaînait les films prestigieux comme L'Odyssée du sous-marin Nerka de Robert Wise, Shampoo et Bienvenue Mister Chance de Hal Ashby, Les Hommes du président d'Alan J. Pakula, Le Ciel peut attendre de Warren Beatty et Buck Henry, Mort sur le Nil de John Guillermin, Justice pour tous de Norman Jewison, Le Verdict et L'Avocat du diable de Sidney Lumet, September, Coups de feu sur Broadway et Maudite Aphrodite de Woody Allen, Toys de Barry Levinson, ainsi que Bulworth de Warren Beatty. Jack Warden avait été nommé deux fois à l'Oscar du meilleur second rôle masculin pour Shampoo et Le Ciel peut attendre. Au bout de plus de 150 interprétations, il est cependant dommage que sa carrière se soit achevée sur le très minable Les Remplaçants.


Et puis, on vient d'apprendre la mort de l'acteur d'origine japonaise Mako, décédé le 21 juillet d'un cancer à l'âge de 72 ans. De son vrai nom Makoto Iwamatsu, l'acteur avait suivi ses parents aux Etats-Unis juste avant le début de la Deuxième guerre mondiale. Devenu citoyen américain en 1956, Mako s'était engagé activement tout au long de sa vie pour une meilleure intégration et de meilleurs rôles pour les acteurs asiatiques dans le cinéma américain. Il avait fondé notamment la compagnie théâtrale "East West Players" à Los Angeles. Aussi actif que Buttons et Warden à la télévision, Mako s'était fait un nom au cinéma grâce à son rôle dans La Cannonière du Yang-Tse de Robert Wise, pour lequel il avait été nommé à l'Oscar du meilleur second rôle masculin en 1967. Par la suite, il acceptait de nombreux rôles sur le petit et grand écran, notamment dans la série "M*A*S*H", les deux films de Conan, Crying Freeman de Christophe Gans, Sept ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud, Pearl Harbor de Michael Bay, et Mémoires d'une geisha de Rob Marshall.


Enfin, rendons hommage à Gérard Oury, ce grand homme du cinéma populaire français des années 1960 aux années '80, qui est enterré en ce moment au cimetière de Montparnasse après s'être éteint mercredi dernier, le 19 juillet, à l'âge de 87 ans. Le Corniaud, La Grande vadrouille, La Folie des grandeurs, Les Aventures de Rabbi Jacob et L'As des as, autant de chefs-d'oeuvre du rire qui font depuis longtemps partie intégrante de la culture française. La relève semble cependant assurée puisque Danièle Thompson, la fille d'Oury, commence à trouver ses marques dans la comédie française. Toutes nos condoléances à Michèle Morgan, l'actrice aux beaux yeux et l'épouse d'Oury pendant cinquante ans, qui se remettra, on l'espère, de cette disparition.