Chute (La)

Chute (La)
Titre original:Chute (La)
Réalisateur:Oliver Hirschbiegel
Sortie:Cinéma
Durée:155 minutes
Date:05 janvier 2005
Note:
Berlin, avril 1945. Le IIIe Reich agonise. Les combats font rage dans les rues de la capitale. Hitler, accompagné de ses généraux et de ses plus proches partisans, s'est réfugié dans son bunker, situé dans les jardins de la Chancellerie. A ses côtés, Traudl Junge, la secrétaire particulière du Führer, refuse de l'abandonner. Tandis qu'à l'extérieur la situation se dégrade, Hitler vit ses dernières heures et la chute du régime.
(Source Allociné)

Critique de Tootpadu

La fin d'un règne n'est jamais dans l'affirmatif, et cette déstitution devient encore plus sombre lorsqu'il s'agit d'un meneur à l'héritage néfaste. Il ne reste alors plus qu'à espérer que l'avenir sera meilleur, et que ce despote sera vite oublié par l'histoire. Le cas d'Adolf Hitler se classe évidemment à part, tellement les douze années de son pouvoir ont marqué l'Europe d'un fer horrible. Comment et surtout pourquoi alors rendre compte de ses derniers jours qu'il a passés enterré dans son bunker, impuissant face à la déroute, abandonné de ses fidèles, en proie à une mégalomanie folle et à une dépression profonde ?
La démarche de cette super-production allemande n'arrive pas entièrement à nous convaincre. Dans cette courte période d'une horreur insoutenable, le film ne prend en effet pas le parti de la noirceur et du désarroi complets. Pour s'imaginer mieux le caractère révoltant et l'air pestiférant de la chute du régime nazi ou, proche de celui-ci, du fascisme, Salo de Pier Paolo Pasolini constitue une expérience cinématographique bien plus traumatisante et dégoûtante. Car le scénario de cette Chute ne se prive pas d'une humanité à l'apparence presque anachronique. En fait, le point de départ (l'embauche de la secrétaire à travers les yeux de laquelle nous suivrons les événements), tout comme deux fils de narration parallèles (le professeur et le garçon de la Jeunesse hitlérienne), détournent pas toujours adroitement l'attention du personnage central. Cette intrusion assez dérangeante des bons sentiments et de la survie de l'espoir malgré tout (à travers l'honneur, la fidélité, l'engagement) enlève une part importante du potentiel déprimant, sans compromis, de l'oeuvre.
A l'autre côté du spectre, l'interprétation de Hitler et du noyau dur de ses proches (la famille Goebbels, Eva Braun) balance un peu trop entre une tentative de compréhension et la condamnation sans appel. Il n'est alors jamais très clair si le plus grand assassin du XXème siècle est seulement un fanatique dépité, un idéaliste qui rêve toujours à l'accomplissement de son projet, ou un fou, accablé d'une paranoïa et d'un cynisme sans borne. A l'entendre proférer certains idéologies (comme sur la compassion, par exemple), Hitler, tel que le voient Hirschbiegel et Eichinger, et son raisonnement deviennent presque compréhensibles, quoique dépourvus de toute humanité. Ce début d'explication représente par contre en même temps le piège de l'attachement à un individu méprisable. L'interprétation énergique de Bruno Ganz, inquiétant et piteux, est alors pour beaucoup dans ce dilemme d'appréciation.

Vu le 6 janvier 2005, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 23, en VO

Note de Tootpadu: