Holy Lola

Holy Lola
Titre original:Holy Lola
Réalisateur:Bertrand Tavernier
Sortie:Cinéma
Durée:130 minutes
Date:24 novembre 2004
Note:
Un couple de Français, Pierre et Géraldine, débarque au Cambodge afin d'y adopter un nourrisson. Incapables d'avoir des enfants, les deux ont réuni tous les papiers français nécessaires et une somme d'argent conséquente pour repartir avec un enfant dans leurs bras quelques semaines plus tard. Mais une fois sur place, ils doivent se rendre à l'évidence, que l'adoption au Cambodge n'est pas chose facile, compliquée par la concurrence des Américains et la lourdeur de la bureaucratie, une expérience qu'ils partageront avec plusieurs autres futurs parents dans leur hôtel.

Critique de Tootpadu

Toujours à la pointe de l'actualité, Bertrand Tavernier s'attaque avec son nouveau film à la question brûlante de l'adoption dans des pays exotiques. Après l'enseignement dans Ca commence aujourd'hui, ce sujet démontre une fois de plus l'engagement du cinéaste, si ce n'est un opportunisme larvé qui se limite à un état des lieux consensuel à défaut de prendre réellement parti. Car la plus grande faiblesse du film, autrement plutôt convaincant, est de ne pas nous réserver la moindre surprise, de couvrir à peu près toutes les bases du thème et de tout ce qui s'y rapporte. Le parcours de combattant des deux protagonistes dispose alors de tous les aspects d'un cas exemplaire, avec les espoirs déçus, les joies inespérées et les démarches interminables. Bertrand Tavernier ne se laisse en outre pas prier d'illustrer tous les clichés caractéristiques du Cambodge, que ce soit la dictature de la terreur, l'héritage pénible des mines, ou les ravages du SIDA. Sa manière de nous les conter est, certes, plutôt attachante et équilibrée, mais il n'en reste pas moins que cette volonté d'aborder tous les point stérilise l'ensemble.
En effet, avec toutes les larmes que la pauvre Isabelle Carré aura à verser, l'impact émotionnel reste mesuré, jamais capable de nous provoquer, voire de forcer, une larme à nous. Bridés par la structure prévisible, tous les états d'âme du couple ne sont ainsi que des passages obligés d'une démarche difficile. Le ton du film est évidemment intelligent et éclairé - peut-être même trop pour son propre bien - mais ce recul ludique, qui cherche à trop faire, sans brusquer personne, enlève tout mordant et toute charge émotionnelle et militante.
Enfin, l'interprétation est en général satisfaisante, même si la nudité récurrente d'Isabelle Carré crée une distraction pas toujours utile. La révélation du film est Lara Guirao qui donne à son rôle de femme seule une profondeur inattendue.

Vu le 20 décembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 15

Note de Tootpadu: