Ennemi naturel (L')

Ennemi naturel (L')
Titre original:Ennemi naturel (L')
Réalisateur:Pierre Erwan Guillaume
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:08 décembre 2004
Note:
Le corps d'un adolescent est trouvé sur la plage bretonne. Le jeune lieutenant Luhel arrive de la ville pour élucider ce décès suspect. Au cours de son enquête, il rencontre Serge Tanguy, le père de la victime, un homme dépendant du sexe qui accumule les relations charnelles. Perturbé, voire attiré par lui, le jeune policier s'acharne pour prouver sa culpabilité dans ce qui semble être un infanticide. Mais à travers ses méthodes peu orthodoxes, il se met tout le village à dos, en plus des problèmes de couple avec sa femme.

Critique de Tootpadu

Une rencontre improbable entre les deux acteurs principaux des deux premiers films de Laurent Cantet (respectivement Jalil Lespert/Ressources humaines et Aurélien Recoing/L'Emploi du temps) est au coeur de cette histoire du trouble de l'identité sexuelle d'un jeune adulte. Toujours aussi justes, les deux comédiens ont pourtant du mal à réellement faire vivre un scénario trop vague et incertain, plus attaché à la routine quotidienne et au doute, qu'à la sensualité et à l'affirmation. Faire un film militant gay n'était sans doute pas l'ambition du réalisateur pour son premier long-métrage, mais justement l'aspect charnel de l'intrigue ne dépasse jamais le stade du malaise, probablement volontaire. On ne trouve donc rien ici de la sensualité enjouée d'un Alain Guiraudie, par exemple. Juste des gestes et de la nudité étranges et dérangeants, qui fonctionnent plus comme symbole du doute du protagoniste que comme énergie érotique.
Mais même cette incertitude psychologique n'arrive pas à dissiper le caractère assez moyen de l'ensemble. L'acte criminel qui était censé servir comme justification à la présence du citadin n'acquiert jamais assez d'importance pour intriguer. Et la réduction aux seules pulsions sexuelles de l'enquête ne sonne pas toujours juste, comme si le courage ou la force de décision étaient absents pour opter soit pour le côté policier, soit pour la découverte d'une attirance homosexuelle. En restant assis entre ces deux chaises, le film ne creuse jamais en profondeur là où il y en avait sans doute matière à le faire.
Comme lot de consolation, on aura au moins eu l'occasion d'admirer les deux acteurs dans le plus simple appareil, une expérience tout à fait plus choquante, face aux attributs d'Aurélien Recoing, que cette histoire peu aboutie et trop fade pour séduire.

Vu le 9 décembre 2004, au Gaumont Opéra Français, Salle 4

Note de Tootpadu: