Entretiens - Interview de Peter Strickland The Duke of Burgundy.

Par Mulder, Paris, Hotel Raphael, 27 avril 2015

Notre interview :

Lors de cet entretien, le réalisateur est revenu sur le processus de création de son film notamment sur l’approche entomologiste et naturaliste du monde des insectes.

Il a également précisé que cela fut assez facile de caster la comédienne Chiara D'Anna sur ce film car il avait déjà travaillé avec elle dans son précédent film. Selon lui, elle avait la bonne tonalité de voix et le bon look pour ce film. Pour la comédienne Sidse Babett Knudsen ce fut un peu différent, il avait entendu parler d’elle. Le réalisateur fut très content de travailler avec elle pendant le tournage de ce film.

Concernant sa collaboration avec le groupe Cat’s Eyes, le réalisateur a trouvé qu’il avait la bonne sensibilité pour illustrer ce film. Ce fut un excellent choix selon lui. Ils ont même pris des instruments de musique que nous n’entendons plus actuellement mais qui étaient utilisés dans les années 70 pour les musiques de films (flûtes, haut-bois). Le réalisateur ne voulait pas par contre que l’ambiance sonore domine ce film. L’objectif était de donner un film très sensuel. Les insectes devaient être simplement utilisés tels qu’ils sont. Le film était nettement plus orienté vers l’idée de choisir les bonnes illustrations sonores.

Le film repose sur la relation ambiguë entre deux femmes, le réalisateur a été plus sensible au paradoxe de la personne dominée que celle qui exerce son pouvoir. Ce fut très intéressant également de voir le jeu entre ces eux femmes car on a pu explorer réellement cette idée, ce qui se passe réellement dans cette situations de dominant et de dominé. C’est la performance la chose la plus intéressante comme l’a signalé le réalisateur.

L’improvisation ne pouvait pas réellement trouver sa place à travers le scénario qui sert de base à ce film. Le langage du corps occupe une place importante dans le récit. Cependant pour certaines scènes, nous avons pu prendre du recul. L’idée de répétition de la vie qui occupait une place importante dans le film Berberian Sound Studio est également utilisée dans ce film même si le contexte est différent afin de renforcer le lien avec les deux principaux personnages.

Le réalisateur est également revenu sur cette scène avec les papillons et sur le moyen de la tourner. L’image et le son occupent une place importante dans celle-ci. Il fallait obtenir une vraie esthétique afin de lui donner une réelle force dans l’histoire. Il a également précisé qu’il aimait le cinéma fantastique surtout les films qui ont un réel côté exotique. Il n’a jamais été fan d’un cinéma réaliste. Il a réellement aimé Les yeux sans visage de George Franju (1960).

Il est également intéressant de noter que le réalisateur n’a créé aucun historique pour ces deux principaux personnages. Il s’agit d’un couple qui a une manière surprenante de s’exprimer, une manière bizarre de négocier.

Le film a été tourné en Hongrie dans des lieux existants. La maison du film était abandonnée et a dû être remise à neuf. Le réalisateur a eu la chance d’avoir une bonne équipe avec lui et qui connaissait parfaitement ce pays. Cela fut ainsi plus simple de repérer les lieux de tournage.

Le réalisateur n’a pas pour le moment de projet précis. Etant donné qu’il écrit ces films, il a besoin de prendre du recul. Il a ainsi recherché une nouvelle source d’inspiration. Il conseille enfin pour ceux qui veulent se lancer dans la carrière de réalisateur d’avoir un bon avocat pour des raisons obscures. Il pense avoir fait plusieurs erreurs dans sa carrière. Il a connu seize années de mauvaise chance. Il a commencé sa carrière il y a maintenant vingt et un ans. Il reconnaît être très chanceux en ce moment. Selon lui, il faut essayer de tenter des choses sans avoir trop à souffrir.

La bande annonce :

Avec tous nos remerciements à Thomas et Ninon pour cette belle rencontre.. Textes recueillis, photos et vidéo : Mulder