Conference-de-Presse - World’s greatest dad

Par Mulder, Deauville, 11 septembre 2009

Q : Pour commencer, je dois dire que je suis comme vous un vrai fan de Bruce Hornsby (chanteur dans le film) qui avait fait un grand tube dans les années 1980. Je voulais savoir ce que vous vouliez dénoncer à travers ce film, qui dénonce l’hypocrisie générale dans ce monde ? J’aimerais savoir ce que vous avez fait avant ce film et comment cela s’est passé sur le tournage avec Robin Williams ?

Bob Goldthwait : Par rapport à Bruce Hornsby, je suis ami avec lui. Lorsque j’ai écrit le film, j’avais en tête des films comme Harold et Maud, des films des années 1970 comme Le Lauréat et c’est vrai que j’avais envie d’avoir le thème de la musique récurrente. Quelque chose dont les gens ne se rendent pas forcément compte : la musique que l’on entend dans le film est celle de ce chanteur. Dans les années 1980, j’étais assez connu en tant que comédien et c’est un peu de là qu’est venu mon amitié avec Bruce Hornsby. En ce qui concerne le thème du film, je pense que faire une comédie est bien, mais je ne suis pas intéressé par le fait de ne faire qu’une comédie. Juste faire rire pour moi, c’est manger un dessert pour tout repas. J’espère que les gens qui vont quitter la salle après avoir ri, vont penser à d’autres thèmes comme le thème de la solitude. Je suis ami avec Robin Williams depuis une trentaine d’années. Il m’a emmené un jour aux Oscars. On était assis au 3ème rang et tout le monde s’est demandé qui j’étais.

Q : J’ai beaucoup apprécié votre film. Vu que vous êtes comédien et connaissez Robin Williams, et que tout le monde connaît l’immense talent d’improvisation de celui-ci, j’aimerais savoir si vous lui avez laissé tout faire ou vous avez fait un tour de table pour savoir comment il allait interpréter son personnage ?

Goldthwait : C’est vrai que Robin Williams est célèbre pour ses dons d’improvisation, mais pour ce film-là, cela l’agaçait un peu quand on pensait qu’il avait tout improvisé. Si les gens pensent qu’il est aussi bon et que nous avons l’impression qu’il improvise, c’est que tout simplement, il joue très bien. Son jeu est très naturel. On a donc l’impression qu’il parle comme cela, alors que la plupart des scènes que vous voyez à l’écran ont été écrites et répétées par les acteurs. Le scénario a beaucoup changé pendant le film, mais ce n’était pas improvisé. Presque avant chaque scène avec Robin Williams, nous avons discuté, car nous sommes très amis. Même à un moment du film, il s’est tourné vers moi et m’a dit que j’étais en train de le jouer, tellement il y a d’éléments presque autobiographiques dans le personnage qu’interprète Robin Williams. Dans la scène du talk show par exemple, on a l’impression que Williams est en roue libre, mais ce n’est pas du tout le cas. Au début du film, on s’est mis d’accord avec lui pour que ce film soit un tout petit film en termes de budget. Mais ce n’est pas une raison pour bâcler le résultat. La première séquence du talk show ne cadrait pas. On a donc décidé de la refaire et j’ai demandé à Robin Williams de se lâcher totalement. A la fin de cette séquence, il est venu vers moi et m’a dit qu’il venait de faire une dépression en direct. La seconde séquence ne fut donc pas gardée non plus et c’est la troisième prise que vous voyez dans le film.

Q : J’aimerais savoir si parler d’un sujet comme celui-ci est un sujet tabou, et donc si cela a été facile de monter ce film et parler de cette manière, de cette chose qui n’est pas évidente, soit l’hommage aux morts ? Avec votre film, on se pose la question de savoir s’il faut vraiment dire la vérité sur la personne qui est morte. Je pense que vous avez fait ce film dans ce sens là.

Goldthwait : A propos du thème de la mort, c’est vrai en général, lorsqu’une personne décède, on pense tous qu’il a été formidable. A titre d’exemple, maintenant que Michael Jackson est mort, on le laisserait devenir le propre baby-sitter de nos enfants. C’est encore une fois un thème sur l’hypocrisie et c’est un thème avec lequel j’aime jouer et faire de l’humour. Pour avoir cette liberté de ton, je me suis toujours tenu loin des grands studios. Pour moi, les grands films des studios hollywoodiens ne sont pas du tout de mon goût. En ce qui concerne le financement de ce film, il a été produit par la maison Darko Pictures, maison de production montée par le brillant Richard Kelly (The Box). Cette maison de production a financé pratiquement tout le film et j’ai toujours été soutenu par celle-ci et ils ne sont pas intervenus quant à l’orientation de mon film.

Q : Ma question porte sur vous. Vous avez été d’abord connu comme étant un comique américain. On dit souvent que ces comédiens comiques ont une sensitivité à fleur de peau, qui ressort au fur et à mesure des années. Ma question est donc de savoir si vous avez toujours eu cette sensibilité-là ? Avez-vous rencontré un processus de maturation, qui vous a amené à ce stade aujourd’hui ? Avez-vous eu un élément perturbateur expliquant cela ?

Goldthwait : Quand j’ai été jeune, j’ai joué dans des comédies drôles, un peu absurdes, un peu loufoques, grotesques et j’ai dû développer par rapport à cela un personnage publique. Je n’ai jamais été qu’un comique, je pensais à plein d’autres choses. Comme je me suis retrouvé pris dans ces personnages, je n’ai pas pu en sortir. Petit à petit, j’ai été obligé de toujours faire voir ce personnage qui au fur et à mesure des années en fait s’est retrouvé de plus en plus différent de ce que j’ai été vraiment. Dans trois ans, je vais avoir cinquante ans, et donc j’ai vraiment envie de montrer cette autre facette de mon caractère. J’aime beaucoup quelqu’un comme Jerry Lewis. Les films que je réalise aujourd’hui, même si je ne suis pas dedans comme comédien, ce sont des films qui me ressemblent beaucoup plus. A travers ce film, j’ai voulu raconter l’histoire d’un homme qui apprend à grandir et quelque part c’est réellement très autobiographique. Ce film me permet ainsi de m’exprimer réellement sur mes convictions en tant qu’homme d’âge mur. Le thème du film montre que même lorsqu’on pense tout avoir, on n’a pas forcément tout.

Q : Un des autres thèmes abordés par le film est sur le thème de l’adolescence et son mal-être. J’aimerais savoir si c’est un thème important pour vous ?

Goldthwait : La question portait sur les adolescents et le film devait me permettre de parler sérieusement du mal-être de ceux-ci. Mais à vrai dire, je ne m’intéresse que très peu à ceux-ci. Certaines mauvaises langues disent qu’ils ne s’intéressent à personne. Pour moi, les adolescents représentent la partie la plus narcissique de la culture américaine. Aux Etats-Unis, les gens ont toujours tendance à tout ramener à eux. C’est aussi quelque chose que je voulais faire voir dans mon film. J’ai l’impression que les adolescents américains sont égocentriques, ils ne pensent qu’à eux et à leurs problèmes. A Hollywood, il y a une sorte d’hypocrisie éclatante : les comédies ratifiées R sont en effet pour les adolescents en premier et non pas pour les jeunes adultes.