Whisky

Whisky
Titre original:Whisky
Réalisateur:Juan Pablo Rebella, Pablo Stoll
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:17 novembre 2004
Note:
Le vieux M. Köller gère une petite usine de chaussettes, en Uruguay. Entouré de sa fidèle assistante Marta et de deux employées, il mène une vie tranquille, rythmée par les mêmes petits rituels quotidiens. Un an après la mort de sa mère, la dalle mortuaire va être installée, une cérémonie pour laquelle, Herman, son frère va venir du Brésil. Pour faire croire à ce dernier qu'il est marié, le vieil Köller demande à Marta de se faire passer pour sa femme, le temps du séjour. Mais Herman est tellement ravi de revoir son frère qu'il invite le couple de circonstance dans une station balnéaire.

Critique de Tootpadu

Il suffit de quelques observations pertinentes et de quelques situations légèrement incongrues pour créer un humour fortement caustique dans cette petite comédie, venue d'un petit pays. Les rares altérations dans le rituel monotone de l'arrivée à l'usine le matin, évoquée imperturbablement par la même suite de plans, dévoilent ainsi le doux changement de la relation entre le patron et son employée, fidèle au poste. De même le jeux enfantin autour du placement des lits et les maladresses pour coucher à distance convenable traduisent mieux l'état de ce couple improvisé que des tas de répliques. Les réalisateurs/scénaristes se bornent en effet à suggérer les choses, à laisser sous-entendre certains éléments cruciaux (la relation bien plus chaleureuse entre Marta et Herman), afin de donner à l'ensemble un air agréablement incertain, qui culmine dans cette fin ouverte formidable. Autant l'humour très fin naît de péripéties anodines, autant le sens du film se retrouve entre les séquences, puisque celles-ci marquent uniquement des stations sur la lente décomposition de la relation serviable du monde professionnel.
Tandis que l'acteur du vieux Köller s'enferme un peu trop dans des grimaces grincheuses, Mirella Pascual dans le rôle de Marta crée le portrait saisissant d'une femme très ordinaire. Toujours avec les mêmes formules de politesse à la bouche, au début entièrement soumise à son patron qu'elle épaule sans réserve, tirant son seul bonheur d'une musique ringarde qu'elle écoute dans le bus, en attendant l'arrivée de Köller ou avec laquelle elle torture ses collègues, et enfin, ayant comme seul point distinctif le talent, entretenu depuis l'enfance, de dire les mots à l'envers : décidément, cette femme est la médiocrité en personne. Et pourtant, le temps d'un court séjour au bord de la mer, elle revit et même, elle trouve la force de casser le rythme monotone de sa vie. Pour quoi faire ? Libre à nous de l'imaginer, tellement le scénario nous laisse le maître incontesté des points sublimement blancs de cette histoire à l'ironie bien dosée.

Vu le 6 décembre 2004, au MK2 Bibliothèque, Salle 8, en VO

Note de Tootpadu: