Lila dit ça

Lila dit ça
Titre original:Lila dit ça
Réalisateur:Ziad Doueiri
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:26 janvier 2005
Note:
A 19 ans, Chimo n'est encore jamais sorti de son quartier, où il préfère trainer avec ses potes plutôt que de développer son talent d'écrivain. Les filles l'intéressent, mais il cherche encore l'amour. Jusqu'au jour où il rencontre Lila, une belle blonde, qui vient d'arriver dans le quartier et qui l'aborde rapidement. Elle ne lui parle que de sexe, et elle s'assure de son affection, après une ballade érotique. Mais Chimo ne sait ni comment se comporter avec elle, ni comment cacher cette liaison à ses amis envieux.

Critique de Tootpadu

Positionner cette histoire d'adolescents comme un film érotique et chaud, et le sortir au cours d'une semaine particulièrement chargée en sorties de tout genre, a été une stratégie fatale en termes commerciaux pour une oeuvre sensible qui aurait mérité un autre plan d'exposition. Car si l'on parle beaucoup de sexe ici, on n'en voit strictement rien. Tout passe en effet par la parole, qui devient alors plus une arme de séduction qu'autre chose. Son abondance risque parfois de faire virer le film vers le bavardage - une impression accentuée encore par une voix off insistante -, mais le voir comme ça, ce serait mal comprendre son propos, qui vise justement à valoriser l'expression orale. En clair, il faudrait chercher le sens caché derrière l'avalanche des mots doux, et surtout, le faire avant la fin beaucoup moins ambiguë que le reste.
En dehors de son rapport privilégié avec la parole, le film tente avec plus ou moins de succès d'évoquer la vie des jeunes dans des quartiers défavorisés. Bien qu'il se garde de colporter la plupart des clichés, son portrait n'a jamais l'acuité d'oeuvres plus pertinentes, comme récemment L'Esquive, par exemple. Il ne franchit jamais le pas du portrait anecdotique, de la misère marseillaise à laquelle il faudrait échapper, de l'image de la communauté d'immigrés dans laquelle cette dernière paraît se complaire. En somme, il s'agit d'une oeuvre subtile, mais trop réservée, et peut-être pas assez courageuse (apparemment la fin a été modifiée pour ne pas faire trop tragique) pour nous bousculer dans nos habitudes de visionnage.

Vu le 3 février 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 7

Note de Tootpadu: