Dans les champs de bataille

Dans les champs de bataille
Titre original:Dans les champs de bataille
Réalisateur:Danielle Arbid
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:29 décembre 2004
Note:
Pendant la guerre du Liban, en 1983, la jeune Lina, douze ans, habite avec ses parents au même immeuble que sa tante Yvonne. Elle se lie d'amitié avec Sihab, la bonne de sa tante, et découvre le monde des adultes grâce à elle. Rythmée par les bombardements, les conflits familiaux à cause des dettes de jeux de son père, et les aventures sexuelles de Sihab, l'existence de Lina commence à passer de l'enfance à l'adolescence.

Critique de Tootpadu

La guerre ne joue qu'un rôle secondaire dans cette évocation de la vie d'une jeune Libanaise. Elle s'associe à la découverte de la sexualité et l'impuissance face à la dépendance du père au jeux, pour créer un univers régi par le désir et la honte. Le personnage central subit en effet les abus psychologiques de son entourage et cherche, parfois désespérément, de trouver sa place dans le monde hostile des adultes. A vrai dire, la guerre fonctionne plutôt comme un symbole, telle une menace, absente du film (quelques bruits de bombardement et des immeubles dévastés mis à part), mais douloureusement présente dans l'esprit des personnages. Le malheur de la famille de Lina n'y trouve probablement pas son origine, bien que l'état de siège de leur ville ne leur permette pas d'envisager l'avenir plus sereinement. Et pourtant, la jeune fille a temporairement trouvé un échappatoire, en la personne de Sihab, la seule à introduire de la sensualité dans sa vie.
Tout en douceur, c'est justement cet appel insistant de la chair qui distingue ce beau film. Sans tomber dans l'excès, la réalisatrice laisse le temps à sa protagoniste de se retrouver dans ce nouveau monde qu'elle découvre. Faite de regards curieux, cette démarche réserve à Lina le droit de rester passive, voire de comettre des fautes lors de ses rares actions. Le récit de l'apprentissage en devient d'autant plus touchant, puisque les repères sont encore flous, puisque la personnalité ne sait pas encore s'affirmer autrement que par des révoltes enfantines.
En somme, un regard qui sonne très juste sur le difficile passage de l'enfance à l'adolescence, encore préservé de celui bien plus traumatisant vers l'âge adulte.

Vu le 1er février 2005, au MK2 Beaubourg, Salle 6, en VO

Note de Tootpadu: