Mon voisin Totoro

Mon voisin Totoro
Titre original:Mon voisin Totoro
Réalisateur:Hayao Miyazaki
Sortie:Cinéma
Durée:86 minutes
Date:08 décembre 1999
Note:
Alors que leur mère est à l'hôpital, les jeunes filles Mei et Satsuki s'installent avec leur père dans leur nouvelle maison. Située dans un petit village dominé par un immense arbre, celle-ci paraît hantée par toute sorte de petits monstres. Mais les enfants s'en réjouissent plutôt et cachent leur peur. De toute façon, ils ne sont pas encore arrivés au bout de leurs découvertes, puisque l'arbre voisin semble habité par d'étranges créatures.

Critique de Tootpadu

L'engouement du public français pour les films d'animation de Hayao Miyazaki s'est développé, bien tardivement, vers le milieu des années 1990. Après Porco Rosso, celui-ci était le deuxième à sortir en France, toujours avec un retard considérable, mais confirmant l'appréciation du maître japonais qui ne s'est pas démentie en jusqu'à présent six oeuvres sorties sur notre territoire. Impossible en effet, de ne pas être reconnaissant de pouvoir découvrir petit à petit, et dans le désordre, la filmographie d'un des plus grands réalisateurs d'animation. Avec ce troisième film que nous voyons de lui, une facette de son travail, plus accessible aux enfants, se révèle. Ce qui ne contredit en rien le fait que la salle bondée était entièrement peuplée d'adultes. Comme quoi, la poésie de Miyazaki enchante tout le monde, à tout âge.
Le côté fantastique du film est certes moins grandiose et plus à la portée des enfants, même tout petits, que dans Le Voyage de Chihiro ou Le Château dans le ciel, mais son pouvoir reste intact, avec un peu de magie en moins et beaucoup d'humour en plus. Entièrement pacifiques, les êtres surnaturels ne constituent aucune menace pour les enfants et ils opèrent, au contraire, comme des camarades ou des sauveurs. Faute de communication verbale, leurs échanges avec les enfants passent par un niveau plus instinctif, valorisant la magie et des rapports naturels au corps modulable. De même, leur forme sommaire et simple leur confère un aspect indéniable de jouet. Mille pistes d'interprétation et de lecture en effet pour un sujet qui a été récemment traité avec bien plus de platitude par un réalisateur américain (en l'occurence Robert Zemeckis et son Pôle Express médiocre).
Enfin, la vraie raison pour laquelle en raffole des films de Hayao Miyazaki est une question de respect. D'abord, le cinéaste semble profondément respecter son public, en gardant sa vision personnelle et en enchantant simultanément l'imagination de chaque spectateur par ses histoires magnifiques. Toutefois, ses récits ne se livrent jamais à de l'esbroufe prétentieuse, ni à des structures trop convenues et prévisibles. Non, le réalisateur sait exactement jusqu'à quel point faire passer son message de la tolérance, de l'espoir et de la curiosité. Alors que d'autres cinématographies surchargent par principe la mesure, espérant être efficaces bien que leur approche sonne fausse dès le départ (suivez mon regard vers le formatage américain), Hayao Miyazaki a trouvé jusqu'à présent le ton juste pour créer l'impression d'une préoccupation sincère. En effet, nous sommes d'autant plus prêts à nous laisser enchanter par ses histoires, qu'il ne paraît pas vendu aux exigences commerciales qui paralysent le cinéma d'animation américain. Tout comme Les Indestructibles, par exemple, se présente en tant que reflet plus ou moins intéressé d'une société gouvernée par la consommation - car rien que pour y repérer toutes les références à la culture et au cinéma populaires, il faut en avoir ingurgité passablement auparavant -, le monde de Totoro fait la promotion d'un monde bien plus simple, mais loin d'être simpliste pour autant. Le drame n'y surgit en fait pas par des méchants caricaturaux - qui sont très habilement remplacés par des fantômes positifs -, mais par les aléas ordinaires de la vie (la maladie de la mère). C'est aussi cela, le respect de la logique vitale, de créer un monde imaginaire paisible qui permet de s'échapper de la morosité de la réalité.

Vu le 16 décembre 2004, au Gaumont Gobelins Fauvette, Salle 6, en VO

Note de Tootpadu: