Conference-de-Presse - Night and day

Par Mulder, Bordeaux, 23 juillet 2010

Q : C’est très agréable de vous voir tous les deux ensembles. J’aimerais savoir si vos retrouvailles au cinéma étaient importantes pour vous et si c’était agréable de vous trouver dans un film, qui est au carrefour de deux grands genres du cinéma américain, soit la comédie sentimentale et le cinéma d’action ?

Tom Cruise : D’abord, merci d’être ici avec nous, c’est un endroit magnifique et je suis très heureux et très excité, car j’ai toujours suivi le Tour de France et me voilà ici une journée au Tour de France, qui est à Bordeaux. Lorsque je me suis réveillé ce matin, j’ai trouvé cela splendide. Merci à vous tous et je suis très heureux d’être ici. En ce qui concerne Cameron d’abord, j’ai adoré retravailler avec elle et j’espère d’ailleurs retravailler avec elle sur de prochains films. Ce film en particulier est comme vous le dites assez unique, car c’est un mélange de genres que j’adore et j’ai grandi en regardant des comédies françaises. Le cinéma français m’a toujours inspiré et ce film est intéressant, car il met justement l’accent sur les personnages forts, ce qui est rare à Hollywood dans le genre comédie d’action. Là, vous avez une action qui est au cœur, mais également la force des personnages. C’était ce qui était important. Dans ce film, nous avons voulu à la fois être dans un genre, mais aussi jouer avec ce genre que nous connaissons bien. Nous sommes à la fois dans la comédie et la romance. Nous avons surtout voulu montrer la force de ces personnages très différents. Par exemple, dans Mission : impossible, l’accent est mis sur la mission. Ici au contraire, l’accent est mis sur les personnages, leur force, même si, bien entendu, il y a de l’action, car comme vous le savez, j’adore être dans des films d’action.

Cameron Diaz : En fait, c’est vrai que j’avais déjà travaillé avec lui sur Vanilla sky. Mais cela avait été une première expérience assez magique, car j’étais à cette époque-là entre deux films et dès que je suis arrivée sur le tournage, Tom s’est occupé de moi. Du début jusqu’à la fin, il a été un partenaire formidable. Je savais en acceptant ce film, que j’allais retrouver un partenaire qui était très important pour moi. Bien sûr, c’est très différent de Vanilla sky car ici, comme vous le disiez, c’est de la romance, de la comédie, de l’action. Mais dès que j’ai lu le scénario, je me suis dit, c’est évident, c’est Tom. Donc, dès que Tom a accepté de faire ce film, tout est devenu plus grand, plus intense. Mais ce qui est très important, c’est de faire un film qui ne soit pas un film de genre spécifique, mais qui mêle tous les genres d’une façon tout à fait originale. Je savais que nous pouvions nous soutenir dans cette aventure. On pouvait en effet aller complètement du côté de ce que nous appelions la comédie romantique ou bien au contraire basculer totalement dans l’univers de l’action. Mais là, on avait décidé avec le réalisateur de tout mélanger et de créer un film qui justement ne soit pas un genre mais un cocktail de tous les genres. C’est cela qui est important de créer de l’inattendu à partir d’un genre. J’aimerais aussi rajouter une chose, vous savez que Tom et moi, nous avons tourné dans beaucoup de films, mais ce film précis était un vrai défi, car non seulement nous avions beaucoup de plaisir à le faire, nous nous sommes beaucoup amusés, mais de travailler avec quelqu’un comme James Mangold, c’est quelque chose de très rare et ce film nous permet de nous dépasser et permet d’aller plus loin, ce qui est rare à Hollywood aujourd’hui.

Q : Je sais que l’hôtel du Cap ne fait plus partie de vos projets, car vous êtes déjà à l’hôtel du Cap, mais qu’est-ce qu’il y a sur votre liste de rêves à réaliser ?

Diaz : L’hôtel du Cap certes, mais mon souhait était d’embrasser un inconnu. Cela reste encore ouvert.

Cruise : Aujourd’hui, je vais rayer un rêve de ma liste : je rêvais de voir le Tour de France. C’est pour moi très excitant. Aujourd’hui, nous allons être dans des voitures et suivre ce tour. Je n’oublie pas que j’ai grandi dans une petite ville d’Amérique. Je n’ai jamais oublié à quel point c’est un honneur et un privilège que de vivre des instants pareils, que de partager ces instants avec vous. Pour moi, c’est vraiment formidable.

Q : Tom, vous faites toutes vos cascades vous-mêmes. Qu’en est-il de Cameron dans ce film ?

Cruise : Vous parliez en effet des cascades. Les cascades sont très impressionnantes dans ce film. Cameron derrière un volant, c’est quelque chose (rires). Elle a un talent incroyable. Hier justement, on était dans une émission en Angleterre, « Topgear », et tous les types étaient impressionnés par ce qu’elle fait derrière un volant. C’est vrai que j’avais une cascade que je n’avais jamais faite dans aucun de mes films précédents. Une cascade que j’avais en tête. J’avais toujours eu envie d’être à moto avec une femme derrière moi et de faire passer cette femme de derrière à l’avant. Dans le scénario, je ne savais pas s’il y avait des motos. Effectivement, il y en a eu. J’ai adoré l’idée d’avoir cette femme que je fais passer devant moi et qui avec ses flingues va dégommer l’ennemi. Je savais que Cameron avait de vrais talents comiques, que physiquement elle avait les capacités de le faire. Je lui ai donc demandé si elle voulait bien faire cette cascade, dont j’ai toujours rêvé. Cameron, montre nous tes muscles (rires). Elle l’a fait et était pour le faire. Elle est donc aussi dangereuse que moi. J’adore cela dans le film, que la femme justement ait ce pouvoir. D’habitude au cinéma, un homme et une femme tombent amoureux et idéalement amènent le meilleur de chacun en l’autre. Ce que j’ai aimé dans ce film c’est qu’il y a justement cette force en elle.

Diaz : C’est en quelque sorte une métaphore pour l’amour.

Cruise : Oui, je tuerais les méchants pour toi, s’il le fallait !

Q : Cameron, il parait que vous connaissez un petit peu la région sud-ouest de la France. Il parait même que vous y faites du surf parfois. Est-ce que c’est vrai ? Comment avez-vous connu ce coin ?

Diaz : En fait vous avez raison, je suis venu surfer à Biarritz. Ce n’était pas génial, car j’étais seule, je ne connaissais pas bien le lieu, mais j’ai eu un peu d’aide. Cela a été une expérience absolument magique et c’est vrai que j’ai très peu l’occasion d’être en France pour moi-même, pour mon propre temps. D’habitude, je viens en France pour travailler, sauf l’époque où j’habitais à Paris, mais cela était une autre vie et à cette époque-là je ne surfais pas. On se disait dix minutes avant la conférence de presse avec Tom en regardant ce lieu qu’il est magnifique. Pour revenir à la précédente question sur la liste de vœux, je n’ai pas besoin d’avoir une liste, car je me dis à chaque fois que je suis tellement chanceuse. Aujourd’hui, je me suis réveillée, j’étais en France, j’ai cette joie incroyable de pouvoir me dire que c’est vraiment ma vie. C’est vraiment cela, j’ai une chance extraordinaire. Plutôt que d’avoir une liste, je me pince et je me dis c’est vrai, je vis mon rêve.

Q : Vous dites que Night and day est un cocktail de genres. Vous avez goûté à tous les genres, quel est votre genre préféré, s’il y en a un, dans lequel vous vous sentez le plus à l’aise ?

Cruise : C’est vrai que je regarde des films de tous les genres, car j’adore cela. A chaque fois que j’ai l’occasion de m’essayer dans un genre, j’y vais. C’est vrai, science-fiction, comédie, romance, mais vraiment, si je dois dire il y a peut-être un genre de films que je n’ai jamais fait vraiment, soit une vraie histoire d’amour. Un homme et une femme tout simplement. J’aimerais beaucoup le faire, car je crois que tous les genres nous offrent des défis différents par rapport aux personnages et par rapport au film lui-même. Là, en ce qui concerne Night and day, c’est vrai que c’était une époque de ma vie où j’avais vraiment envie de faire une comédie. Vous savez, depuis Le Dernier samouraï, j’ai fait plutôt des rôles assez intenses, donc j’avais vraiment envie de m’amuser comme un peu le personnage de Les Grossman dans Tonnerre sous les tropiques. J’avais vraiment envie de faire cette comédie, de me lâcher, d’être un peu tranquille.

Diaz : Certes, c’était une comédie, mais avec beaucoup d’action.

Q : Pour Tom, est-ce vrai qu’un film sur votre personnage de Les Grossman verra bientôt le jour et pour vous deux, quelle est votre scène préférée dans Night and day ?

Cruise : En ce qui concerne le film basé sur Les Grossman, le personnage que j’interprétais dans Tonnerre sous les tropiques, effectivement, c’est en projet, car je suis en ce moment dans des meeting, en écriture, avec des idées. Pour le moment, rien n’est encore finalisé. Quand on m’a demandé de présenter à la soirée des MTV Movie Awards, j’ai répondu que je ne pouvais pas, car je travaillais sur ce film, mais j’ai proposé que Les Grossman produise cette soirée. Ce projet m’a beaucoup amusé. En ce qui concerne mes scènes préférées, je dois dire que ma scène préférée en concernant Cameron est celle où elle se réveille en Espagne justement avec une aiguille dans le bras, cette scène est pour moi très drôle. En ce qui concerne Cameron, j’aime les choix qu’elle fait par rapport aux scènes et par rapport à son jeu. A chaque fois que je revois ces scènes, cela me fait rire. J’aime aussi d’autres scènes, comme celle avec la phrase « avec moi, sans moi », la scène dans le café, dans l’avion, c’est une scène clé car elle donne tout le ton du film. On dit aussi aux spectateurs que vous savez quel film vous allez voir et bien pas du tout, vous allez voir autre chose. Cette scène-là, c’est à la fois la comédie, l’action et le début du développement de ces personnages. Pour moi, c’est très drôle. Il y a aussi la scène où je suis suspendu la tête en bas. C’est vrai que j’ai fait beaucoup de scènes d’action, mais cela, je dois le dire, c’est encore quelque chose de vraiment particulier. Cela permet surtout de se focaliser non pas tant sur l’action mais sur les personnages. Qui est vraiment mon personnage ? Cela fut très drôle à jouer. C’est vrai que James Mangold – et c’est pour cela que je l’admire depuis son premier court-métrage – a cette force de construction avec ses personnages. J’ai toujours voulu tourner avec lui. J’ai adoré son court-métrage « Heavy », que vous avez peut être vu, Copland et bien d’autres films encore, car pour moi, c’est un réalisateur vraiment tout à fait à part. C’est un cinéaste au sens réel du terme : c’est un conteur qui aime et comprend ses personnages. Ses films montrent toute la subtilité de sa direction. C’est un peu comme le bon vin, avec le temps on s’aperçoit si le vin vieillit bien ou mal. Quand on parle cinéma, on se demande à quoi ressemblera ce film dans cinq ans, quel sera son goût. En ce qui concerne les films de James Mangold, ils s’améliorent avec le temps, comme le bon vin. C’est pour cela que c’est un réalisateur que j’admire.

Diaz : Effectivement, la scène que je préfère, c’est lorsque Roy (Tom Cruise) arrive dans ce café, où je suis avec Rodney, mon ex (Marc Blucas), qui est en train de me parler. C’est vraiment le début de la vraie histoire d’amour entre mon personnage et Roy, aussi bizarre que cela puisse paraître. Roy, à ce moment-là, est tellement lui-même : il est chevaleresque, il est dangereux, il tire même sur mon ex. D’ailleurs en répétition, je me suis tourné vers Jim et Tom lui a dit que cela serait sympa qu’il tire sur mon ex. Jim lui a répondu, quoi ? Cela serait horrible. Tous les deux on dit, non cela serait très, très drôle et effectivement cela a très bien marché. J’ai adoré cette scène, car justement à ce moment-là, on voit pour la première fois qui est Roy. Dans l’avion, il y a un moment où il dit toujours « un jour » et bien, lorsqu’il dit à Rodney qu’il a toujours rêvé d’être un pompier, c’est exactement ces rêves qu’il n’a pas vécus à l’époque. Ce que j’ai aimé, c’est que c’est cette honnêteté, ce charme qu’il a à ce moment-là, qui fait que c’est le moment clé et pivot où je tombe amoureuse de lui au milieu de toute cette folie. Je crois que le film, et plus particulièrement cette scène, est une métaphore pour l’amour. Je crois que l’on ne sait jamais avec qui on va vivre une histoire d’amour, où cette histoire va nous entrainer, le voyage qu’elle va nous faire vivre. Ce que l’on va devenir, grâce à l’amour. Cette scène est pour moi une scène que j’ai beaucoup aimée, car c’est le début de leur histoire d’amour.

Q : Pour Tom, on peut dire que votre carrière a traversé une crise. Pensez-vous que votre film va vous permettre d’avancer et de laisser cette turbulence loin derrière vous ?

Cruise : Ce qui m’importe est de faire des films. C’est cela qui est important. Je sens que j’ai beaucoup de chance de pouvoir faire ce métier. Les gens écrivent ce qu’ils veulent. Moi, je vis ma vie. Ce qui m’importe est de faire des films et de continuer à divertir les gens dans le monde entier. C’est vrai que ce qui est important est de comprendre que depuis mes débuts, il y a ce que les gens écrivent et la façon dont je vis ma vie. Ce qui m’importe avant tout est de continuer toujours et encore de faire des films. Vous savez, les gens écrivent beaucoup de choses et c’est presque devenu un sport pour certains. Dans les années 1980 et dans les années ’90, on lit d’autres choses. Ce que je trouve qui est essentiel, c’est de rester vrai et authentique par rapport à ce que l’on est et ce que l’on aime faire. Moi, ce que j’aime faire est du cinéma. J’ai la chance exceptionnelle de pouvoir faire des films. On m’a dit après Top gun que c’était fini, qu’avec Né un 4 juillet j’allais détruire ma carrière. On m’a demandé si je n’étais pas fou de jouer dans Rain man, un film que personne ne voulait faire. On m’a demandé qui voulait voir un film comme Le Dernier samouraï. Hollywood ne voulait pas de ces films. La perception que les gens ont de moi est complètement différente de ma vérité, de ma réalité. C’est un genre de déconnexion entre ceux qui écrivent sur moi et ceux qui me connaissent, parce que j’ai toujours travaillé. Par exemple pour Risky business, j’avais 19 ans et on m’a dit que je ne tournerai plus jamais. J’avais le cœur brisé. J’ai eu la chance de travailler avec Paul Newman, qui m’a dit : « écoute, vis ta vie et reste honnête vis-à-vis de toi-même et de ta réalité ». J’ai suivi ce conseil. J’aime le cinéma, j’aime ma famille et je suis passionné. C’est grâce à cette passion et non le simple désir d’être une célébrité que justement je reste et que je continuerai à faire des films aussi longtemps que possible. C’est une question de cycle. Parfois, les gens disent que c’est fini, d’autres que cela va continuer. Cela m’est égal. Alors avec ou sans moi,…

Diaz : Ce qui est incroyable quand on travaille avec Tom, c’est sa passion. C’est quelqu’un de passionné. Cela fait partie de son ADN en quelque sorte. Ce que l’on raconte sur lui ne l’empêchera jamais de tourner des films, car finalement, sa force c’est de faire des films qui plaisent au public, qui sont divertissants, que les gens veulent voir. Pour moi, c’est vraiment l’un des meilleurs acteurs et ce que l’on écrit sur lui et la réalité de Tom n’ont rien à voir. Cela fait plus de trente ans que les choses sont les mêmes.

Q : J’aimerais savoir si vous vous avez trouvé changés par rapport à votre premier tournage ensemble, il y a dix ans ?

Diaz : Il y a effectivement dix ans qui sont passés. Il y a eu bien sur quelques changements. Retrouver Tom, c’est quelque chose de naturel de travailler avec lui. Sur Vanilla sky, je n’avais que deux semaines de travail avec lui. Ici, j’ai eu la chance de travailler avec lui pendant six mois. Au cours des deux semaines de Vanilla sky, il m’avait appris énormément de choses. Mais là, chaque jour sur le tournage, il me donnait, il m’apprenait des choses. Il y a une sorte de continuité dans ces dix ans. C’est un partenaire formidable. Je dois avouer que, même si cela peut paraître étrange, oui, on riait beaucoup sur le tournage de Vanilla sky. Il en fut de même sur Night and day.

Cruise : Quand Cameron est venue sur le tournage de Vanilla sky, elle était en plein tournage de Gangs of New York. Quand elle est arrivée sur Vanilla sky, c’était une scène dans les rues de New York avec les gens qui hurlaient. Elle devait justement délivrer tout ce monologue dans la voiture et elle était déjà incroyable. Ce qui l’a caractérise réellement, c’est cette concentration incroyable et cette passion qu’elle a, elle aussi. Je crois qu’elle n’a pas changé en cela. Elle prend son travail très au sérieux, mais elle-même ne se prend pas au sérieux. Quand on la connaît, quand on la rencontre, ses amis, sa famille, les gens qui la connaissent savent qu’elle est à la fois dans l’humour, mais aussi dans l’intelligence du jeu et dans l’amour de son travail et surtout elle a toujours envie d’apprendre. Le cinéma, qu’est-ce que c’est finalement ? Et bien, c’est apprendre tous les jours, découvrir le personnage, creuser le personnage, et aller dans le sens du film. En cela, Cameron n’a vraiment jamais changé. Je dois dire que c’était absolument un bonheur et on s’est beaucoup amusés à travailler et à jouer ensemble sur ces deux films, bien qu’ils aient été très différents. En plus, ce qui est génial, c’est qu’elle est très rapide et très amusante. Dans la comédie, il est important d’avoir cet instinct qu’elle a de jouer. Elle improvise, elle est toujours là et à chaque fois, elle me surprend. Je crois par contre que cela ne s’apprend pas. On peut apprendre mécaniquement le sens du timing, mais il faut avoir en soi en quelque sorte le sens du rythme, du timing, qu’elle a.