Melinda et Melinda

Melinda et Melinda
Titre original:Melinda et Melinda
Réalisateur:Woody Allen
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:12 janvier 2005
Note:
A New York, au cours d'un dîner entre amis, deux auteurs, l'un de tragédies l'autre de comédies, se remettent en question : "L'existence humaine n'a en vérité rien de drôle, elle est pathétique", dit le premier. "Pas d'accord, répond l'autre. Si les philosophes disent de la vie qu'elle est absurde, c'est parce qu'on finit toujours par en rire, et que nous en avons besoin !" Prenons le personnage de Melinda par exemple : cette jolie jeune femme déboussolée fait irruption dans un dîner mondain. Elle s'incruste dans la vie de deux couples, suscitant ici la tentation de l'infidélité, là une délicieuse passion amoureuse. Melinda va révéler l'érosion de leurs sentiments et leurs difficultés à communiquer.
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

On parle beaucoup d'acteurs de nom, voire de noms tout court, dans cet expériment scénaristique plaisant. S'agirait-il là d'une prise de position ironique de Woody Allen, un des plus illustres cinéastes de ces trois dernières décennies, qui traverse pourtant une période de sécheresse depuis trois ou quatre films dans lesquels il est obligé de faire jouer des acteurs de second ordre ? Toujours est-il que, outre l'interprétation de Will Ferrell, entièrement calquée sur les maniérismes du réalisateur, l'apparition de ressemblances est troublante, comme ce dentiste qui nous rappelle Anthony Perkins ou cette invitée de la fête qui pourrait gagner sa vie comme sosie de Laura Linney (si Laura Linney était elle-même suffisamment célèbre, bien sûr ...). Ainsi, cette stratégie de faire-semblant, de prétendre à un niveau que l'on n'a plus, se révèle comme plus intéressante que les renvois réguliers entre le genre comique et dramatique, trop pragmatiques pour séduire. Woody Allen confirme alors une fois de plus que son corpus de films dans sa continuité et ses périodes traduit mieux les préoccupations du réalisateur qu'un seul film pris séparément.
L'idée de base du film, de raconter une histoire semblable en mode tragique et en mode comique, ne fonctionne en effet pas autant que l'on aurait pu l'espérer. La faute d'abord à un manque d'affirmation forte des deux tonalités. La partie dramatique s'avère un peu trop molle et celle réservée à la comédie pas assez amusante pour créer une opposition fertile aux observations pertinentes. Les deux histoires sont presque aussi semblables, et dans leur aspect stylistique (la photo aux tons jaunes et marrons, les décors interchangeables), et dans leurs enjeux, qu'Allen risque de nous perdre faute de marques de distinction précises. Cela est d'autant plus regrettable que la structure initiale aurait pu déboucher sur quelque chose de plus rigoureux que les allers-retours sans force et l'humour un peu fatigué.
Pour finir sur l'interprétation d'une distribution pauvre en noms porteurs, mais pas forcément en talent : elle est plutôt décevante. Seuls Chloé Sevigny et Chiwetel Ejiofor réussissent à embraser l'écran de brefs instants, alors que les autres n'offrent que des recyclages forcés de personnages déjà croisés auparavant dans l'oeuvre d'Allen.

Vu le 24 janvier 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 22, en VO

Note de Tootpadu: