Jeanne et le garçon formidable

Jeanne et le garçon formidable
Titre original:Jeanne et le garçon formidable
Réalisateur:Olivier Ducastel, Jacques Martineau
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:22 avril 1998
Note:
Jeanne est une fille insouciante et joyeuse qui gagne sa vie comme hôtesse d'accueil chez Jet Tours. Elle cherche toujours l'homme de sa vie, mais en attendant, elle couche avec tous les hommes qui lui plaisent. Jusqu'au jour où elle rencontre Olivier dans le métro et le coup de foudre se produit. Lorsque son nouvel amant lui révèle sa maladie, le SIDA, Jeanne a peur de perdre cet amour apparemment si parfait.

Critique de Tootpadu

L'année 1998 a certainement été riche en premiers films prometteurs. En dehors de celui-ci, rien que la liste des cinq nominés aux Césars comporte des oeuvres aussi diverses et intrigantes que La Vie rêvée des anges d'Erick Zonca, Dieu seul me voit de Bruno Podalydès et L'Arrière pays de Jacques Nolot. Alors que l'on n'entend plus tellement parler du premier, que le deuxième s'est trouvé une niche confortable avec des adaptations grand public de romans policiers et que le dernier persévère dans son cinéma touchant d'une certaine marginalité, le tandem de co-réalisateurs du film présent a depuis changé le fusil d'épaule, en quelque sorte. La préoccupation majeure du film (le SIDA) a ainsi été remplacée, dans les deux oeuvres suivantes, par un regard attendrissant sur l'homosexualité en province, loin du fracas de la scène parisienne. Il n'y a évidemment rien à redire à cet engagement doucement militant, et encore moins en vue d'une cinématographie gaie en constant combat de survie. Toutefois, dans cette troisième décennie du fléau, le SIDA est presque entièrement absent des écrans, à quelques documentaires bouleversants (A.B.C. Africa) et quelques personnages de circonstance (The Hours et In America) près. Être le cinéaste d'une seule thématique n'a pas beaucoup de mérite, mais après une approche aussi efficace ici, l'abandon presque complet du sujet par Ducastel & Martineau déçoit tout de même un peu. Au moment où le souvenir du personnage principal séropo de Drôle de Félix s'estompe, cette comédie parfois triste nous rappelle à quel point la prévention peut être ludique et sensible. En attendant le nouveau film du couple, Crustacés et coquillages, au printemps prochain ...
Plus qu'un petit air de Demy, c'est carrément l'hommage sans complexes qu'ont visé les deux réalisateurs pour leur premier film. Avec le fils du père de la comédie musicale à la française comme mascotte et comme interprète masculin principal, ils se sont assuré toute la bienveillance du genre et de nous, spectateurs nostalgiques, éblouis de trouver une descendance cinématographique quinze ans après le dernier chef-d'oeuvre de Demy. Un véritable hymne à l'exubérance de la collaboration entre Demy et Legrand, et une déclaration d'amour au nord de la capitale, le film est une source intarissable de bonheur, avec quelques gouttes de détresse qui se transforme, comme par miracle, en sagesse (la fin). Virginie Ledoyen y est rayonnante et une digne soeur aînée du personnage semblable de Marie Gillain dans Tout le plaisir est pour moi.
Même si la partition musicale n'a pas la force entrainante des meilleures mélodies de Legrand - bien qu'elle soit plus ouverte à des influences d'autres cultures -, même si les couleurs criardes en rajoutent parfois un peu trop, cette comédie musicale est une pure merveille, la symbiose presque parfaite entre le rêve du cinéma et la dureté de la vie.

Vu le 5 décembre 2004, au MK2 Gambetta, Salle 5

Note de Tootpadu: