A la recherche de la Panthère rose

A la recherche de la Panthère rose
Titre original:A la recherche de la Panthère rose
Réalisateur:Blake Edwards
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:02 février 1983
Note:
Le diamant "la Panthère rose" est dérobé dans le petit pays arabe de Lugash. Le célèbre inspecteur Clouseau doit se joindre à l'enquête, mais son avion disparait en mer. La journaliste de télévison Marie Jouvet se met alors à la recherche de la mémoire de ce policier à la réputation exemplaire, en interrogeant ses collègues, ses amis et ses adversaires.

Critique de Tootpadu

Pour rendre hommage à Peter Sellers, après sa biographie filmique plutôt médiocre, on aurait aimé un film bien moins opportuniste et bien plus accompli. D'une ambition commerciale écoeurante, cette dernière suite de la célèbre série, avec l'acteur qui lui avait donné tout son sens et toute sa classe, cherche en effet en vain d'évoquer Sellers, décédé deux ans avant la sortie. Alors que les oeuvres assez maudites pour perdre un membre clé de leur distribution en cours de tournage nous inspirent autant de sympathie que de tristesse, cet exercice en exhumation inutile et vexante n'accomplit en rien sa seule raison d'être, à savoir dresser un monument filmique au talent du disparu. Il ne suffit donc pas de mettre une sorte d'épitaphe au début, en dédiant le film à Sellers, le seul et unique Clouseau, si, par la suite, tout est mis en oeuvre pour salir sa mémoire.
Malgré tout, les quelques séquences avec Sellers, issues de prises inutilisées lors d'un film précédent, gardent un peu de leur charme et de leur folie rocambolesque. Le slapstick, dans lequel le réalisateur Blake Edwards avait tant excellé dans son autre oeuvre de la même année, l'immense Victor/Victoria, donne droit à quelques moments d'allégresse. Mais l'agencement très laborieux laisse un arrière-goût forcément insatisfaisant. Le même phénomène devient encore plus douloureux, lorsque quelques souvenirs sont évoqués au moment des entretiens, ou de façon encore plus révérencieuse pendant le générique de fin. Décidément, la série des "Panthère rose" s'est définitivement éteinte avec la disparition prématurée de Sellers, et il est dommage que Blake Edwards n'était pas assez clairvoyant ou trop corruptible pour s'en rendre compte.
En effet, la deuxième moitié du film, une fois que Clouseau ne prend plus un rôle tant soit peu actif, relève toutes les tares possibles dans le travail d'Edwards. Répétitif, ennuyeux, même pas involontairement comique, forcé, il n'y a plus grand-chose qu'y fonctionne. Ceux qui faisaient auparavant la gloire du petit monde de Clouseau ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes (notamment David Niven, trop malade pour doubler son propre rôle, ce qui s'entend), et les scènes invraisemblables de mauvais goût, ou tout simplement mauvaises abondent (l'enlèvement de la journaliste, par exemple). Il n'est alors guère surprenant que le film se clôt sur une sorte d'annonce d'une suite supplémentaire, tournée pratiquement en même temps. Comme quoi, Blake Edwards ne pouvait pas se contenter de son succès artistique (Victor/Victoria et S.O.B.), et devait à tout prix battre le cheval de l'inspecteur à mort, quitte à souiller la mémoire de Sellers et sa propre contribution au genre comique.

Vu le 2 décembre 2004, à la Pagode, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: