Arabesque

Arabesque
Titre original:Arabesque
Réalisateur:Stanley Donen
Sortie:Cinéma
Durée:105 minutes
Date:05 juin 1966
Note:
Un riche industriel arabe a acquis, de façon fort illégale, un petit papier avec des hiéroglyphes. Il invite, de manière tout aussi musclée, le professeur David Pollock de déchiffrer pour lui le message secret qu'il contient. D'abord hésitant, Pollock accepte après une rencontre avec un haut fonctionnaire arabe qui le prie de récolter des informations essentielles sur l'homme d'affaires. Les choses se compliquent, lorsque Pollock fait la connaissance de Yasmin, une femme élégante et mystérieuse, qui semble mener un double jeu.

Critique de Tootpadu

Les années 1960 ont été propices aux films d'espionnage en tout genre. Le berceau des aventures de James Bond - l'épitome de l'espion -, elles ont profité d'un contexte international tendu pour mettre en scène des péripéties rocambolesques, truffées de méchants de tous bords. Cette référence aux événements réels se retrouve dans cette comédie assez plaisante, notamment dans le revirement final, mais également dans ses sous-entendus d'un complot entre des intérêts financiers peu scrupuleux. Toutefois, la prise en compte du climat politique n'est pas la seule façon d'attacher le film à son époque. En dehors des costumes et de quelques accessoires agréablement datés, c'est le style visuel obturé qui date, plutôt péniblement, l'oeuvre.
Le ton est donné dès le générique, qui s'éternise dans toutes sortes de formes inspirées par le titre. Tout au long du film, le réalisateur essaie de perpétuer le symbole de l'arabesque, à travers des perspectives recherchées, voire incongrues, et des constructions de plan qui relèvent davantage du gadget que de l'utilité narrative. Boucher le cadre ou déformer la perception optique par des effets devient alors presque la préoccupation préférée de Stanley Donen, jusqu'à la négligence en termes de rythme. Pour un film avec autant de revirements et de scènes d'action, Arabesque paraît en effet un peu longuet et répétitif, en tout cas pour nous, qui l'avions déjà vu plusieurs fois auparavant. La mise en scène ne réussit d'ailleurs jamais à attribuer au film un style et une structure propres, restant constamment tributaire d'oeuvres plus abouties. Quelques plans rappellent ainsi fortement le travail plus consistant d'Alfred Hitchcock. Pas beaucoup plus qu'un pastiche sympathique, cette suite indirecte à Charade n'atteint pas non plus le charme pétillant de son prédécesseur.
L'humour, qui est censé alléger le déroulement de l'intrigue, comporte à son tour quelques défauts mineurs. Avant tout, il paraît bien trop forcé pour distraire, souvent attaché au personnage principal, un professeur d'université improbable sous les traits de Gregory Peck. Certes, notre admiration pour l'acteur est considérable, mais son talent comique n'a jamais été son fort, avec comme preuve à la clef cette interprétation artificielle et peu crédible. Heureusement qu'il nous reste la sublime Sophia Loren, une comédienne bien moins douée, mais d'une beauté et d'une élégance qui n'a plus d'égal de nos jours. Rien que de la voir se pavaner dans sa salle de bain ou sur son lit dédommage amplement pour le trait forcé du reste de cette parodie de films d'espion.

Revu le 20 décembre 2004, au Mac Mahon, en VO

Note de Tootpadu: