Titre original: | Kramer contre Kramer |
Réalisateur: | Robert Benton |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 07 février 1980 |
Note: | |
Lorsque Joanna décide du jour au lendemain de quitter son fils de cinq ans, Billy, et son mari, Ted, le monde s'écroule pour ce dernier. D'abord incapable de conjuguer son travail prenant et la vie quotidienne d'un parent seul, Ted arrive au fil du temps de gagner une réelle complicité avec son fils. La séparation douloureuse paraît alors presque oubliée, quand Joanna revient à New York pour réclamer la garde de Billy. Commence alors une bataille juridique sans merci entre les deux divorcés qui tiennent tous les deux énormément à leur enfant.
Critique de Tootpadu
La simplicité prime dans ce drame familial exceptionnel qui, vingt-cinq ans après sa sortie, nous touche toujours autant. Le sort de Ted et sa famille intrigue en effet par sa banalité, une histoire de divorce comme il en existe des milliers, voire des millions à travers le monde. Le talent de Robert Benton constiste alors à rendre son récit unique, tout en gardant cet aspect d'approche facile. Le réalisateur y arrive tout en finesse, à travers quelques moments clefs d'une existence quotidienne qui n'a pas honte de son caractère commun. Mais outre le choix judicieux de ces instants d'une vie en constante précarité émotionnelle, Benton confère à chacun d'entre eux une touche soit comique, soit dramatique. C'est rendre compte de l'ironie de la vie humaine de se laisser rencontrer au réveil l'amante d'un soir à poil et le fils devant les toilettes, ou de garder toujours une petite couche d'humour noir dans les moments les plus désespérés (le petit déjeuner improvisé ou l'épisode du pot de glace).
La justesse de ton guide le film sans heurts même à travers des séquences à fort potentiel larmoyant. Les larmes coulent parfois à flots à l'écran mais l'émotion que ces effusions sentimentales créent chez nous, spectateurs, est bien plus intériorisée, et, par conséquent, plus durable. Au fil de nos visions de ce chef-d'oeuvre intimiste, nous ne nous souvenons pas d'avoir versé une seule larme, mais nous en ressortons chaque fois bouleversé. Peut-être cet impact indirect est dû à la sobriété stylistique du film. Car à peu près à la même époque que Woody Allen entamait sa période plus sombre, plus tournée vers l'étude psychologique de ses personnages, Benton paraît s'inspirer autant de l'oeuvre d'Ingmar Bergman. Kramer contre Kramer peut alors être considéré, à notre humble avis, comme un film à forte influence européenne, que ce soit à travers les transitions presque imperceptibles, la fin très belle qui laisse l'histoire en suspension dans un état de grâce, ou les compositions de plan qui font ressentir sans arrêt l'absence physique de la mère.
Enfin, sans l'interprétation magistrale de tous les comédiens, le film n'aurait pas acquis le statut de classique bien mérité. Dustin Hoffman a rarement donné une telle impression de naturel et d'implication personnelle dans un rôle; Meryl Streep confère un niveau de perturbation psychologique crédible à un personnage dont l'amour instinctif pour son fils nous permet alors presque de lui pardonner; et Justin Henry est un des meilleurs acteurs-enfants qui fait des merveilles avec des situations au départ pas vraiment exceptionnelles; finalement, Jane Alexander possède une complicité inouie avec Dustin Hoffman qui rend son personnage de double féminin de Ted d'autant plus attachant.
Revu le 11 janvier 2005, en DVD, en VO
Revu le 16 décembre 2005, en DVD, en VO
Note de Tootpadu: