Grand voyage (Le)

Grand voyage (Le)
Titre original:Grand voyage (Le)
Réalisateur:Ismael Ferroukhi
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:24 novembre 2004
Note:
Au début, le jeune Réda devait juste aider son frère aîné à réparer la voiture avec laquelle celui-ci était censé conduire leur père pour son pélérinage à la Mecque. Mais par malchance, c'est Réda qui devra accompagner le vieil homme. Au cours du long voyage, le fils, qui espérait au moins faire un peu de tourisme en route, et le père, qui veut accomplir son périple de la façon la plus pure possible, devront chacun faire des compromis pour en faire une expérience enrichissante.

Critique de Tootpadu

Pour quiconque n'a jamais entrepris un pélérinage, de quelque sorte que ce soit, certaines nuances dans ce beau film resteront sans doute obscures. L'enchaînement des jours de route, les campements de fortune, la joie de croiser de plus en plus de voyageurs au même but au fur et à mesure d'approcher de la destination, ces éléments intrinsèques de l'expérience se retrouvent tous évoqués ici. Et pourtant, l'aura paisible du film ne s'arrête pas à cela. Car en dépit d'une relation tendue entre le père et son fils, le cheminement géographique, humain et spirituel qu'ils entreprennent a tout d'un appel à la tolérance et à la découverte. Faute d'événements marquants qui perturberaient durablement le parcours, le comportement quotidien entre les deux hommes constitue le centre nerveux du film. Les schémas de comportement qui régissaient leur vie à la maison se décomposent doucement, jusqu'à permettre au vieillard d'exprimer sa reconnaissance envers son fils, et à celui-ci de mieux comprendre une génération avec laquelle il croyait la communication impossible.
Outre l'évocation sans exotisme d'un nombre important de pays et d'environnements différents, c'est une fois de plus, après le magnifique Le Clan, la prestation de Nicolas Cazalé qui sidère. Tiraillé entre sa vie occidentale, symbolisée par sa copine française de plus en plus loin, et ses origines arabes, dont il ne pratique ni la religion ni la langue, le jeune homme auquel il prête ses traits est un exemple pauvre en clichés d'une génération en mal d'intégration. A travers la mise en scène fine et intelligente, ce premier film remarquable montre une voie pleine d'espoir et de compréhension aux interrogations de la jeunesse et aux craintes de leurs aînés.
Généralement respectueux envers la religion, le scénario évoque avec un peu trop d'insistance des troupeaux de moutons pour ne pas y soupçonner un lien curieux. Mais là encore, il ne s'agit que d'une supposition que la mise en scène, probablement un peu trop neutre, ne s'efforce guère de clarifier.

Vu le 30 novembre 2004, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 5

Note de Tootpadu: